Brésil/Guyana/ Venezuela - Le peuple Wapishana

Publié le 8 Février 2019

 

Família do Tuxaua Cloves Ambrósio, Maloca Tabalascada, Terra Indígena Tabalascada, Cantá, Roraima. Foto: Orlando Sampaio, 1983

Peuple autochtone qui occupait autrefois la vallée du rio Varicoera, la vallée du rio Tacurú, habitant avec le peuple Macuxi dans la région montagneuse à l’est du Roraima.

Population

Brésil

Roraima – 9441 personnes (2014)

Guyana

6000 personnes (1990)

Venezuela

37 personnes (2011)

13.000 personnes vivent dans l’inter-fleuve des rios Blanco et Rupununi (à la frontière entre le Brésil et le Guyana).

C’est la plus grande population de locuteurs arawak dans le nord-ouest de l’Amazonie.

Les groupes observés au XXe siècle dans la vallée du rio Blanco et la vallée du Rupununi au Guyana :

Vapidiana – Verdadeiro :  chaîne d’Urocaima entre les rios Surumu, Cotinga et Xumina.

Paravilhana : rio Amajari

Tipikeari : rios Uraricoera, Mocaja, Cauamé.

Atoradi : sierra de la Luna

Amariba : Mapidiana et Taruna : vallée du rio Rupununi

Langue : arawak septentrional, 80% des Wapishana parlant la langue nationale avec laquelle ils sont en contacts (le portugais côté brésilien et l’anglais côté du Guyana), 30% parlent le macuxi ou le taurepang (familles linguistiques carib).

Au Guyana

Les communautés Wapishana sont concentrées sur les fleuves Tacutu, Rupununi et Kwitaro, dans la zone limitrophe des monts Kamuku ou le territoire Macuxi et au sud du territoire voisin des Waiwai.

 

La rivière Rupununi By Ivan Mangal - Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=47063032

Une histoire liée au recrutement forcé de main d’oeuvre

Il y a un double processus de colonisation au XIIIe siècle.

Ce peuple est originaire de la vallée amazonienne. Les portugais les approchent par le biais des expéditions destinées à capturer des esclaves. A la fin du XVIIIe siècle ils établissent des colonies de peuplement dans la région. Les néerlandais arrivent dans la région grâce à un réseau d’échange de produits fabriqués par les indiens en esclavage. Après la cession du Guyana aux anglais en pleine guerres napoléoniennes, l’intérieur de la colonie demeure intact. La colonie anglaise est axée sur la production de sucre dans la région côtière ce qui exige une importante main d’œuvre indigène pour remplacer les travailleurs de force africains. Il fallait aussi de la main d’œuvre indigène dans les champs du rio Rupununi où se développait l’élevage du bétail. L’occupation s’accompagne d’un processus violent de recrutement et de localisation de la population indigène. Les épidémies dès les premiers contacts avec les occidentaux contribuent à la dépopulation.

Au XIXe siècle des épidémies de variole commencent dans le rio Negro diffuséee par le rio Blanco.

Dans les années 1920 il y a une grande épidémie de grippe qui se propage au Guyana touchant surtout les peuples indigènes Atorai et Wapishana.

Au XIXe siècle le recrutement forcé de main d’œuvre indigène ne cesse dans le rio Blanco.

A partir de 1950 le recrutement des indigènes s’accroit dans le bas rio Blanco suite à la demande de main d’œuvre pour l’exploitation du caoutchouc et du balata (gomme extraite d’un arbre amazonien connu sous le même nom).

A la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle la colonisation civile des champs du rio Blanco et du Rupununi (contrôlés par les anglais) entraîne l’occupation du territoire Wapishana et le recrutement de travailleurs indigènes dans les haciendas et domaines brésiliens et anglais.

Ils sont toujours affectés par le recrutement d’indigènes (ménage, travail dans les fermes).

Dans les années 1970 jusqu’au début des années 1990 l’exploitation de la main d’œuvre Wapishana touche surtout la population des communautés du côté guyanais suite à la persécution qu’ils subissent sous le régime de Forbes Burham.

Les partis politiques connaissent bien les peuples indigènes

Pendant les périodes électorales au Guyana, les villages indigènes sont intensément assiégés par les partis politiques et l’achat de voix dans les communautés autochtones se fait de plusieurs manières :

- D’homme à homme

- Dans le cas des candidats opérant individuellement avec la distribution d’huile en conserve ou de sardines

- Dans la cas où un parti contrôle l’appareil gouvernemental, les cadeaux profitent à l’ensemble de la communauté indigène. Par exemple lors de la campagne électorale de 1994, presque tous les villages Wapishana sont passés des tracteurs aux antennes paraboliques.

Scolarisation des enfants Wapishana

La scolarité des enfants indigènes du Roraima a commencé dans la première décennie du XXe siècle, elle était dirigée par des missionnaires catholiques. Cette scolarisation n’a pas eu un impact significatif sur les communautés Wapishana et chez les plus anciens qui vivent encore de nos jours, rares sont ceux qui ont fréquenté l’école.

La scolarisation devient systématique au début de la période militaire et des écoles sont créées dans les communautés.

A la fin des années 1990 tous les villages avaient des écoles primaires et l’enseignement secondaire était offert dans la communauté de Malacaheta et dans le centre urbain de Boa Vista.

Índios Wapishana. Foto: Museu Nacional, s/d

Activités de subsistance

La subsistance est assurée essentiellement par l’agriculture qui utilise la technique de l’abattis-brûlis (coivara), un système rotatif consistant à couper et brûler une petite zone de forêt pour la cultiver ensuite. Chaque famille a sa propre chagra (ferme) mais il existe un travail collectif, la minga qui se réunit pour les travaux des champs ou pour la construction des maisons à des fins communautaires, se fondant sur l’aide mutuelle.

Les cultures sont les haricots, le maïs, le manioc qui est l’aliment de base du peuple et qui est transformé en farine, tapioca, entrant dans la composition de boissons spéciales, la chicha ou caxiri, le pajúaru et la saborúa.

Les haricots font partie des plats quotidiens, le maïs est consommé sous sa forme naturelle ou en produits dérivés.

Des ressources complémentaires sont recherchées grâce à la chasse et la pêche. Ces dernières sont pratiquées de nos jours avec des ustensiles non indigènes comme les hameçons, les filets de pêche et les armes à feu.

La collecte et l’extraction de produits végétaux concernent surtout le bacaba, le buriti et l’aza (açaï), tous fruits des palmiers amazoniens.

L’élevage collectif est important et géré par le tuxawa (cacique) de chaque maloca. Un élevage de moutons et de porcs est aussi géré par la cellule familiale.

Índio Wapishana produzindo um cesto, Roraima. Foto: Padre Silvano Sabatini , s/d

Cosmovision et force créatrice de la parole

Ils disent qu’au début « quand le ciel était proche, tout parlait, c’était puri (magie) parce que le langage était unique,  ciel et terre alors indifférenciés, de même que les êtres qui y habitaient. Ce monde d’origine était très malléable et la force de sa docilité était le mot : avant qu’on ne parle et que les choses se transforment. Maintenant tout est fini. »

Le mot efficace et créatif a généré des changements continus qui ont donné au monde la forme qu’il a encore aujourd’hui : cascades, rivières, montagnes créés lors de batailles verbales opposant les démiurges. Le temps d’avant est perdu. Le monde tel que nous le connaissons aujourd’hui nous apparaît comme l’inverse de la plasticité originelle, le monde est prêt et il est difficile. Il résiste à l’intervention humaine.

Selon les Wapishana la raison en est que la parole a perdu sa force productive, la propriété originelle de toute parole. Sa magie ne se manifeste qu’aujourd’hui que dans les discours rituels.

La mort

Pour ce peuple la mort est conçue et déclarée chez une personne lorsqu’il y a cessation total de la respiration, des pulsations et de la parole. Des symptômes qui peuvent se manifester sans être définitifs (évanouissements, comas alcooliques, autres types de défaillances de conscience) ils sont désignés par le même verbe maokan, mort.

Le destin après la mort ne fait pas l’objet de nombreuses explications. « personne ne sait où va udorona » et à la mort ce qui ne dure plus c’est la personnalité.

Autrefois le corps du défunt était enterré dans sa propre maison qui était abandonnée par les proches. Cette forme-là n’est plus utilisée car ils ont à présent des cimetières dans les environs du village.

Le chaman

On le nomme marinao et ses chansons sont les marinaokanu. Les chants chamaniques sont classés sous l’expression « upurz karawaru = torrent de marinao.

Le principe vital du marinao est relié à son corps au moyen de ce chant-torrent.

L’initiation du chaman dépend de l’ingestion nasale et orale de certains types de plantes, wapananimao, considérées comme magiques car elles possèdent le don de la chanson.

Au cours d’une séance de guérison, le chaman s’adresse à la fois à l’âme du patient et à l’entité qui l’a fait emprisonner car c’est là, la raison de sa maladie.

Source : institut socioambiantal

Terres indigènes au Brésil (état du Roraima)

  • T.I Ananás - 1769 hectares, 9 personne, réserve homologuée. Ville : Amajari. 2 peuples y vivent : Macuxi (langue karib) et Wapichana (langue arawak)
  • T.I Anaro - 30.473 hectares, 42 personnes, réserve homologuée. Ville : Amajarí.
  • T.I Anta - 3173 hectares, 183 personnes, réserve homologuée. Ville : Alto Alegre. 2 peuples y vivent : Macuxi (langue karib) et Wapichana (langue arawak).
  • T.I Araça - 50.018 hectares, 2016 personnes, réserve homologuée. Ville : Amajari. 2 peuples y vivent : Macuxi (langue karib) et Wapichana (langue arawak).
  • T.I Barata/livramento -12.883 hectares, 710 personnes, réserve homologuée. Ville : Alto Alegre. 2 peuples y vivent : Macuxi (langue karib) et Wapichana (langue arawak).
  • T.I Bom Jesus - 859 hectares, 58 personnes, réserve homologuée. Ville : Bonfim. 2 peuples y vivent : Macuxi (langue karib) et Wapichana (langue arawak).
  • T.I Canauanim - 11.182 hectares, 1338 personnes, réserve homologuée. Ville : Cantá. 2 peuples y vivent : Macuxi (langue karib) et Wapichana (langue arawak).
  • T.I Jaboti - 14.210 hectares, 405 personnes, réserve homologuée. Ville : Bonfim. 2 peuples y vivent : Macuxi (langue karib) et Wapichana (langue arawak).
  • T.I Jacamim - 194.393 hectares, 1538 personnes, réserve homologuée. Villes : Bonfim, Caracaraí.
  • T.I Malacacheta - 28.631 hectares, 1013 personnes, réserve homologuée. Ville : Cantá.
  • T.I Mangueira - 4063 hectares, 93 personnes, réserve homologuée. Ville : Alto Alegre. 2 peuples y vivent : Macuxi (langue karib) et Wapichana (langue arawak).
  • T.I Manoá/Pium - 43.337 hectares, 2741 personnes, réserve homologuée. Ville : Bonfim. 2 peuples y vivent : Macuxi (langue karib) et Wapichana (langue arawak).
  • T.I Moskow - 14.212 hectares, 712 personnes, réserve homologuée. Ville : Bonfim.2 peuples y vivent : Macuxi (langue karib) et Wapichana (langue arawak).
  • T.I Muriru - 5555 hectares, 156 personnes, réserve homologuée. Villes : Bonfim, Cantá.
  • T.I Pium - 4607 hectares, 325 personnes, réserve homologuée. Ville : Alato Alegre. 2 peuples y vivent : Macuxi (langue karib) et Wapichana (langue arawak).
  • T.I Ponta da serra - 15.597 hectares, 315 personnes, réserve homologuée. Ville : Amajari. 2 peuples y vivent : Macuxi (langue karib) et Wapichana (langue arawak).
  • T.I Raimundão - 4276 hectares, 385 personnes, réserve homologuée. Ville : Alto Alegre. 2 peuples y vivent : Macuxi (langue karib) et Wapichana (langue arawak).
  • T.I Raposa Serra do Sol - 1.747.464 hectares, 23.119 personnes, réserve homologuée. Villes : Normandia, Pacaraima, Uiramutã. 5 peuples y vivent : Ingarikó (langue karib), Macuxi (langue karib), Patamona (langue karib), Taurepang (langue karib), Wapichana (lange arawak).
  • T.I São Marcos - 654.110 hectares, 5838 personnes, réserve homologuée. Villes : Boa Vista, Pacaraima. 3 peuples y vivent : Macuxi (langue karib), Taurepang (langue karib) et Wapichana (langue arawak).
  • T.I Serra da moça - 11.626 hectares, 697 personnes, réserve homologuée. Ville : Boa Vista.
  • T.I Sucuba - 5983 hectares, 343 personnes, réserve homologuée. Ville : Alto Alegre. 2 peuples y vivent : Macuxi (langue karib) et Wapichana (langue arawak).
  • T.I Tabalascada - 13.014 hectares, 810 personnes, réserve homologuée. Ville : Cantá. 2 peuples y vivent : Macuxi (langue karib) et Wapichana (langue arawak.
  • T.I Truaru - 5653 hectares, 413 personnes, réserve homologuée. Villes : Alto Alegre, Boa Vista.

source : pib.socioambiental.org

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Wapishana, #Brésil, #Guyana, #Venezuela

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