Colombie/Minga nationale - Le Cauca et la Colombie sont séquestrés !

Publié le 6 Avril 2019

Deux faits, 
deux communiqués et 
deux constatations

Où en sommes-nous ? Lecture du contexte en temps réel. Peuples en chemin

Faits et chiffres

Un des blocus de la Minga à l'AFP Panamericana/Foto


La xénophobie, la haine et le mépris à l'égard des peuples indigènes ont trouvé dans la Minga un prétexte pour s'exprimer et promettent de dépasser les limites de la brutalité en vue de devenir des actes conformes aux paroles et aux gestes du mépris ; des massacres. Le désir d'exterminer les indigènes a été révélé et ouvertement et secrètement promu par l'État, c'est-à-dire non seulement par les fonctionnaires à tous les niveaux, sous la direction du parti au pouvoir, mais aussi par la force publique, les médias à son service, les corporations économiques et une masse énorme de population. Ceux qui, payés ou non, rejoignent les hordes racistes et violentes, défendent un ordre social, des élites, un gouvernement et des intérêts égoïstes qui les ont plongés dans la dépossession, l'ignorance, la misère, la soumission, l'abandon, l'exploitation et le désespoir. C'est, en un mot, le fascisme, c'est-à-dire un ordre rigide, fanatique, intolérant, dirigé d'en haut, irrationnel, populiste, basé sur des mensonges considérés comme des vérités sacrées et qui génèrent des actions pour enrichir, lapider et élever ceux qui gouvernent. De la haine, du mensonge, de la répression et du mépris contre la Minga et son soutien massif, la Colombie s'enfonce dans sa propre décomposition poussée dans la boue de la terreur et du mensonge par avidité du gouvernement et du pouvoir économique. Face au mensonge qui pousse à la haine et promet l'extermination, le CRIC répond et réitère : " Nous précisons également que les seuls canaux officiels d'information et de diffusion de l'organisation sont la page web www.cric-colombia.org et dans ses réseaux sociaux ils apparaissent comme le nom du Conseil Régional Indigène du Cauca-CRIC. Pour cette raison, toute information qui circule en dehors de ces canaux d'information est fausse".

2. La Minga pour la démocratie, la paix, la vie, la justice et le territoire, malgré et au milieu de tout cela, a gagné le soutien des peuples, des processus, des collectifs, des organisations et des peuples en Colombie et dans le monde comme symbole de la dignité de ceux qui sont encore capables de se rebeller malgré et sous une machine de mépris et de violence. Partout la Minga et les peuples indigènes du Cauca inspirent, un espoir qui exige mobilisation, organisation et lutte. Il est clair que le Président Duque et le pouvoir insistent sur le fait qu'on ne peut répondre à des revendications justes que sans recourir à des "voies factuelles" comme répétition d'une formule rhétorique récurrente et fausse pour tenter de maintenir l'apparence de légitimité d'un régime qui refuse toujours le dialogue, refuse de respecter les droits et libertés et dont la seule fonction est d'exploiter le travail et la richesse des peuples, au nom de leur "développement" et "progrès". Un régime dont le respect ne peut être exigé que par des moyens de fait, car non seulement il ignore mais nie les droits et libertés, mais il dépossède et tue sans vergogne dans l'espoir que cet ordre d'appauvrissement et de soumission sera respecté sans recourir à des "actions de fait". La Minga inspire ceux qui ne sont pas disposés à se soumettre sans dignité et appelle à la dignité, en dépit du fait que, comme le CRIC lui-même et les dirigeants de la Minga l'ont déclaré à maintes reprises, leur lutte consiste essentiellement à exiger que cet État et ce régime illégitimes respectent leurs promesses et respectent leurs ressources. Cela se manifeste avec insistance :

"...nous réitérons aux citoyens que la minga sociale continue à dialoguer avec le gouvernement national afin de se conformer aux accords non respectés malgré les retards qui se sont produits."

ESMAD complice des attaques des hordes contre le siège du CRIC à Popayán

 

Communiqués (4 avril 2019) :

 Nous continuerons à tresser les chemins de la résistance avec plus de force et de dignité.


Communiqué au public sur les fausses informations promues par les réseaux sociaux contre la minga sociale.


1. Les porte-parole du parti fasciste au pouvoir ont exposé face à la Minga leur caractère terrifiant qui obéit à assumer en principe et par principe que leur bien-être, privilège, profits et pouvoir insatiable, sont le bien-être de la société dans son ensemble, qui doit se soumettre à ses dénommés et à ses caprices et remercier l'abus et la dépossession comme l'ordre naturel et civilisé qui a, comme nous l'avons déjà souligné, des adeptes parmi ses propres agenouillés et exploités et tout un ordre social et institutionnel, l'État, à son service, devant lequel les voix institutionnalisées de l'opposition qui ne sont que cela, des : voix. La mort, le sang, la faim, la propagande, le mensonge et l'obéissance pour maintenir et élargir leurs richesses et leurs privilèges. C'est ce que le parti au pouvoir et ceux qui le suivent espèrent.

2. La sénatrice Paloma Valencia, par exemple, héritière historique de l'aristocratie de sa maison, habituée comme toute sa lignée au pouvoir qu'elle a acquis en dépossédant et en réduisant en esclavage les mêmes indigènes qui se lèvent aujourd'hui dans la Minga, a récemment souligné que ce n'est pas une action pacifique puisque le Cauca est "séquestré par les indigènes". Ceux qui ont séquestré le Cauca et toute la Colombie à l'heure actuelle et depuis la conquête, mais y compris toutes les phases de la période républicaine depuis l'indépendance qui a été réalisée pour leur bénéfice sont les gouverneurs, les élites, les corporations économiques et toutes les machines de l'État. Reficar, Odebrecht et le procureur général par intérim, Hidroituango, Fracking, Tala de la Amazonía, le non-respect des accords de paix, les assassinats systématiques de dirigeants et dirigeantes sociaux , la consolidation des territoires mafieux-extractivistes légaux et illégaux, La privatisation de l'éducation et de la santé pour les nier comme des droits et les exploiter comme des affaires, l'impunité pour les criminels reconnus et enrichis de tout cela, à commencer par le leader et chef suprême de tout cet ordre mafieux-fasciste, Álvaro Uribe Vélez... L'Etat et ceux qui le contrôle à l'intérieur et à l'extérieur ont séquestré la Colombie. Dans la Minga, certains et certaines des kidnappés se lèvent pour exiger des droits et des ressources des ravisseurs. Si la Minga se limite à l'accomplissement des promesses du régime criminel, à l'obtention de plus de ressources pour des secteurs particuliers de ce régime et des actions dignes et si, comme ils l'ont déclaré, le blocus est levé si et quand le porte-parole officiel de cette organisation criminelle daigne converser avec les dirigeants de la Minga, dans le meilleur des cas une partie minimale des profits obtenus par la séquestration et la bande de kidnappeurs de Colombie sera partagée avec ceux qui se sont levés et ont bloqué les routes dans le sud-ouest de la Colombie. Même cela n'est pas accepté par cette mafia, cet État avec tous ses complices et ses partisans. L'État colombien est un ordre criminel. Malgré la réalité évidente de cette réalité, même quand on se mobilise, ce n'est pas pour mettre fin à ce régime, pas même pour le reconnaître comme tel en étudiant et en apprenant dans la mobilisation, mais pour en tirer des bénéfices. Afin de le forcer à remplir les fonctions qu'il nous fait croire illusoirement qu'il a, pour lesquelles nous continuons à supposer qu'il existe sans aucune preuve à l'appui. Si Duque va parler à la Minga et se conformer aux exigences et aux ressources que la Minga lui impose, le régime lui accorde un minimum afin de se consolider. La Minga nous enseigne, elle devrait nous apprendre que nous devons abandonner cet ordre meurtrier et arrogant. Si ce que l'on obtient va dans cette direction et nous mobilise, alors la Minga ne fait que commencer et en vaut la peine. C'est la seule chose qui en vaille la peine. La seule façon d'avoir un avenir et de la dignité. Si la Minga se limite à prendre des ressources du régime pour les organisations et les processus du sud-ouest, nous continuerons sous nos ravisseurs et à leur service et nos protestations, dénonciations et insurrections seront tout au plus, pour participer à leurs profits qui découlent de nous voler.

Plus qu'une réponse, ce que nous laisse la Minga est un défi qui exige l'autocritique, la reconnaissance et le dépouillement du régime mafieux qui nous habite, nous reproduisons et défendons des actions cohérentes, diverses, collectives, conséquentes entre toutes et tous sans niveau, pour que surgisse de là un pays de peuples sans propriétaires : soit nous le supposons et nous l'étendons pour la démocratie, la justice, la vie, la paix et le territoire, ou nous utilisons ce discours pour maintenir un ordre mafieux et la bande criminelle au pouvoir. Il ne suffit pas de crier "Vive la Minga !" La Minga doit être vécue, donner la vie. L'assumer comme une résistance consciente et une transformation de l'intérieur et entre nous vers l'extérieur pour qu'elle devienne un défi et une revendication et non une marchandise et un symbole vide de chemin et de changement réel. La réponse dépend de nos connaissances, de notre conscience critique de cet ordre criminel et de l'agenda collectif des diverses alternatives qui en émergent et s'entrelacent pour tout changer et ainsi devenir organisation et action. En chemin. Le chemin de la Minga. Ce n'est que lorsque nous nous consoliderons dans cette direction que notre vocation pour la liberté et la force grandira. Sans conscience ni agenda collectif, nous reproduirons l'ordre mafieux qui nous soumet, nous les hommes et les femmes, même au nom de la Minga, nous continuerons à être séquestrés pour que quelques uns gagnent. Encore une fois, même les paroles et les actions les plus dignes serviront l'empressement patriarcal de dominer quelques-uns de ceux qui gouvernent de haut en bas.

 

Emmanuel Rozental
Pueblos en Camino
 5 avril 2019

traduction carolita d'un communiqué paru sur le site du CRIC le 5 avril 2019

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