Chili : Piñera a annoncé un paquet de mesures pour redoubler la répression
Publié le 9 Novembre 2019
8 novembre 2019
Le gouvernement a présenté des projets de loi dans le seul but de renforcer l'action des forces de sécurité contre les gens qui sortent dans la rue pour protester.
Par les éditeurs de La Tinta
Le président chilien Sebastián Piñera semble concevoir le pays qu'il gouverne comme un bloc fermé, où les forces militaires et policières sont la loi, et une petite élite jouit ouvertement de l'exploitation de l'homme par l'homme. Piñera, un dirigeant qui ressemble parfois à un personnage halluciné dans un récit de science-fiction dystopique, a clairement indiqué hier que la "solution" aux problèmes de la nation est la force brute des corps répressifs sous son commandement.
Confronté à vingt jours de protestations massives dans tout le Chili - un événement historique sans précédent dans un pays qui ne peut toujours pas se débarrasser du patrimoine culturel et idéologique injecté de sang et de feu par le régime du dictateur Augusto Pinochet - le président et son ministre de l'Intérieur, Gonzalo Blumel, ont fait cette annonce, et son sous-secrétaire du même portefeuille, Rodrigo Ubilla, un agenda législatif sur la sécurité et l'ordre public qui, traduit en langage clair, forme un paquet de mesures pour criminaliser la protestation, durcir la répression et montrer que sa politique administrative va continuer loin des exigences des habitants.
Dans un pays où l'inégalité sociale est une règle générale et où les mobilisations se multiplient pour dénoncer la pauvreté et où l'on réclame un changement profond du modèle économique qui a régné depuis la dictature (1973-1990), Piñera a présenté dix mesures qui en les nommant donnent une idée de sa conception pour résoudre une "crise" : l'impulsion des lois anti-saccage, anti-cagoulés et anti-barricades. A cela s'ajoute la création d'une équipe spéciale d'avocats pour le portefeuille de l'Intérieur qui se consacrent, comme l'a déclaré le président, à "déposer des plaintes pénales et collaborer au traitement des affaires pénales" et "identifier les responsables, les traduire en justice et les punir comme ils le méritent".
Le gouvernement a également annoncé la création d'une équipe spéciale de la police et du bureau du procureur général, qui " permet un meilleur travail de renseignement policier préventif et d'enquête " dans le but " d'anticiper les actes criminels."
Dans un pays traversé par la faim dans les bidonvilles, Piñera a assuré que la "capacité de la police aérienne" sera augmentée, ce qui implique un budget plus important pour les Carabineros, la principale force chargée de déployer la répression au Chili et dénoncée au niveau international pour ses violations des droits humains. Avec une politique mêlant terreur et complicité, l'exécutif a proposé de renforcer, par l'intermédiaire des forces de sécurité, " la possibilité et la capacité des citoyens de porter plainte et de fournir des informations utiles pour la poursuite pénale des délinquants ou des violents ". Les trois dernières mesures visent à protéger et à moderniser la police et à actualiser les mécanismes technologiques des services de renseignement.
Jeudi, Piñera a dirigé une réunion du Conseil de sécurité nationale (COSENA), un organe qui n'avait pas été convoqué depuis 2014, sous son premier gouvernement. Ont assisté à la réunion du Conseil de sécurité les chefs du Sénat, de la Chambre des députés et de la Cour suprême, les chefs des forces armées et des carabiniers, le Contrôleur général et les ministres de l'intérieur et de la défense.
À la fin de la réunion, le ministre Blumel a demandé au pouvoir législatif d'accélérer autant que possible le traitement des projets de loi annoncés par le président, et au pouvoir judiciaire de faire preuve de plus de diligence dans le traitement de la justice. Selon le fonctionnaire, au cours de la réunion, le renforcement et la coordination des services de police ont été discutés, et les forces armées n'ont été invitées à coopérer qu'à des tâches de renseignement.
Le président du Sénat, Jaime Quintana, a qualifié la réunion du COSENA d'"inutile et improductive". Le sénateur a déclaré à la presse qu'il a dit à Piñera qu'"il n'y a pas de conditions pour revenir aux états d'exception, qui ont finalement apporté plus de violence" dans le pays.
De nouvelles manifestations sont attendues ce vendredi dans tout le pays, mais surtout dans la capitale Santiago, et des centaines de milliers de personnes descendront dans la rue pour exiger une assemblée constituante pour refonder le pays. Au cours de ces trois semaines de mobilisations, les manifestants ont clairement exprimé leur rejet de l'un des systèmes économiques et sociaux les plus injustes d'Amérique latine, où les services publics, l'éducation et la santé sont totalement privatisés.
*Par les rédacteurs La Tinta
traduction carolita d'un article paru sur la Tinta.com le 8 novembre 2019
/https%3A%2F%2Flatinta.com.ar%2Fwp-content%2Fuploads%2F2019%2F11%2FChile-Carabineros-represion-en-la-calle-la-tinta.jpg%23width%3D900%26height%3D506)
Chile: Piñera anunció un paquete de medidas para redoblar la represión | La tinta
Por Redacción La tinta El presidente chileno Sebastián Piñera pareciera que concibe el país que gobierna como un bloque cerrado, donde las fuerzas militares y policiales son la ley, y una peque...