La CIDH condamne fermement les attaques et les assassinats contre des personnes, des autorités et des membres de la garde indigène en Colombie
Publié le 14 Novembre 2019
Washington, D.C. - La Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme (CIDH) condamne fermement les attaques et les assassinats commis contre des personnes, des autorités et des membres de la Garde indigène, ainsi que l'augmentation de la violence dans le département du Cauca, en Colombie.
Selon des informations publiques, le dimanche 3 novembre, deux hommes armés ont tiré sur le dirigeant autochtone Jesús Mestizo alors qu'il quittait son domicile dans la municipalité de Toribío, département du Cauca. La même nuit, Toribío Alexander Vitonas Casamachin a également été assassiné par des hommes armés.
La Commission a également été informée de l'assassinat de Cristina Bautista, une autorité de la communauté Nasa, et des gardes José Gerardo Soto, James Wilfredo Soto, Eliodoro Uniscue et Asdruval Cayapu, après avoir été pris en embuscade par un groupe de personnes inconnues le 29 octobre dans cette même municipalité. Matías Montaño Noscué, José Norman Montano Noscué, Crescencio Peteche Mensa, Dora Rut Mesa Peteche, Rogelio Tasquinas et Alver Cayapú ont également été blessés lors de cette attaque. Ces attaques s'ajoutent à l'escalade de la violence contre les communautés et les gardes indigènes dans le département du Cauca enregistrée ces derniers mois.A cet égard, au cours du mois de juillet, la Commission a été informée de l'attaque perpétrée contre quatre membres de la Garde indigène Kiwe Thegnas.
De même, en août 2019, la Commission a appris l'assassinat de Gersaín Yatacué, Kevin Mestizo, Eugenio Tenorio et Julio Taquinás, gardes indigènes du peuple Nasa et membres du ConseilRégional Indigène du Cauca (CRIC), qui ont été arrêtés et attaqués par des hommes armés.
"J'exprime notre solidarité avec les familles des personnes tuées et blessées. Il s'agit là d'événements graves, compte tenu en particulier de leur impact sur les droits des peuples et communautés autochtones. Le rôle important des gardes indigènes dans la défense de leur droit à la vie, au territoire et à la cosmovision doit être souligné", a souligné la Commissaire Antonia Urrejola, Rapporteuse sur les droits des peuples autochtones.
A cet égard, la CIDH souligne que l'État doit continuer à enquêter sur ces crimes. Ces enquêtes doivent être menées de manière sérieuse, rapide, approfondie, indépendante et impartiale, et les responsables intellectuels et matériels doivent être punis. En particulier, l'État devrait intégrer une approche ethno-raciale différenciée dans les enquêtes, les poursuites, les sanctions et la réparation de ces crimes.
La Commission a également été informée de l'assassinat de quatre autres personnes dans le village de Santa Elena, municipalité de Corinto, département du Cauca. Les assassinats auraient été commis par un groupe d'hommes armés qui se seraient ensuite enfuis dans la zone montagneuse de la région. D'après des informations publiques, des membres de l'organe technique d'enquête du Bureau du Procureur et d'autres autorités se seraient rendus dans la région pour identifier les victimes. La CIDH exhorte l'État à enquêter rapidement, objectivement et impartialement, dans le respect des normes relatives aux droits humains.
La Commission note que le Président de la République de Colombie a condamné les assassinats récents et prend note de l'instruction donnée de créer un Comité spécial des droits de l'homme avec le gouvernorat du Cauca et les organisations autochtones. La Commission prend également note des mesures annoncées par le gouvernement pour faire face à la situation dans le Cauca, et en particulier de l'accélération du plan d'investissement social pour le Cauca, confié au Haut Commissaire pour la paix.
A cet égard, la Commission prie instamment l'État de tenir compte de la jurisprudence de la Cour interaméricaine des droits de l'homme, selon laquelle les États devraient limiter autant que possible le recours aux forces armées pour le contrôle des troubles internes, car la formation qu'ils reçoivent vise à vaincre l'ennemi, et non à protéger et contrôler les civils, formation qui est propre aux entités de police.
Enfin, la CIDH exhorte l'État à adopter immédiatement toutes les mesures nécessaires pour garantir le droit à la vie, à l'intégrité et à la sécurité des habitants du Cauca par le biais des institutions chargées de la sécurité des citoyens, et en particulier de celles qui composent le peuple autochtone, conformément à la décision T-030 de la Cour constitutionnelle de Colombie.
La CIDH est un organe principal et autonome de l'Organisation des États américains (OEA), dont le mandat découle de la Charte de l'OEA et de la Convention américaine des droits de l'homme. La Commission interaméricaine a pour mandat de promouvoir le respect et la défense des droits de l'homme dans la région et fait office d'organe consultatif auprès de l'OEA dans ce domaine. La CIDH est composée de sept membres indépendants qui sont élus par l'Assemblée générale de l'OEA à titre personnel et qui ne représentent pas leur pays d'origine ou de résidence.
N° 292/19
traduction carolita d'un article paru sur le site du CRIC le 12 novembre 2019