La "question autochtone" et les droits originaires en Amérique
Publié le 11 Septembre 2019
Par Antonio Peña Jumpa*
9 septembre 2019 - Les 4 et 5 septembre 2019 s'est tenu à Iquique, au nord du Chili, le "VIe Congrès international de droit autochtone", organisé par l'Université de Tarapacá et la Corporation Nationale pour le Développement Indigène du Chili (Conadi).
C'était un événement très fréquenté, avec un public majoritairement andin, en particulier Aymara, dont l'expérience peut nous amener à réfléchir sur le présent et l'avenir des peuples autochtones d'Amérique.
L'événement a mis en évidence les conflits socio-environnementaux ou socioculturels comme une "question autochtone". Au Chili, comme au Pérou, il y a des centaines de ces conflits qui confrontent les droits des communautés ou des peuples autochtones aux intérêts des dirigeants de l'Etat et des entreprises capitalistes nationales ou transnationales.
Il s'agit de conflits non résolus ou partiellement résolus qui ont pour objet l'exploitation des ressources naturelles que l'on trouve sur le territoire des communautés ou des peuples autochtones.
Des communications intéressantes ont été présentées par des professeurs d'université cherchant à expliquer cette "question autochtone" à l'heure actuelle : le droit international des droits de l'homme se concentre sur le droit autochtone, l'analyse de l'efficacité des tribunaux environnementaux se concentre sur les revendications autochtones et des questions spécifiques telles que le génocide culturel, les droits territoriaux, la jurisprudence environnementale, la biodiversité autochtone, la justice communautaire et les consultations préalables sur les décisions techniques, entre autres.
L'événement comprenait également des présentations par des dirigeants des communautés participantes ou des peuples autochtones. Ces dirigeants ont mis en lumière des questions liées à la valeur de leurs communautés, y compris leur cosmovision et leur philosophie, et des questions liées à leurs conflits. Parmi ces derniers, il y a eu le conflit d'une communauté avec une grande compagnie minière au sujet de l'utilisation des terres et de la contamination des activités agricoles, et le conflit d'une communauté historique avec une compagnie d'embouteillage au sujet de l'utilisation de l'eau.
En réalité, il s'agit de problèmes communs non seulement pour le Chili et le Pérou, mais aussi pour chaque pays ayant une population précoloniale ou originaire. La " question indigène " du XXIe siècle met en débat dans chacun de ces pays les exigences de respect des droits ancestraux et collectifs de leur population originaire sur les ressources naturelles, par opposition aux intérêts économiques des hommes d'affaires nationaux et transnationaux sur ces mêmes ressources naturelles... Y a-t-il une perspective de solution ?
Les communautés ou les peuples autochtones ont de nombreuses plaintes concrètes : l'insensibilité de la bureaucratie d'Etat qui accède facilement aux demandes des hommes d'affaires, la tromperie dans l'utilisation des lois qui couvrent leurs droits, le manque de ressources pour participer dans des conditions égales aux processus de consultation préalable, le caractère arbitraire de l'autorité d'Etat quand elle définit la consultation préalable en l'absence de consensus et l'incompréhension de leurs besoins par les autorités étatiques et de hauts fonctionnaires des sociétés privées. Ces affirmations reflètent le fait que les communautés ou peuples autochtones continuent d'être les plus vulnérables dans le contexte mondial actuel (qui favorise une économie libérale avec une consommation de masse). La ségrégation ethnique et socio-économique réapparaît comme un effet direct et une tâche urgente.
Dans ces circonstances, une solution qui émerge après la rencontre des enseignants et des responsables dans des événements comme celui d'Iquique est la consolidation et l'unité des communautés ou des peuples autochtones.
La consolidation de ces communautés ou de ces peuples signifie montrer aux autres la valeur de leur cosmovision, de leur justice, de leur économie, de leur culture et de leur organisation communautaire. C'est ce caractère transversal de la communauté qui a rendu possible la préservation de la biodiversité de la planète, sans contribution étatique ou privée, ce que nous ne comprenons toujours pas.
L'unité, à son tour, implique de tenter d'unifier les communautés ou les peuples originaires du monde ou, du moins, de l'Amérique. Leurs revendications et frustrations sont les mêmes au Chili, au Pérou, en Bolivie, en Équateur, au Paraguay, au Brésil, en Argentine, au Venezuela, en Colombie, au Guatemala, au Nicaragua, au Mexique, aux États-Unis et au Canada.
Grâce à cette consolidation et à l'unité des communautés et des peuples autochtones, il est possible d'obtenir en peu de temps des résultats de bien-être. L'ONU et les organisations internationales reconnaîtraient pleinement les droits des communautés ou peuples autochtones et inciteraient les États et les entités privées à faire de même.
Les normes internationales ou nationales approuvées seraient respectées, ce qui donnerait lieu à la création d'organismes mondiaux et étatiques dirigés par les communautés ou les peuples autochtones eux-mêmes.
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*Antonio Peña Juma est professeur à l'Université Pontificale de l'Université Catholique du Pérou (PUCP) et à l'Université Nacionale Mayor de San Marcos (UNMSM). Avocat, Maître au CCSS et docteur en droit.
traduction carolita d'un article paru sur servindi.org le 9 septembre 2019
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