En défense de la Terre Sans Mal

Publié le 22 Juin 2019

Par Carlos Del Frade

(APe) : La terre sans mal souffre de plusieurs maux. Le peuple guarani, de l'Amazonie à la géographie actuelle des provinces de Misiones, Corrientes, Entre Ríos, Santa Fe et Buenos Aires, a migré à la recherche du lieu où la plénitude et l'égalité existaient, l'aguyje, comme ils l'appelaient, la terre sans mal.

Un lieu non seulement physique et naturel, mais aussi politique et culturel, où chacun réalisait les rêves de ses grands-mères, de ses grands-pères.

La mémoire comme rêve collectif inachevé.

La mémoire comme signe pour le présent.

La mémoire comme idée et projet pour les jours à vivre.

Ils l'appelaient, alors, la terre sans mal.

Dans la géographie physique, trois mille ans plus tard, la dictature des entreprises imposée par les multinationales céréalières nécessite la démocratisation impunie des poisons.

Le résultat est la maladie, la multiplication des maux dans le pays sans mal des anciens Guaranis.

Les garçons, les filles, les grands-mères, les grands-pères, les mères et les pères tombent malades.

Les terres, les plaines, les lacs, les rivières et l'air tombent malades.

Toutefois, la résignation n'est pas unanime.

Diverses organisations environnementales luttent contre l'inoculation de l'indifférence et de la complicité politique.

Le 4 juin 2019, dans le cadre du Ve Congrès international sur la santé socio-environnementale, s'est réuni le Tribunal de l'agrobusiness.

Ses conclusions méritent d'être diffusées et connues.

Ce sont des mots qui défendent la Terre sans mal :

- Mettre au centre des luttes le renforcement de l'organisation communautaire comme base de résistance et de construction sociale.

- Renforcer la résistance dans les territoires dans leurs multiples dimensions (mobilisations, moyens juridiques, information et dénonciation et les milliers de formes développées localement par nos peuples).

- Depuis les sphères scientifiques, continuer à avancer avec l'héritage d'Andrés Carrasco de la Science Digne comme paradigme de la construction du savoir avec les peuples dans un dialogue du savoir au service du Bien Vivre. Nous exhortons les chercheurs à orienter leurs efforts vers la production de connaissances sur la restauration de l'environnement causée par le modèle extractiviste.

- Nous dénonçons la complicité des gouvernements nationaux, provinciaux et locaux qui, en favorisant l'agrobusiness, dont ils sont les acteurs intéressés, ne respectent pas leur obligation de protéger les droits des individus et des peuples. Nous exigeons que des mesures soient prises pour punir toute activité qui viole les droits humains et naturels.

- L'Agri - Culture basée sur les connaissances ancestrales de nos peuples et l'agroécologie, comme un nouveau paradigme de la production alimentaire pour la souveraineté alimentaire et le renforcement de la permanence des peuples sur leurs territoires.

Enfin, nous partageons certaines des recommandations qui découlent de la décision du Tribunal de continuer à emprunter ces routes de la vérité et de la justice :

- Étendre la connaissance et la diffusion des droits de la nature en tant que nouveau paradigme pour la construction d'une nouvelle société.

- Envoyer cet avis aux différents rapporteurs des Nations Unies sur les droits de l'homme.

- Promouvoir le dépôt de plaintes juridiques et pénales dans les cas de produits agrochimiques toxiques (en utilisant dans le cas de l'Argentine la loi no 24051 sur les déchets dangereux).

- Créer une Bibliothèque Numérique sur le Web de la Route de la Vérité et de la Justice afin de mettre à disposition une documentation utile pour la lutte agro-industrielle.

- Renforcer la diffusion de l'appui juridique, technique et scientifique aux communautés, organisations et réseaux.

Pour toutes ces raisons, nous célébrons la création de ce Tribunal contre l'agro-industrie, qui renforce l'union des peuples dans la construction d'une civilisation basée sur le nouveau et ancien paradigme du Bien Vivre que nous avons hérité de nos peuples originaires.

Le document a été signé par Mary Murray - Australie, Susana Ramírez - Pérou, Carlos Manessi - Argentine, Marielle Palau - Paraguay, Carlos Vicente - Argentine, Cristina Arnulphi - Argentine et Esperanza Martínez - Équateur, en qualité de secrétaire.

Une réponse collective chargée de dignité.

Un signe d'espoir pour continuer à construire, malgré les chagrins et les entreprises multimillionnaires, la Terre Sans Mal.

Traduction carolita d'un article paru sur Pelota de trapo le 18 juin 2019
 

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