Peuples du Río Negro – Histoire et évangélisation

Publié le 3 Avril 2019

Peuples du Río Negro – Histoire et évangélisation

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A partir du milieu du 17e siècle les peuples du río Negro ont été diminués par les maladies dues aux premiers contacts avec les blancs, dont des épidémies de variole, puis également à cause de l’esclavage mis en place par les patrons du caoutchouc et les marchands.

Les propriétaires manquent de main d’œuvre pour leurs haciendas et pour collecter les « drogues du sertão » nom que donnent les marchands et les colons aux produits de la selva (cacao, cannelle, girofle, vanille…) et qui sont sous le contrôle commercial des jésuites avec le consentement de la couronne, c’est donc une époque de chasse à la main d’œuvre dans la région du sertão (nord-est du Brésil) et du río Negro en Amazonie avec la capture d’esclaves indigènes et le massacre de ceux qui résistent.

Dans la première moitié du 18e siècle les portugais ont vaincu les Manaus et les Mayapena qui dominaient le bas et le milieu río Negro et ils atteignent la région du haut río Negro et ses affluents, le Vaupès, le Xié et l’Içana. Il y a encore de nombreux villages non contactés.

Coucher de soleil sur porto de Cucui Sao Gabriel da Cachoiera By diogobzg, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=54716679

A la même période des carmélites installent des colonies de missions dans le haut río Negro, pas très loin de la ville de São Gabriel da Cachoiera.

.....épidémies.....

En 1740 la traite des esclaves est intense. Jusqu’au milieu du 18e siècle on estime que 20.000 indiens ont été capturés et déplacés des cours supérieurs du río Negro (les peuples concernés sont entre autres les Tukano, les Baré, les Warekena et les Makú).

En 1740 une épidémie de variole dévaste le haut río Negro suite aux contacts avec les portugais. On compte de nombreuses victimes indigènes.

En 1749 et 1763 des épidémies de rougeole font des dégâts. Celle de rougeole de 1749 est si terrible qu’elle est surnommés « la grande rougeole ».

.....et révoltes indigènes.....

1757 - la révolte autochtone la plus célèbre est dirigée par le capitaine Lamalonga du centre du río Negro : les rebelles détruisent les églises, les ornements religieux, ils tuent le père carmélite. Ceci marque le début de l’insurrection des indiens contre les missionnaires.

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Dans la seconde moitié du 18e siècle, le gouvernement portugais retire « le pouvoir temporaire » des missionnaires. Ils sont malgré tout autorisés à rester dans les villages pour continuer l’endoctrinement avec le travail de catéchisme et la condamnation des indiens qui continuent de rester dans les sources des rivières et les igarapés. Ils s’installent dans le moyen et bas río Negro. Les indiens continuent d’être exploités par les colons. Certains sont même emmenés de force dans les villes coloniales.

Au début du XIXe siècle la région du haut río Negro est confiée au carmélite Frère José de Los Santos Inocente, au capucin Frère Gregorio José María de Bene et  à des franciscains qui participent aux côtés des militaires à la répression des indiens et à leur exploitation pour le travail extractif (caoutchouc entre autre).

Entre 1835 et 1840 a lieu la plus grande rébellion populaire du Brésil connue sous le nom de « A Cabanagem » qui commencera avec la prise de la ville de Bélem et qui progressera dans toute la région pour atteindre le río Negro. Cette révolte mène a un processus de répression des rebelles jusqu’à la fin de 1840. Ensuite une troupe est envoyée à Belém et dans le río Negro pour reconstruire la forteresse de San Gabriel de Cachoiera et de Marabitanas (le travail sera effectué par les indiens sous la direction des militaires).

La « compagnie des travailleurs « est créée dans laquelle sont envoyés aussi des indiens ladinos (ceux qui parlent le portugais).

....encore des épidémies et des révoltes.....

Au cours du 19e siècle sévissent plusieurs épidémies de variole et de rougeole qui dévastent le haut río Negro provoquant également l’exode massif des indiens vivant dans les petites villes et villages coloniaux. Il y aura une forte mortalité.

Au milieu du19e siècle, le gouverneur de la province amazonienne nouvellement créée tente de convaincre les indiens de ne plus vivre dans les régions éloignées et difficiles d’accès et de s’installer dans les villes et villages situés sur les rives de l’Amazone. Des familles autochtones sont enlevées de force et emmenées dans le bas et le milieu Río Negro, laissant les communautés des rios Vaupés et Xié inoccupées.

Les indiens se soulèvent souvent contre les traitements violents, ils mènent des expéditions de vengeance contre les blancs et les ces derniers font souvent appel aux soldats et à d’autres peuples indigènes pour réprimer les rébellions.

.....rejet des mouvements religieux......

Des soulèvements qui expriment souvent leur rejet des mouvements religieux naissent, ce sont des mouvements messianiques qui sont liés aux espoirs millénaristes des peuples.

......et débuts de mouvements messianiques.....

On trouve au 19e siècle le messie Baniwa Venancio Kamiko qui proclame la libération de l’oppression politique et économique des blancs.

Ces mouvements se propagent dans la région et menacent d’expulser les blancs. La réaction à cela de la part des militaires locaux et provinciaux est une fois encore la violence.

En 1883 reprend l’activité des missionnaires avec l’arrivée des franciscains dans le Vaupés. Les peuples doivent se consacrer un jour par semaine à construire la maison des autorités religieuses et militaires, l’église et la prison.

......la religion par la force......

Un homme se distingue par sa violence et son intolérance, ridiculisant les coutumes et croyances indigènes, c’est frei Illuminato Coppi. Il fait même voir les masques et les instruments de musique sacrés aux femmes et enfants alors que c’est strictement interdit par la coutume indigène.

Sa dernière provocation en octobre 1883 à Ipamoré provoque la révolte des indiens et l’expulsion des missionnaires franciscains. Ensuite les indiens retournent à leurs malocas.

Missionnaires salésiens dans le haut rio Negro en 1914  Foto: Arquivo da Diocese de S. Gabriel da Cachoeira.

En 1914 reprend encore l’activité missionnaire et c’est la création du conseil municipal apostolique du Rio Negro à San Gabriel de Cachoiera, les Salésiens arrivent également.

Ces religieux profitent de l’état de soumission et de crainte dans lequel vivent les indigènes et mettent en œuvre un projet « civilisateur », montrant un profond mépris pour les formes d’organisation et de pensée traditionnels, cherchant à anéantir les manifestations culturelles. Ils ont pour objectif principal les enfants plus faciles à manipuler que les anciens, réfractaires à toutes leurs nouveautés. La vie des enfants sera empreinte de rigueur, d’horaires, d’activités rigides , de séparation des sexes ou l’obéissance est la règle et ou l’utilisation de la langue indigène est proscrite.

Pedro Massa, prélat à San Gabriel, internat de Tarakua   Foto: Arquivo da Diocese de S. Gabriel da Cachoeira

Les religieux arrivent à obtenir des indiens l’abandon de la maloca et de s’installer dans des colonies composées de maisons séparées pour chaque famille. Ils les découragent de la pratique des rituels de passage des garçons (rituel yurupari), ils ridiculisent les activités menées par les paysans locaux, ils interdisent la consommation de boissons hallucinogènes, ils retirent les costumes et les instruments de musique des malocas. Ces missions qui sont les seules dans la région à ce moment-là arrivent à prendre tout le contrôle sanitaire, éducatif et commercial de la région et ils continuent l’exploitation des indigènes.

En 1970 le gouvernement fédéral (contrôlé alors par l’armée) annonce publiquement le Plan National d’Intégration (PIN), un programme de travail d’infrastructure visant à intégrer géopolitiquement la région au reste du pays provoquant des effets importants dans la région du haut río Negro.

Entre 1972 et 1975 s’installent les postes de la FUNAI (fondation des indiens) suite au PIN, elle établit l’exécution politique autochtone du pays. Arrivent aussi les militaires du bataillon du génie et des travailleurs suite à la construction de la BR 357 devant relier San Gabriel de Cachoiera à Cucuri.

En 1975 les salésiens voient la réduction du budget fédéral et décident de désactiver le système des internats (pourtant en 1984 un rapport de la mission enregistre toujours 501 étudiants internes).

En 1983 les indiens Tukano del Tiquié découvrent de l’or dans la sierra de Taraia, ce qui va provoquer la « fièvre » de l’or répandue dans plusieurs parties de la région et de pendant plus de 10 ans. Les conséquences sont le déplacement des indiens, arrivée des garimpeiros (chercheurs de métaux précieux et de pierres précieuses), venant d’autres régions, l’arrivée de sociétés minières.

La population de San Gabriel da Cachoiera double et atteint 4500 personnes en août 1985.

L’évangélisation

Dans la fin des années 40 Sofía Müller, missionnaire évangélique nord-américaine de la New Tribes Mission MNT) commence l’évangélisation des Kurripako de l’Amazonie colombienne. Ses travaux s’étendent aux peuples Baniwa de l’Isana  en 1949/50. La conversion ressemble au début pour les Baniwa aux caractéristiques d’un mouvement millénariste. Müller avec des messages anticatholiques et proclamant la rédemption et la fin de la souffrance arrive à convertir la plupart des indiens de l’Isana. Ils la considèrent comme un messie et viennent de partout pour la voir prêcher sa nouvelle foi. Ces peuples qui ont été soumis par le système des patrons du caoutchouc et des marchands acceptent sans difficulté cette conversion comme une forme de résistance à la domination blanche.

Müller est contrainte par le SPI –Service de Protection des Indiens- de quitter le pays en 1953. Mais elle reste en contact avec les Baniwa de l’Içana par l’intermédiaire de pasteurs et de missionnaires de la Mission New Tribes jusque dans les années 1990. Elle a travaillé 40 ans avec les Kurripako de Guairia, traduit le nouveau testament en 3 dialectes baniwa, formé des dizaines de pasteurs et construit de nombreuses églises dans les comunautés Kurripako et Baniwa.

A cette période est construite dans le Bas Isana la mission salésienne d’Asunción avec pour but d’arrêter l’avant-poste évangélique. Cela n’aura pas beaucoup d’influence sur l’avancée évangélique.

Ceci va provoquer une division entre les protestants et les catholiques, division qui existe toujours de nos jours.

Les communautés évangéliques indigènes de l’Isana ont intégré un système nommé United Bible Eglises administré par des anciens et des diacres autochtones choisis localement.

Les mouvements messianiques se développent chez les Baniwa, les Tukano et les Warekena à partir de 1857. Les figures des prophètes Baniwa apparaissent instituant une nouvelle forme d’organisation religieuse appelée « Le chant de la croix » ou la « Religion de la croix », celle-ci dure jusqu’au début du 20e siècle.

C’est une imbrication de symboles chrétiens avec des thèmes et des préoccupations sous-jacents à la religion Baniwa, la croix et le fouet en tant que symboles de souffrance rituelle, la fête des jours des saints sacrées, du héros culturel Kuwei en tant que symbole de purification, les figures du christ sauveur et de Nhiãperikuli/Kuweit, puissant chaman en tant que symboles de salut et d’immortalité.

source  https://pib.socioambiental.org/pt/Povo:Etnias_do_Rio_Negro

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