Une autre version du mythe de la création des Tehuelche

Publié le 27 Janvier 2019

Les Tehuelches sont divisés en deux grands groupes : ceux du Nord et ceux du Sud. Les premiers vivaient dans une vaste région allant de la rivière Chubut en Patagonie, en Argentine, à la région de la pampa incluse ; les seconds avaient leurs territoires traditionnels au sud de la rivière Chubut, jusqu'au détroit de Magellan. Ce mythe de Tehuelche a été repris et adapté de la page web du Portail Patagonien :

Les Tehuelches disent que la Patagonie n'était que glace et neige quand le cygne l'a traversée, volant pour la première fois. Il venait d'outre-mer, de l'île divine où Kóoch avait créé la vie et où Elal était né, qu'il portait sur son dos blanc pour le déposer au sommet du mont Chaltén.
Ils disent aussi que derrière le cygne volaient le reste des oiseaux, que les poissons les suivaient dans l'eau et que les animaux terrestres traversaient l'océan à bord de l'un et l'autre. C'est ainsi que la nouvelle terre fut peuplée de guanacos, de lièvres et de renards ; canards et flamands roses occupèrent les lagons et traversèrent pour la première fois le ciel nu de Patagonie les chingolos (bruants), les chorlos (pluviers) et les condors. C'est pourquoi Elal n'était pas seul dans le Chaltén ; les oiseaux lui apportaient de la nourriture et l'abritaient parmi leurs douces plumes. Pendant trois jours et trois nuits, il resta au sommet, contemplant le désert gelé que sa lignée de héros allait transformer à jamais.

Quand Elal a commencé à descendre le flanc de la montagne, Kókeshke (le froid) et Shie (la neige) l'ont rencontré. Les deux frères qui jusque-là dominaient la Patagonie l'attaquèrent furieusement, aidés par la glace et par Máip (le vent meurtrier). Mais Elal a chassé tout le monde en frappant deux pierres qu'il s'est penché pour ramasser, et c'était sa première invention : le feu.
On dit qu'Elal était toujours sage, qu'il savait depuis son plus jeune âge chasser les animaux avec l'arc et les flèches qu'il avait inventés lui-même. Qu'il a chassé la mer avec ses flèches pour élargir la terre, qu'il a créé les saisons, apprivoisé les bêtes sauvages et ordonné la vie. Et qu'un jour, en modelant des statues d'argile, il créa des hommes et des femmes : les tehuelches. Aux Chónek, il leur confia les secrets de la chasse ; il leur enseigna à différencier les traces des animaux, à suivre la piste et à leur mettre l'appât ; à fabriquer les armes et à allumer le feu. Ainsi que pour faire des quillangos, préparer le cuir pour les auvents, le laisser lisse et imperméable... et tant d'autres choses que lui seul savait.

Ils disent que même la lune et le soleil sont là où ils sont à cause du travail d'Elal, qui les a chassés de la terre parce qu'ils ne voulaient pas donner leur fille pour femme. Que la mer grandit avec la nouvelle lune parce que la fille, abandonnée par le héros dans l'océan, veut approcher le ciel, d'où sa mère l'appelle.
Aussi que si ce n'était pas pour une fois, il y a longtemps, quand les hommes et les animaux étaient la même chose, Elal punissait un couple d'otaries, il n'y aurait ni désir ni mort. Finalement Elal, le sage, protecteur des Tehuelches, finit son travail. Ils disent qu'un jour, peu avant l'aube, il a rassemblé les chónek pour leur dire au revoir et leur donner les dernières instructions. Il leur annonça qu'il partait, il leur demanda de ne pas lui rendre les honneurs, mais de transmettre ses enseignements à ses enfants, et ceux-ci aux leurs, pour que les secrets des Tehuelche ne meurent jamais. Et quand le soleil se profilait déjà à l'horizon, Elal appela le cygne, son vieux compagnon. Il est monté sur le dos et a fait un geste vers l'est brûlant. Puis le cygne s'est éloigné de la falaise, a couru un bout droit et a survolé la mer.

Incliné sur l'oiseau qui le portait et lui caressant le cou, Elal lui demanda de lui faire savoir quand il était fatigué. Quand le cygne s'est plaint, Elal a tiré une flèche vers le bas et avec chaque flèche une île s'est levée dans l'eau où il était possible de se reposer.
On dit que plusieurs îles peuvent encore être distinguées sur la côte patagonienne et qu'Elal vit dans certaines d'entre elles très éloignées, là où aucun homme vivant ne peut aller. Assis devant des feux qui ne s'éteignent jamais, il écoute les histoires que lui racontent les Tehuelches qui reviennent de temps en temps pour rester avec lui, guidé par le magnanime Wendéunk (esprit tutélaire qui suit les actions des Tehuelches et les conduit, après leur mort, pour rencontrer Elal).

traduction carolita du site mitos latinoamerica

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article