Nouvelle dénonciation : Violations des droits fondamentaux des peuples autochtones à la frontière colombienne
Publié le 7 Octobre 2019
- Situation des peuples Amorúa, Sáliba et Sikuani à Puerto Carreño, Vichada.
Le Département des droits des peuples autochtones, des droits de l'homme et de la paix de l'Organisation Nationale Indigène de Colombie -ONIC -, RÉAFFIRME la dénonciation faite le 30 juillet 2019, par laquelle nous avons exigé des actions concrètes, avec une approche autochtone et CONCERTÉE pour faire face aux graves violations des droits fondamentaux et droits humains des peuples autochtones à la frontière, notamment le traitement illicite accordé par les entités locales du département de Vichada et les graves omissions du gouvernement national, notamment le Ministère de l'intérieur et le Ministère des affaires étrangères. En particulier, mais pas exclusivement en raison des événements qui se produisent à la décharge sanitaire d'El Merey, dans la capitale du département de Vichada.
Nous dénonçons le fait qu'après l'alerte rapide lancée par la déléguée indigène du Bureau du médiateur en juillet dernier, les autorités locales et nationales devraient se pencher sur la question.
En dépit de ce qui précède, l'ONIC a appris par des tiers que des réunions étaient prévues dans la ville de Puerto Carreño où ni la présence des autorités autochtones ni la participation des organisations locales n'étaient mentionnées : ASOCSIAM, ORPIBO, AUTIPC, CRIVI ou ONIC. Tout aussi inquiétant est le fait que la Défenseure du Peuple de Vichada n'ait pas été convoquée à la réunion, malgré la nécessité de les associer en tant que responsables du suivi de l'alerte précoce.
Cette situation montre que les autorités nationales et locales, en violation des droits des peuples autochtones et en particulier du droit d'être consultés, adoptent des mesures sans l'accord nécessaire.
Lors d'une réunion tenue le 3 septembre 2019 dans la ville de Puerto Carreño, des représentants de trois organisations, dont l'ONIC, ont participé à la réunion gouvernementale où les mesures étaient discutées. La demande générale était qu'il était nécessaire de rencontrer et de construire le chemin ensemble avec les peuples et les organisations pour éviter des actions dommageables, qui sont présentées en ignorant les caractéristiques de chaque peuple. En réponse à cette demande, M. RICARDO ARIAS MACÍAS, directeur des droits de l'homme au Ministère de l'intérieur, a appuyé la demande et demandé que nous soyons convoqués et impliqués dans le processus.
Malgré ce qui précède, nous avons appris qu'à la suite des notes journalistiques publiées entre hier et aujourd'hui, les entités cherchent à nouveau unilatéralement à adopter des mesures qui, nous le répétons, n'ont pas l'approche autochtone constitutionnellement obligatoire.
Cette situation va générer des actions dommageables, puisque les membres de l'ICBF se sont rendus à la décharge sanitaire pour adopter des mesures, néanmoins il est possible de dénoncer que les conditions de vulnérabilité et la nécessité de rétablir les droits, ne doivent pas être comprises comme la responsabilité des parents ni encore moins de séparer les foyers. La situation que nous vivons est une responsabilité conjointe de la situation que vit le Venezuela et de la violation systématique des droits dont l'État colombien est historiquement responsable.
La séparation des foyers ne constituerait pas une mesure de rétablissement des droits, mais plutôt une action néfaste tendant à saper l'unité et le soutien culturel dont les enfants indigènes ont besoin. Pour cette raison, nous dénonçons les violations possibles que l'ICBF pourrait causer si elle n'est pas d'accord sur les mesures.
A plusieurs reprises, de manière irresponsable et illégale, des fonctionnaires de la Direction des affaires ethniques du Ministère de l'intérieur se sont rendus dans les espaces situés à la frontière avec le Venezuela, où ils ont mal informé les membres des peuples indigènes à la frontière. Contrairement à la Convention 169 de l'OIT et à l'article 96 de la Constitution politique colombienne, ils trompent les peuples indigènes venant du côté vénézuélien de la frontière, leur refusant leur droit à la binationalité, au contraire, ils indiquent arbitrairement qu'ils sont juste un autre Vénézuélien. Cela, en plus de violer le droit à une nationalité spéciale des peuples indigènes à la frontière, viole le droit à l'autodétermination des peuples. Nous dénonçons le ministère de l'Intérieur et exigeons que les entités de contrôle telles que la procuratie et la Défenseure enquêtent sur les actions de ces fonctionnaires et prennent les mesures disciplinaires qui s'imposent.
Nous dénonçons que la politique de "retours et délocalisations" mise en œuvre dans les villes frontalières est ouvertement illégale, puisqu'elle n'a pas de base légale pour procéder, et en outre, dans une application analogue au droit des victimes (L1448 de 2011 et D 4633 de 2011), elle ne respecte pas les exigences de : Volontariat, Sécurité et dignité.
Ainsi, dans un acte aberrant et discriminatoire, le maire de Puerto Carreño s'est rendu à Volquetas avec les indigènes dans un acte clairement indigne, où il a exposé les gens au risque de subir un accident.
Ces mesures non seulement portent atteinte à la dignité des peuples indigènes en raison du traitement indigne qu'ils ont subi, mais elles témoignent également de la position raciste et discriminatoire des autorités locales, qui n'ont utilisé ces mesures que contre les peuples indigènes du Venezuela, mais pas contre les Vénézuéliens qui ne font pas partie de ce groupe ethnique.
Nous dénonçons le fait que, dans des occasions répétées et sous l'euphémisme du "retour", les indigènes des villes frontalières ont été expulsés du territoire national, ce qui implique un exil s'ils sont pris comme Colombiens ou, portant même le faux discours du gouvernement, ce serait une expulsion comme Vénézuéliens.
Ce que nous exigeons :
1. que les actions des différents fonctionnaires nationaux et locaux fassent l'objet d'une enquête disciplinaire et pénale conformément à ce qui précède.
2. Que les actions qui n'ont pas été concertées cessent immédiatement et qui produiront des actions dommageables.
3. Que les accords soient respectés et qu'ils soient liés aux organisations indigènes locales et nationales et au Bureau du Médiateur.
traduction carolita d'un article paru sur le site de l'ONIC le 1er octobre 2019