Décès du poète Maya K’iche, Humberto Ak’abal

Publié le 4 Février 2019

"Comme sont belles les fleurs des morts que tu as planté dans ton jardin, m'a-t-elle dit. Il y aura ma tombe, lui ai-je dit ; alors quand tu viendras, tu n'auras qu'à verser des larmes", souligne le verset du poème Flores de muerto ( fleurs de mort) de Humberto Ak'abal. De telles poésies, admirées et reconnues dans le monde entier, sont l'héritage que nous a laissé le poète guatémaltèque Humberto Ak'abal, décédé dans la nuit du lundi 28 janvier à l'hôpital Juan de Dios de Guatemala City à l'âge de 67 ans.

Humberto Ak'abal est né à Momostenango en 1952. Il est le poète indigène le plus connu en Europe, aux États-Unis et en Amérique du Sud. Il a toujours pensé et écrit ses poèmes en langue k'iché et les a personnellement traduits en espagnol. Plus de vingt de ses poèmes ont été traduits dans plus de dix langues à travers le monde.

Le poète maya a traduit son œuvre du quiché au castillan dès ses débuts, principalement en raison d'un manque de personnel qualifié. Dans ses déclarations à la presse, il a souligné qu'il se croyait deux poètes en une seule personne, car la traduction, qu'il perfectionnait de plus en plus, le rendait plus bilingue.

La poésie de l'auteur maya s'articule autour de la nature de sa région, ainsi que de thèmes universels, comme l'amour, la vie et la mort, mais vus depuis sa culture. Parmi ses œuvres figurent le livre de poèmes "Ajkem Tzij" (Tisserand de mots), publié par l'UNESCO en 1996 ; son livre "Gardien de la chute d'eau" qui a reçu une nomination pour le Livre de l'année en 1993 et le prix "The Golden Quetzal APG 1993" de l'Association des journalistes du Guatemala.

L'authenticité de sa littérature lui a valu plusieurs reconnaissances, parmi lesquelles le diplôme Emeritissimum de la Faculté des Lettres de l'Université de San Carlos du Guatemala (1995), le Prix international de poésie Blaise Cendrars de Neuchâtel, Suisse (1997), le Prix international de poésie Pier Paolo Pasolini, Italie (2004) et le Prix national de littérature "Miguel Angel Asturias" (2003) qu'il a rejeté pour sa critique raciste. Ak'abal a pris ses distances avec la théorie raciste d'Asturias qui avait déclaré que les peuples indigènes sont responsables du retard du Guatemala et qu'il fallait les " traverser de force pour renouveler leur sang."

Du Fonds pour le Développement des Peuples Indigènes d'Amérique Latine et des Caraïbes (FILAC), nous nous joignons à la famille pour pleurer la perte du poète maya Humberto Ak'abal, une référence en littérature et en histoire. Nous sommes sûrs que sa présence continuera parmi nous à travers ses écrits. C'est pourquoi, aujourd'hui, les peuples indigènes d'Abya Yala lui rendent hommage, pour nous avoir donné sa littérature et pour avoir renforcé et revitalisé les langues indigènes.

Nous sommes convaincus que son départ regrettable, qui coïncide avec le lancement de l'Année internationale des langues indigènes 2019, est un signe pour suivre son exemple et continuer à travailler au renforcement des cultures de nos peuples. Au revoir, frère poète !

traduction carolita d'un article paru sur le site du FILAC le 29 janvier 2019

K’o ku riqa

K’o kuriqa
kintzolqomij ri nube
xa jewa kinnatisaj jun jasach.
We ta xa ta kolon kinbin cho nuwach,
kinkowinte nek’uri kinbij chawe
jas ri’ ri ucholaj ri sachibal jolomaj.

De vez en cuando

De vez en cuando
camino al revés,
es mi modo de recordar.
Si caminara solo hacia adelante,
te podría contar
cómo es el olvido.

De temps en temps

De temps en temps
dans l'autre sens,
c'est ma façon de me souvenir.
Si j'avançais seul,
Je pourrais te dire
à quoi ressemble l'oubli.



Maj uchi’ja

Ri qachoch k’o ta uchi’ja ,
rumal k’o ta sataq qe
man rajawaxik ta katoqaxik,
chupam xwi kokwi ri tew xuwuje ri oj.

Sin puertas

Nuestra casa no tenía puertas,
como no teníamos nada
no necesitábamos trancas,
a ella sólo entraba el frío y nosotros.

Sans portes

Notre maison n'avait pas de portes,
puisque nous n'avions rien
on n'avait pas besoin de serrures,
en elle seulement le froid entrait et nous.

Humberto Ak'abal traduction du castillan carolita

https://desinformemonos.org/murio-el-poeta-maya-humberto-akabal/

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