Droit de réponse, les peuples parlent - A la ceinture du Mexique - La résistance, L'isthme est à nous

Publié le 16 Octobre 2019

LA RÉSISTANCE. L'ISTHME EST A NOUS


Nous sommes en train de lutter pour gagner


En ce moment, il s'agit de nous unir, même si nous, les organisations, ne nous entendons pas très bien, car ce qui est en jeu, c'est notre existence en tant que peuples dans ce lieu géographique. Nous devons nous mettre d'accord et défendre notre territoire.

Nos politiques d'alliance doivent être plus larges et nous devons nous mettre d'accord sur la question de la défense territoriale. Et il y a aussi le travail que nous, les organismes, avons à faire avec les communautés : découvrir en quoi consiste ce projet et leur fournir l'information pour qu'elles puissent elles-mêmes analyser comment elles le voient et comment il affectera leur vie.

En défense, nous allons utiliser tous les moyens possibles, qu'il s'agisse d'actions juridiques, d'actions directes, de diffusion, de tout. Au niveau international, nous sommes liés au Congrès National Indigène. Il ne reste plus qu'à tisser un réseau de soutien et de solidarité, parce que ce qui se passe ici se passe aussi en Italie, en France, en Grèce, ailleurs, parce que c'est le capital qui veut nous saisir, nous et nos espaces vitaux.

Nous, les peuples indigènes, nous devons nous battre parce qu'après nous, il n'y a rien. Nous sommes le dernier bastion à passer, et s'ils passent, nous allons tous disparaître, il n'y en aura plus.

Nous sommes en train de lutter pour gagner. Le simple fait de commencer à se battre est déjà une défaite pour les autres parce qu'ils attendent que nous ne fassions rien. Nous voulons arrêter ces projets, construire d'autres formes de vie avec ce que nous avons, comme l'ont fait nos frères zapatistes, des gens qui ont assez dit et fait ce qu'ils voulaient et avec ce qu'ils avaient, de leur territoire, de leur savoir.

Je crois que nous pouvons le faire, mais c'est une tâche très forte, nous devons tous nous convaincre que nous pouvons le faire pour que l'on puisse s'unir, pour qu'ils voient qu'il est possible de créer, de construire une autre vie loin de ce capitalisme vorace qui tue tout.

On se bat pour la vie. Et ce n'est pas vivre pour le plaisir de vivre, mais vivre dans la dignité. C'est ce que nous voulons et c'est pourquoi nous continuons, c'est ce qui nous élève dans les moments où l'on se dit que cela ne peut pas continuer.

Bettina Cruz Velázquez
Assemblée des Peuples de l'Isthme pour la Défense de la Terre et du Territoire (APIITDTT)
Congrès National Indigène (CNI)
Juchitán, Oaxaca

 

Nous devons laisser nos enfants en sécurité


Nous continuerons à résister, qui sait combien de temps, jusqu'à ce que Dieu nous en empêche. C'est pour le bien de nos enfants, parce que le contrat dit que c'est pour 30 ans et qu'il est déjà signé. Nous devons assurer la sécurité de nos enfants.

Roberto Santiago Martínez
Représentant du Conseil des aînés
Álvaro Obregón, Oaxaca

 

L'isthme est à nous, pour qui l'est-il plus


Maintenant, nous devons continuer à nous défendre, à nous battre pour notre terre. Nous ne pouvons pas laisser tous ces problèmes à nos enfants et petits-enfants. Il faut continuer à défendre la terre, à l'aimer, à la préserver, à moins que le gouvernement ne veuille notre extermination, ce qu'il semble vouloir, parce qu'il nous impose des programmes qui n'ont rien à voir avec nous.

L'isthme nous appartient, à qui d'autre ?

 

Beatriz Gutiérrez
Organisation communautaire de Monapakuy
San Mateo del Mar, Oaxaca

 

Si le sang doit couler, pas moyen, nous n'avons pas d'autre moyen


Ce qui suit pour nous, c'est de résister. Nous allons nous déclarer en résistance. Si le sang doit couler, il n'y a pas d'autre moyen. Et si c'est pour ça qu'ils vont nous tuer, les morts n'auront que ce qu'ils veulent. Nous sommes ici, les peuples de la zone orientale de Los Chimalapas, et si cela parvient aux oreilles du Président de la République, alors il doit l'écouter et prendre les choses en main.

Domingo Jiménez Jiménez 
Communauté de Benito Juárez, municipalité de San Miguel Chimalapa, Oaxaca

 

Ils s'opposent à l'assemblée, à la culture, à la prise de décision horizontale


Dans la population de l'isthme de Tehuantepec, environ 800 mille habitants, en ajoutant les principales villes de Coatzacoalcos au sud de l'isthme, ont une certaine acceptation des politiques publiques actuelles par l'influence et la propagande des médias du gouvernement lui-même.

Dans les communautés indigènes de l'isthme c'est l'essence de la résistance. Il y a 50 communautés indigènes sur le tracé du chemin de fer et les conditions juridiques n'ont pas été examinées pour déterminer si la concession, l'accord ou leur consentement pour la réalisation du projet sont faisables ou non.
 

Ce qui suit est de rester dans les communautés, de renforcer les positions minoritaires. Face aux tentatives du gouvernement d'imposer ces mégaprojets, l'assemblée, la culture et la prise de décision horizontale sont opposées. D'autre part, ils veulent la majorité, la main levée, comme le président l'a fait à Juchitán pour justifier la réalisation de ce projet transisthmien.

Ce projet de l'Isthme s'oppose à la reconnaissance de la communauté agraire, au respect du droit à la propriété sociale de la terre, tant des ejidos que des communautés, pour la plupart indigènes, dans tout l'Isthme de Tehuantepec, car tout cela est contraire aux formes corporatives et capitalistes de privatisation des territoires et ressources naturelles.

Carlos Manzo
Assemblée des Communes de l'Union Hidalgo
Union Hidalgo, Ranchu Gubiña, Oaxaca

 

Nous devons diffuser largement et clairement les implications socio-environnementales de ce mégaprojet


Quelle est la prochaine étape ? Une lutte sociale intense. Oaxaca, et en particulier l'Isthme, a une longue histoire de lutte pour la défense des territoires et de la communalité. Des mobilisations intenses et continues qui se sont même armées. Nous devons diffuser largement et clairement les implications socio-environnementales de ce mégaprojet auprès de la majorité des communautés à travers l'isthme, et en même temps articuler des alliances plurielles entre communautés, mouvements sociaux, leaders historiques, leaders émergents (particulièrement les femmes et les jeunes), organisations de la société civile et universitaires, comme celle réalisée en 1996-1998 avec le mouvement original L'isthme est à nous.

C'est un grand défi que de faire réfléchir le peuple mexicain sur ce canal interocéanique sec, livré aux intérêts des multinationales. En plus d'être un prédateur de Mère Nature et un violeur des droits des peuples de l'Isthme, c'est une atteinte à la souveraineté nationale.

Miguel Ángel García Aguirre
Coordinateur régional du Comité National pour la Défense et la Conservation de Los Chimalapas et Coordinateur Général de l'association civile Maderas del Pueblo.
Los Chimalapas, Oaxaca

 

Nous sommes des peuples indigènes, nous sommes frères


En tant que peuple de Chimalapas, nous disons que nous donnons la possibilité à nos compatriotes indigènes Zapotèques, Mixes, Huaves. Ce sont eux qui seront les premiers touchés, puis nous. Si eux  disent non, nous les Zoques aussi. Nous sommes des peuples indigènes, nous sommes frères.

Noé Solano Pérez
Agent municipal de la zone orientale de Benito Juarez
San Miguel Chimalapa, Oaxaca

 

Ce ne sera pas facile parce qu'il y a des divisions dans les communautés


Il y a de la résistance, mais ce ne sera pas facile parce qu'il y a de la division dans les communautés à cause des programmes offerts. C'est le cas de Chimalapas, où le programme Crédito Ganadero a la Palabra a été offert. Ils l'ont donné à 17 producteurs et ils étaient au nombre de 500. Bon nombre des programmes sociaux n'arrivent pas et il y a beaucoup d'agitation.

Tous les programmes comme Procampo, qui est devenu ProAgro, ou Progan, ont disparu. Sembrando Vida n'est pas arrivé ici, mais si c'est le cas, ils vont détruire la forêt, comme ce fut le cas à Veracruz.

Il y a une tradition de résistance dans les communautés et nous espérons que les gens continueront à s'exprimer. C'est un processus très lent parce qu'il y a beaucoup d'obstacles, beaucoup de désinformation, mais à mesure que le projet arrive, les actions s'intensifient.

Carlos Beaz Torres
Coordinateur de l'Union des Communautés Indigènes de la Zone Nord de l'Isthme (UCIZONI)
Rincón Viejo, Santa María Petapa, Oaxaca

 

Nous devons étendre l'information et nous organiser


Nous sommes en train de renforcer l'information et de nouer des liens avec d'autres organisations et collectifs qui défendent l'environnement et l'eau. Nous devons étendre l'information et nous organiser. C'est ce qu'il nous reste à faire.

Daniel Cirilo López
Collectif Gulucheño pour la vie
Santo Domingo Zanatepec, Oaxaca

 

Il nous mettent à l'épreuve, mais nous savons aussi comment nous défendre


Si ces fierros s'approchent et qu'ils viennent nous achever, je ne pense pas qu'on se cache encore dans les coins. Nous sortons ensemble. Le gouvernement nous jauge, mais nous savons aussi comment nous défendre.

Maritza Ochoa Jarauta
Organisation communautaire de Monapakuy
San Mateo del Mar, Oaxaca

Traduction carolita du document Les peuples parlent de Gloria Muñoz Ramírez

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