Brésil : La lutte des peuples Xinguara en Amazonie

Publié le 24 Juillet 2019

La lutte contre le barrage hydroélectrique de Belo Monte continue, mais les peuples du territoire doivent encore composer avec la négation de leurs droits fondamentaux, l’augmentation de la violence à la campagne et en ville et l’énorme défi de continuer de produire après les effets du « Belo Monstre ».

Chantier de construction de Norte Energia dans la région d’Altamira à Pará, au Brésil.

La lutte continue, avec créativité et un caractère féminin dans la région de la rivière Xingu, État de Pará, contre le barrage hydroélectrique de Belo Monte, pas seulement pour que l’on finisse par admettre que ce mégaprojet n’est pas viable aux plans social, économique et environnemental, mais aussi pour s’assurer qu’aucun autre projet déprédateur ne s’installe dans la région. Un exemple de nouveau projet est celui de la minière canadienne Belo Sun qui menace la municipalité de Volta Grande et tous ceux et celles qui vivent à proximité d’une rivière déjà mutilée. De plus, les peuples du territoire doivent encore composer avec la négation de leurs droits fondamentaux, l’augmentation de la violence à la campagne et à la ville et les défis énormes de continuer de produire après les effets du « Belo Monstre ».

Aujourd’hui, il semble évident qu’il faut s’opposer au projet du gouvernement d’extrême droite de Jair Bolsonaro et à sa vision déprédatrice pour l’Amazonie. Cependant, rappelons que l’emblématique lutte en cours contre le barrage hydroélectrique de Belo Monte a connu au moins deux étapes. Dans une première période, à la fin de la dictature militaire, dans les années 1980, les peuples autochtones du Xingu, des mouvements sociaux, des familles de riverains, la prélature du Xingu et les communautés ecclésiales de base reconnaissaient qu’ils étaient des ennemis du gouvernement fédéral et de ce projet et leur mobilisation avait paralysé la construction du barrage. Dans une deuxième période, alors qu’un groupe autoproclamé de gauche gouvernait le Brésil, la bataille pour se gagner les cœurs et les esprits ne mettait pas aux prises uniquement la classe dominante et la classe travailleuse, mais bien aussi dans une large mesure divers groupes au sein même du camp populaire.

Cela veut dire que la lutte commencée dans cette région avec la venue des premiers colons blancs, qu’ont ponctuée notamment les cycles d’extraction du caoutchouc et de la route transamazonienne, connaît un chapitre particulier avec ce récent conflit. La région démontre que la résistance s’élève contre n’importe quel parti ou organisation qui ne se range pas du côté du peuple, peu importe son orientation idéologique déclarée, sa bannière partisane ou son institution. C’est selon cette approche radicale (dans le sens d’être enracinée dans les aspirations populaires qui sont non-négociables) que les groupes dirigés par des femmes ou formés avant tout de femmes continuent d’oser élever la voix contre tout projet de mort dans la région, en dénonçant le modèle de mal développement établi et en proposant un chemin de paix qui serait le fruit de la justice.

la suite

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article