Pérou - Les organisations exigent d'intégrer des alternatives indigènes face à la catastrophe climatique

Publié le 2 Juillet 2019

Servindi, le 30 juin 2019 - Intégrer les propositions et alternatives autochtones dans le règlement de la loi 30754, Loi-cadre sur les changements climatiques pour faire face à la catastrophe climatique nationale et mondiale est la demande faite par deux organisations autochtones nationales.

La déclaration signée par l'Association Interethnique pour le Développement de la Selva  Péruvienne (AIDESEP) et l'Organisation Nationale des Femmes Indigènes Andines et Amazoniennes (ONAMIAP) a été publiée le dimanche 30 juin dans le journal La República.

Ils demandent à l'Exécutif d'adapter ses procédures au cadre international de protection des droits des peuples autochtones et de tenir compte des propositions soumises au Ministère de l'environnement (MINAM) le 21 juin.

Aidesep et Onamiap ont officiellement soumis leurs propositions au MINAM le 21 juin.


Attendrons-nous un autre "Super El Niño" pour agir ?


Les catastrophes climatiques frappent déjà les communautés par de nouveaux ravageurs et maladies, des sécheresses, des inondations, la perte des glaciers et toutes les conséquences du phénomène El Niño.

Au Pérou, " les catastrophes sociales et environnementales s'aggravent et se produisent, affectant particulièrement les populations vulnérables (...). Le changement climatique nous affecte aujourd'hui et il est urgent d'y faire face".

La vie des Péruviens est en jeu. Les peuples indigènes et autochtones prennent des mesures dans nos territoires pour contribuer à l'atténuation des changements climatiques et à l'adaptation à ces changements. C'est pourquoi nous appelons le reste du pays à réagir. 


Les organisations exigent que le Président Martín Vizcarra et la Ministre de l'Environnement, Lucía Ruiz, respectent les modèles de développement des peuples autochtones.

En outre, garantir le droit à la participation, à la consultation et au consentement préalable, libre et éclairé sur les questions qui les concernent, telles que les normes sur l'atténuation et l'adaptation climatique.

En ce sens, ils demandent une réunion d'urgence avec la Présidence du Conseil des Ministres (PCM), le Ministère de l'Economie et des Finances (MEF) et le Ministère de l'Agriculture et de l'Irrigation (MINAGRI).

Ainsi qu'avec le Bureau de la Défenseure du peuple, l'Organisation Internationale du Travail (OIT), les gouvernements régionaux et locaux, les groupes parlementaires et les acteurs internationaux du climat pour appuyer ces propositions.

Enfin, ils réitèrent leur appel aux ONGs, aux universités, aux consultants et aux analystes liés aux peuples autochtones ou indigènes pour qu'ils expriment leur solidarité avec les propositions.

Accédez à la déclaration complète en format pdf ou lisez le texte ci-dessous :

Attendrons-nous un autre "Super El Niño" pour agir

?


Alternatives aux catastrophes climatiques nationales et mondiales


En tant qu'organisations représentatives des peuples autochtones et indigènes des Andes et de l'Amazonie, nous exprimons au pays notre position sur le processus de consultation préalable du projet de règlement de la loi-cadre 30754 sur les changements climatiques, qui ne respecte pas les normes internationales pour la protection des droits des peuples autochtones. Dans le cadre de l'urgence d'agir face à la catastrophe climatique, nous soulignons :

Les glaciers perdus, les phénomènes El Niño avec plus d'intensité et de fréquence, l'assèchement des puquiales, les forêts brûlées, désertifiées ou inondées, les nouveaux ravageurs et maladies plus résistantes, les communautés inondées, les migrations climatiques, les impacts du changement climatique au Pérou s'aggravent et engendrent des catastrophes sociales et environnementales qui touchent particulièrement les populations vulnérables, comme les peuples autochtones et indigènes. Ces phénomènes se transforment en catastrophes parce que le gouvernement continue de miser sur un modèle de développement extractiviste, qui favorise la surexploitation de nos ressources par l'agro-industrie, l'exploitation minière et l'extraction d'hydrocarbures. Cette situation est aggravée par le manque d'attention accordée à la prévention et à la gestion des risques dans le contexte du changement climatique. Les lois, les normes et les projets "verts" sont insuffisants car ils ne s'accompagnent pas d'un changement de paradigme dans le modèle de développement du pays.

Le changement climatique nous affecte aujourd'hui et il est urgent d'y faire face. L'opinion publique doit faire face et agir face à cette réalité. La vie des Péruviens est en jeu. Les peuples autochtones et indigènes prennent des mesures dans nos territoires pour contribuer à l'atténuation des changements climatiques et à l'adaptation à ces changements. C'est pourquoi nous appelons le reste du pays à réagir. Et nous exigeons que le Président Martín Vizcarra et la Ministre de l'Environnement, Lucía Ruiz, respectent nos propres modèles de développement ; et qu'ils garantissent également notre droit à la participation, à la consultation et au consentement préalable, libre et éclairé sur les questions qui nous concernent, comme les lois et règlements relatifs à l'atténuation et l'adaptation climatique. C'est pourquoi nous demandons que le Minam et l'ensemble du pouvoir exécutif adaptent leurs procédures conformément au cadre normatif international pour la protection des droits des peuples autochtones et intègrent nos contributions à la proposition de loi 30754, Loi-cadre sur les changements climatiques, qui a été soumise au Minam le 21 juin de cette année, et dont nous résumons ci-après les applications normatives.

Élaboration urgente de normes qui répondent aux propositions et aux demandes des peuples autochtones et originaires dans le cadre de la consultation préalable :

  • Création de la Plate-forme climatique indigène, dotée d'un pouvoir de décision, d'auto-organisation et d'auto-convocation, en tant que contrepartie du Gouvernement dans les processus de gestion intégrée du changement climatique.
  • Création de la Commission de haut niveau sur les changements climatiques avec la participation effective et le pouvoir de décision des peuples autochtones, par l'intermédiaire de leurs organisations nationales représentatives, ce qui nous permettra d'intégrer nos propositions dans le développement des NDC.
  • Hausse de "l'ambition climatique" avec l'incorporation des propositions de la Minga NDC  qui vise une plus grande réduction des émissions de gaz à effet de serre que celle établie par le gouvernement péruvien.
  • La mise en œuvre de REDD+ Indigène Amazonien, qui fait partie de la Minga NDC,  qui est prévue dans le DS 007-2016-MINAM pour la résilience climatique sur des millions d'hectares de forêts et de communautés.
  • Accélération et réorientation des projets en cours dans le cadre du financement international de la lutte contre le changement climatique pour tenir compte des propositions des peuples autochtones ou originaires, afin qu'ils atteignent véritablement les communautés en reconnaissance de leur rôle ancestral dans la protection des forêts. Fin des intermédiaires et des coûts administratifs élevés.

Modifications à la proposition de règlement de la Loi-cadre sur le changement climatique, Loi 30754 (articles entre parenthèses)

  • Participation effective des autochtones et pouvoir de décision au sein de la Commission de haut niveau sur les changements climatiques et légalisation de la création de la Plate-forme climatique autochtone en tant que contrepartie nationale de l'État dans les processus de gestion globale du climat (art. 5, 6, 7, 9, 12 et autres).
  • Des fonds pour le climat qui atteignent les forêts, les andes et les vallées. Appliquer le "Fonds de garantie" (loi 30754, cinquième disposition finale) pour les peuples autochtones ; la loi 27811 (titre IX), "Mécanisme spécifique dédié (MDE/GDM), Mécanismes autochtones du Fonds vert pour le climat, y compris les instruments de planification et de gestion des peuples autochtones ou originaires pour le financement public et privé. (art. 9, 10, 26, 27, 63, 15e disposition finale et autres).
  • Participation, consultation et consentement de bonne foi, conformément au cadre normatif international pour la protection des droits des peuples autochtones dans la planification climatique des secteurs et des gouvernements régionaux et locaux, et construction conjointe avec des organisations autochtones ou originaires légitimes et représentatives (articles 10, 11, 15, 16, 21 et autres).
  • Garantir la sécurité juridique des territoires des peuples autochtones et mettre en œuvre les priorités établies dans la planification et la hiérarchisation des priorités communautaires en tant que " conditions favorables " et instruments clés de la gestion globale des changements climatiques (art. 8, 10, 21, 25, 13e disposition finale et autres).
  •  Redd+ Indigène Amazonien et le suivi du " marché du carbone " pour parvenir à l'équité, avec un mécanisme adéquat de plaintes, de supervision et de sanction des opérateurs REDD+, qui évite également les conflits socio-environnementaux sur les forêts (articles 7, 14, 16, 23, 59, 13ème disposition finale).
  • Appliquer la politique d'égalité de genre (DS 008-MIMP-2018) dans les processus, plans, fonds, rapports sur le climat avec nos organisations et sans intermédiaires (articles 6, 8, 10, 11, 12, 13 et autres).
  • Éviter l'invasion extractive dans le climatique, limiter le MEF à ses fonctions budgétaires, maintenir les fonctions programmatiques et techniques du MINAM, en particulier celles relatives au " climat et au risque dans les investissements " (articles 24, 25, 27).
  • Sens d'urgence climatique, changement du non sûr "promouvoir" par l'obligation de "garantir" dans divers processus et raccourcir les délais longs et lents du gouvernement pour l'élaboration de règles et d'instruments de gestion supplémentaires au règlement (articles 6, 8, 9, 10, 15, 16 et autres).
  • Dialogue des savoirs, renforcement et redistribution de l'apport des savoirs autochtones ou ancestraux originaires, ainsi que de la souveraineté alimentaire des peuples (art. 5.14, 8, 9, 10, 27, quatrième disposition finale et autres).

Nous demandons une rencontre urgente avec le PCM, le MEF et le MINAGRI. Nous avons également besoin de réunions avec le Bureau de la Défenseure du peuple, l'OIT, les gouvernements régionaux et locaux, les groupes parlementaires, ainsi qu'avec les acteurs internationaux du climat (pays donateurs, agences des Nations Unies et autres) ; pour soutenir les propositions ci-dessus.

Enfin, nous réitérons la demande de déclaration aux diverses ONG, consultants, universités, analystes, etc. qui travaillent avec les peuples autochtones et indigènes. Au nom de la réciprocité, nous attendons votre réaction et votre solidarité à nos propositions.

Les peuples autochtones et indigèness exigent une ambition climatique 
d'arrêter la destruction de la base naturelle et sociale du Pérou et du monde.

Lizardo Cauper Pezo, Président d'AIDESEP.

Melania Canales Poma, Présidente de l'ONAMIAP.

traduction carolite d'un communiqué paru sur le site Servindi.org le 30 juin 2019

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