La sauvegarde des langues autochtones est cruciale pour la diversité

Publié le 12 Août 2019

  • Servindi, le 12 août 2019 - " La sauvegarde des langues autochtones de plus en plus menacées est cruciale non seulement pour le maintien de la diversité linguistique, mais aussi pour la diversité culturelle et biologique du monde."

    C'est ce qu'indique l'éditorial de la revue El Correo publiée par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, en abrégé international Unesco, une institution spécialisée des Nations Unies.

    La première édition de la revue en 2019 est consacrée à l'Année internationale des langues autochtones et souligne que bien qu'ils ne représentent que 5% de la population mondiale, les peuples autochtones parlent la majorité des 7 000 langues du monde.

    Les peuples autochtones " possèdent, occupent ou utilisent 22 % des terres de la planète, qui abritent à leur tour 80 % de la biodiversité mondiale ".

    Weathering uncertainty : traditional knowledge for climate change assessment and adaptation, publié par l'UNESCO en 2012.

    Voici l'éditorial de la revue, dont le contenu intégral est accessible en cliquant sur le lien ci-dessous :

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  • https://en.unesco.org/sites/default/files/cou_2019_1_sp.pdf 

Éditorial


"Nous voulons écrire notre encyclopédie sur l'eau, pouvez-vous nous aider ?" Avec cette demande, une délégation de la communauté Mayangna vivant dans la forêt tropicale humide de Bosawas, au Nicaragua, a visité l'UNESCO au milieu de la dernière décennie. Aussi connue sous le nom de Cœur du corridor biologique méso-américain, leur selva avait rejoint le Réseau mondial de réserves de biosphère de l'UNESCO en 1997. En 2002, l'Organisation a lancé le programme Systèmes de Savoirs Locaux et Indigènes (LINKS). C'était le bon moment pour lancer un projet novateur : enregistrer les détenteurs de savoirs autochtones afin de publier toutes les connaissances mayas sur les poissons et les tortues. En 2010, un ouvrage de plus de 450 pages, en deux volumes et en deux langues (mayangna et espagnol), a été publié, marquant l'aboutissement de la première étape d'un projet plus large sur la connaissance maya de la nature en général.

Les Mayangnas le savaient : s'ils ne traduisaient pas d'urgence leurs connaissances dans un livre, elles disparaîtraient progressivement, au même rythme que leur selva disparaîtrait sous la pression de l'exploitation illégale et du développement de l'agriculture intensive. Ces deux modes d'exploitation de la nature s'opposent au mode de vie traditionnel des peuples autochtones de la réserve de Bosawas, basé sur la chasse, la pêche, la cueillette de fruits et légumes et l'élevage pour l'autoconsommation.

L'UNESCO les a aidés à sauvegarder leurs connaissances, afin qu'elles puissent être transmises aux générations futures, mais aussi à les mettre à la disposition de la communauté scientifique internationale. C'est l'une des principales fonctions de LINKS, dont l'objectif premier est d'assurer un traitement équitable des savoirs autochtones dans l'éducation formelle et informelle et de les inclure dans les politiques et débats scientifiques.

Ces connaissances, qui contiennent des informations essentielles sur la subsistance, la santé et l'utilisation durable des ressources naturelles, sont transmises par un seul moyen : la langue. C'est pourquoi la sauvegarde des langues autochtones, qui sont de plus en plus menacées, est cruciale non seulement pour le maintien de la diversité linguistique, mais aussi pour le maintien de la diversité culturelle et biologique du monde.

Bien qu'ils ne représentent que 5 % de la population mondiale, les peuples autochtones parlent la plupart des 7 000 langues et " possèdent, occupent ou utilisent 22 % des terres du monde, qui abritent 80 % de la biodiversité mondiale ", selon Weathering uncertainty : traditional knowledge for climate change assessment and adaptation, publié par l'UNESCO en 2012.

En proclamant 2019 Année internationale des langues autochtones (AILA 2019), proclamée officiellement à l'UNESCO le 28 janvier, la communauté internationale réaffirme son engagement à soutenir les peuples autochtones dans leurs efforts pour préserver leurs connaissances et jouir de leurs droits. Depuis l'adoption de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones (lien externe) par l'Assemblée générale des Nations Unies le 13 septembre, des progrès considérables ont été accomplis à cet égard.

Toutefois, les peuples autochtones ont encore beaucoup de chemin à parcourir avant de sortir de la marginalisation et de surmonter les nombreux obstacles auxquels ils sont confrontés. Selon Victoria Tauli-Corpuz, Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, la législation favorable aux peuples autochtones reste incompatible avec d'autres lois concernant, par exemple, l'agriculture, la terre, la conservation et les industries forestière ou minière, et un tiers de la population mondiale vivant dans une extrême pauvreté appartient aux communautés autochtones, comme dans de nombreux pays.

La section Grand angle de ce numéro du Courrier leur est consacrée. Elle emprunte son titre au proverbe chinois : "Quand tu bois de l'eau, souviens-toi de la source", pour te rappeler que le savoir indigène, source de tout savoir, mérite une place importante dans la modernité. Le Courrier est également associé à la célébration de la Journée internationale de la langue maternelle le 21 février.

Vincent Defourny et Jasmina Šopova

traduction carolita d'un article de Servindi.org du 12 août 2019

Rédigé par caroleone

Publié dans #Peuples originaires, #Les langues, #Mayangna

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