Plus de 600 femmes indigènes et métisses dénoncent les mégaprojets, les mesures anti-migratoires du gouvernement et la criminalisation

Publié le 2 Août 2019

Redacción Desinformémonos

Au total, 625 femmes indigènes et métisses du Mexique et d'autres pays se sont prononcées contre les projets d'extraction " qui représentent la partie la plus agressive et la plus visible du néolibéralisme ", tels que le corridor industriel trans isthmique, le train maya et le projet intégral Morelos (PIM), ainsi que la répudiation " des actions que le gouvernement mexicain actuel mène contre les migrants " dans le pays et la criminalisation des activistes et des défenseurs, après deux jours de travail à la Deuxième Rencontre Nationale des Femmes du Congrès National Indigène - Conseil Indigène de Gouvernement (CNI-CIG), dans la communauté nahua de San Juan Volador, Veracruz.

"Nous ratifions notre décision de continuer à vivre pour mettre fin au système capitaliste patriarcal qui nous assassine", ont-elles déclaré dans la déclaration finale de la réunion, où elles se sont également prononcées pour la libération des prisonniers politiques, la présentation des disparus en vie et la justice pour ceux assassinés.

Les femmes participantes ont souligné que leur résistance est "importante et décisive" parce qu'elle fait face à "la guerre d'extermination déclarée aux peuples du monde par le capitalisme et le pouvoir patriarcal", et les 27 et 28 juillet, elles ont cherché, par des ateliers, dialogues et échanges de connaissances, pratiques et visions, à articuler l'organisation et établir des mesures et actions pour continuer la lutte.

 

Voici le communiqué de presse complet :

Réunies 625 femmes indigènes et métisses de la campagne et de la ville des peuples originaires Afromexicains, Binizzá, Chinanteco, Chol, Coca, Mazahua, Mazateco, Mepha, Mixe, Mixteco, Nahua, Nuntaj+yi (popoluca), Ñusavi, Otomí, Popoloca, Purépecha, Rarámuri, Tarahumara, Tepehua, Tojolabal, Triqui, Tzotzil, Tzeltal et Yaqui des États de Veracruz, Campeche, Mexico DF, Chiapas, état  de México, Guerrero, Hidalgo, Guanajuato, Querétaro, Oaxaca, Yucatán, Nuevo León, Coahuila, Baja California Norte, Baja California Sur, Colima, Quintana Roo, Tabasco, Tamaulipas, Sonora, Jalisco, Michoacán, Puebla, Morelos, Aguascalientes, Chihuahua et San Luis Potosi.

Compañeras de l'Argentine, de l'Espagne, des États-Unis, de la France, du Chili, de la Grèce, du Canada, de la Colombie, de l'Équateur, du Brésil, de l'Allemagne et de l'Italie.

Membres de 119 organisations et collectifs nationaux et internationaux.

Nous sommes heureuses de notre présence à toutes, nous remercions les compañeras kurdes pour leurs salutations et nous leur disons qu'aujourd'hui plus que jamais nous devons unir nos voix et lutter aux quatre coins du monde pour défendre la vie menacée par ce système capitaliste - patriarcal ; Aux mères des disparus, nous disons que nous sommes sans voix devant la douleur de leurs yeux et que nous ressentons leur douleur comme si elle était la notre, qu'elles ne sont pas seules et qu'il nous manque aussi leurs filles et leurs fils, aux compañeras de Black Live Matters de Californie nous reprenons leur slogan et nous réaffirmons que sans justice, il n'y aura aucune paix. À nos frères et sœurs du Honduras et d'Amérique centrale, nous savons que la nécessité d'émigrer est le résultat de la dépossession et de la violence qu'ils ont vécues pendant des décennies à cause des politiques néolibérales et nous leur disons que leur lutte pour défendre la vie est légitime et nécessaire sur leur territoire et que la migration est aussi un droit, c'est pourquoi nous renions les actions que le gouvernement actuel du Mexique prend contre les migrants dans notre pays.

Pendant ces deux jours, des femmes de différentes latitudes, géographies et âges se rencontrent pour rire, pleurer, rêver et dialoguer ; nous sommes convaincues que notre résistance en tant que femmes est importante et décisive car nous cherchons à préserver la vie face à la guerre d'extermination déclarée aux peuples du monde par le capitalisme et le pouvoir patriarcal.

Selon les objectifs énoncés dans l'appel, notre travail au cours de cette rencontre s'est articulé autour des questions suivantes : Comment répondre à la violence d'une vision anti-patriarcale et anticapitaliste, construire la vie face à tant de morts, et comment construire de nos réalités et de nos outils un tissu commun qui nous permette de renforcer l'organisation en et entre nous, les femmes, nos peuples, collectifs, quartiers et organisations ?
De plus, nous avons procédé à un échange de connaissances, de pratiques et de visions à travers une journée d'ateliers où la construction de connaissances collectives nous a donné plus d'outils pour continuer nos luttes et notre tissu commun.

 

C'est ainsi que nous avons conclu les accords suivants :

  • Nous devons créer un réseau de femmes pour partager les connaissances ancestrales, des ateliers d'auto-défense intégrale (juridique, physique, émotionnelle et d'accompagnement) qui nous permettent de sauver et de renforcer notre identité et de continuer à construire en tant que femmes.
  • Avoir un espace pour d'autres récits : l'art, la spiritualité, la danse et la création d'espaces de non-violence.
  • Que les réseaux nous permettent de nous articuler à travers des activités communes au niveau régional, transversal ou national.
  • Promouvoir des espaces qui intègrent l'auto-soin, non seulement individuel mais collectif, dans nos organisations par l'utilisation de la médecine traditionnelle et la création et l'utilisation de différents outils de guérison.
  • Cartographier et partager les différentes dépossessions dans nos territoires et nos quartiers, ainsi que montrer comment elles affectent la vie des femmes. Les rendre visibles et renforcer la défense des droits de nos peuples.
  • Créer une plate-forme de connaissances, de métiers et de compétences à intégrer et à partager entre ceux qui le souhaitent. Un mail d'invitation sera envoyé pour partager les connaissances.
  • Promouvoir et renforcer, dans la mesure de nos possibilités, la souveraineté alimentaire et l'économie solidaire. Donner la priorité à la consommation locale et consciente. Cesser de consommer ce que le capitalisme produit.
  • Créer des espaces de communication et d'information tels qu'un journal numérique ou un blog pour nous tenir informées, ainsi que participer et renforcer les médias radio et communautaires pour briser le siège de la désinformation et du silence. Utilisation du hashtag (cnimujeresqueluchan)
  • Renforcer nos identités par la récupération de la mémoire historique collective, des connaissances traditionnelles, de la médecine et des vêtements.
  • Discuter collectivement et construire des concepts comme outils pour faire grandir nos luttes.
  • Respecter les différences comme principe de nos espaces organisationnels.
  • Dire ce qu'il faut faire - maintenir, comme principe éthique dans nos espaces organisationnels.
  • Répéter et reproduire les Rencontres des femmes comme nos espaces politiques.

Nous nous prononçons pour la liberté de tous les prisonniers politiques, la présentation des disparus en vie, la justice pour les assassinés et la fin de la criminalisation des militants et défenseurs.
Nous nous déclarons non partisanes et notre point de référence pour la lutte et la résistance est l'EZLN.

Nous nous prononçons contre tous les mégaprojets extractivistes du territoire mexicain qui représentent la partie la plus agressive et la plus visible du néolibéralisme, comme le corridor industriel trans-isthmique, qui signifie la création d'une ligne de démarcation entre les États du sud et du nord et la reddition de l'isthme aux puissants et sa transformation en un immense parc industriel qui représente une spoliation et une destruction territoriale de notre mère nature, mettant un terme à l'eau, et qui est aussi le travail semi esclave, ainsi qu'une violence garantie accrue.

Nous sommes également contre le projet prédateur du "Train maya" de la péninsule du Yucatan, du Tabasco et du Chiapas ; contre le projet intégral de Morelos qui signifie la dépossession de l'eau, le risque de vie des communautés Nahua près du volcan Popocatepetl ainsi qu'un processus d'industrialisation intensif dans l'est de Morelos ; la simulation de l'annulation du nouvel aéroport dans la vallée de México et la recherche spéléologique pour l'utilisation des ressources du peuple Mazatèque.

Nous avons progressé dans notre façon de nous organiser et de nous exprimer, nous continuons à renforcer ce réseau de femmes en lutte, nous ratifions notre décision de continuer pour mettre un terme au système capitaliste patriarcal qui nous assassine.

Nous les femmes, sommes les protagonistes de la transformation vers l'intérieur et vers l'extérieur, nous sommes les gousses pleines de graines, nous sommes les fruits des arbres aux racines profondes, il est temps de décortiquer l'épi et de devenir graines. Portons la lumière que les compañeras zapatistes nous ont donnée et maintenant nos compañeras de San Juan Volador et soyons le son du caracol(escargot) pour qu'il résonne dans chaque coin où nous allons appeler plus de femmes à s'organiser.

27 ET 28 JUILLET 2019

 

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