Venezuela : Le peuple Añú

Publié le 6 Décembre 2018

By jaimeluisgg - Own work, CC BY 1.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=26539421

Peuple autochtone du Venezuela qui est un des 5 peuples indigènes de l’état de Zulia avec les Bari, les Yukpa, les Wayuu et les Járeria. Il s’agit du 2e peuple le plus nombreux du pays.

Population : 17.500 personnes

Langue : añú de la famille des langues arawak, en cours de revitalisation.

Le mot añú  = peuple de l’eau ou peuple de la mer.

Leur autre nom est paraujanos = habitants de la côte de la mer, ce nom vient d’un nom donné par leurs voisins Wayuu.

Leur autodésignation est laguna, ce mot est assez répandu.

Localisation

Ils vivent dans les municipalités de la Guajira : Mara, Almirante Padilla, Rosario de Perijá (Barranquita), et de Maracaibo dans l’état de Zulia.

La plus grande partie de la population vit dans la lagune de Sinamaica (5492 habitants).

Une autre partie de la population vit à San Rafael de El Mojan dans la municipalité de Mara.

Dans la commune d’Almirante Padilla : île de Toas, île Maraca, île Zapara, San Carlos et île de Sabaneta.

Dans la municipalité de Maracaibo à Santa Rosa de Agua.

image

Ils sont menacés par la fragilité de leur écosystème un lagon de mangroves, par la perte progressive de la langue et de certains éléments culturels, par des conditions de vie précaires qui provoquent des tensions chez le peuple et par des animaux qui affectent leur vie.

lagune de Sinamaica De Fabricio Sarmiento - Trabajo propio, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=17960392

Mode de vie

Ressources

Leur économie de base est liée à la pêche et à l’agriculture. Ce sont les hommes qui pratiquent les deux et l’agriculture se transmet de père en fils.

Les femmes coupent les joncs et d’autres végétaux de la mangrove pour faire du tissage dont elles peuvent tirer des revenus mais qui restent malgré tout insuffisants pour subvenir aux besoins de la famille.

Ils chassent les oiseaux sauvage, dont la yaguaza (dendrocygne arborea ou des Antilles).

Habitat

La maison traditionnelle est toujours utilisée de nos jours, elle est en bois de mangrove et en nattes, elle est construire sur l’eau environ à 2 mètres au-dessus du niveau de l’eau. On la nomme palafito car elle est construite sur des pieux. Ce sont des maisons très typiques de Sinamaica et Santa Rosa de Agua.

Artisanat

Le tissage des fibres entre dans la composition de tapis qui servent en tant que murs et de toit des palafitos, d’accessoires comme les paniers, des figures d’animaux, de nattes, de chapeaux, de palmes et d’éventails.

Les hommes travaillent le bois de mangle (palétuvier rouge) pour construire les maisons sur pilotis, les canots.

Les végétaux utiles à l’artisanat domestique sont amishy (cordia alliodora aussi nommé bocote), la marishy ou totora (enea, genre typha) .

Vocabulaire

Agnou / Añú : peuple de la côte maritime.

Arouyouou / Aruyuu : Dieu créateur.

Warushar : la Lagune

Meikol: moustique.

Baqueta : Tige avec une pointe effilée

4 danses du peuple Añú

 

1 - Le Chasseur à l'arc : Un homme armé d'une flèche et d'un arc poursuit un autre homme déguisé en animal, sautant haut et courant jusqu'à épuisement, pour finir ensemble en buvant l'eau du même jagüey.

2 - La Danse des Cuadrupèdes : un homme courbé saisit la taille d'un autre et se couvre d'une couverture de fourrure, ressemblant à un tapir ou à un cerf avec un torse humain.

3. La Danse des clochettes : pratiquée par des femmes ornées de maracas, faites de taparas et de pivoines et de multiples colliers de graines et de pierres diverses, les faisant sonner au rythme incessant de leur corps, bercé comme des palmiers.

4. La Danse des roseaux : la communauté, hommes, femmes et enfants, marchent en rangées circulaires, jouant des flûtes ancestrales imitant les sons du vent parmi les grands arbres de la selva tropicale. Avec cette danse on célèbre l'arrivée des pluies qui annonçaient de bonnes récoltes (le Carrizo est une flûte construite avec une canne et sa pointe a une moitié de tapara qui lui donne une sonorité spéciale).

traduction carolita du site desde mi palafito

 

source : wikipedia

ci-dessous des images et une traduction sur les revendications du peuple (2015)

navigateur Añú By Leonfd1992 - Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=25273762

 

femme Añu et barque By Leonfd1992 - Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=27565772

petite fille dans les installations de la finca Bravo dans la Cañada de Urdaneta état de Zulia By Douglas9704 - Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=32579295

 

une petite fille Añu montrant un échantillon de l'artisanat de son peuple By The Photographer - Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7406216

 

 

palafitos  By Leonfd1992 - Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=27565586

La dette du Venezuela avec le peuple Añú

Traduction d'un article de 2015

Le peuple indigène Añú possède une série de caractéristiques qui le rendent unique dans la géographie humaine du pays. En premier lieu, nous devons dire que l'Añú est totalement vénézuélien, puisque tout son territoire et tous ses descendants se trouvent sur le territoire actuel de la République bolivarienne du Venezuela.

Deuxièmement, c'est le peuple Añú qui reçut directement l'invasion européenne depuis l'arrivée des premiers émissaires de la monarchie castillane, face à une guerre de résistance qui dura plus d'un siècle, du 24 août 1499 avec le premier assaut d'Alonso de Ojeda, à la razzia exécutée par les banquiers allemands appelés Belsares, et à la chute du cacique Nigale le 23 juin 1607, contre les troupes de l'aigri Juan Pacheco Maldonado. Ce furent 108 ans de tentatives espagnoles pour s'emparer du lac Añú.

Malgré l'extermination, l'esclavage et l'assujettissement auxquels il a été soumis, l'Añú a survécu en s'accrochant à ses côtes Maracariberas. Le XXe siècle a vu l'arrivée de l'ère pétrolière et avec elle l'urbanisation désordonnée, la pollution et le pillage.

La nation Añú a été la plus touchée par l'industrie pétrolière, avec la destruction de son habitat ancestral, le lac Maracaibo. Le 13 novembre 1939, le racisme anti-Añú atteint son apogée, lorsque les transnationales et la dictature provoquèrent l'"incendie des Lagunillas", qui détruisit 1 200 maisons palafitos dans l'ancestral Paraute, un village Añú vieux de milliers d'années.

Personne ne s'est donné la peine de compter les morts, ni les déplacés, ni les endeuillés. Ils n'avaient pas fini de séparer les ruines, que les concessionnaires foraient déjà de nouveaux puits et érigeaient les murs qui transformeraient le lac en un être distant, étranger et inconfortable.

Quelque chose de semblable s'est produit avec l'industrie du ciment qui a détruit l'île de Toas, l'industrie pétrochimique qui a empoisonné la baie d'El Tablazo, le chenal de navigation qui a augmenté la salinité des sols et des aquifères, l'extraction du charbon qui frappe les forêts et les bassins versants, et tous les égouts du bétail que le chaos urbanistique jette dans l'estuaire sans compassion.

Même la Constitution de 1999 n'a pas compensé la dette de nos énormes sacrifices. Certains intérêts cachés ont empêché la démarcation de notre habitat, à commencer par la bureaucratie "indigène", si bien organisée pour profiter de la prédominance de l'ignorance et du mensonge.

L'Añú ne s'intéresse pas à cette petite question du nom du Venezuela, mais il est vrai qu'il est né ici, de la ressemblance qu'Américo Vespucio a vue entre nos communautés et la Venise italienne. Ni que la Chinita a été trouvée par un vieil Añú, ni que la gaita et tous les airs musicaux de la Zulia ont des racines Añú.

L'essentiel dans le sauvetage de notre histoire, de notre être, de notre existence, c'est le droit d'avoir un avenir, sans que d'autres sages plagient ce qui nous appartient.

cacique nigale

L'ordre du jour de la lutte du peuple Añú en ce moment passe par :

1) La reconnaissance de ces vérités historiques par l'État national, 2) La délimitation urgente de notre habitat, 3) La mise en œuvre urgente d'un plan de sauvetage, de réévaluation et de revitalisation du peuple Añú, 4) La reconnaissance de l'ethnocide provoqué par les compagnies pétrolières (exemple du feu Paraute) et 5) Pour compenser tous ces dommages causés par la chute des Añú.

 

1) L'État national doit reconnaître la préexistence du peuple Añú dans la région du lac Maracaibo, sa lutte de résistance anticoloniale qui a duré plus d'un siècle, ses communautés détruites et réduites en esclavage, ses héros et martyrs, ses caciques comme Nigale et Telinogaste, et toutes les contributions dûment documentées que nous avons faites à l'histoire nationale.

2) Délimitation de l'habitat. Il convient de noter que l'ordre constitutionnel visant à délimiter le territoire indigène du peuple Añú qui n'a pas été respecté. Quinze années se sont écoulées et les autorités compétentes n'ont pas levé le petit doigt. Cette négligence supplémentaire de la bureaucratie "indigéniste" est coupable de nombreux abus et infractions qui continuent d'être commis contre la nation Añú, et qui est la cause de la manipulation que certains intérêts anti-nationaux font de la question indigène dans la zone frontalière nord de Zulia.

 3) Il est urgent de mettre en œuvre un Plan Intégral Socialiste de Sauvetage  des Añús ce qui implique de réévaluer l'estime ethnique, le sentiment d'appartenance et de revitaliser la langue et la culture ancestrales. La bureaucratie "indigéniste", qui prospère et s'empare des sièges usurpés par le peuple Añú, manque de connaissances et d'autorité morale pour cette tâche difficile. Seule la force organisée des descendants légitimes du Cacique Nigale rendra cette utopie possible.

4) La reconnaissance de l'ethnocide de l'Etat national en 1939 à Paraute est un point d'honneur pour cette lutte historique. Un processus de réflexion doit remplir l'opinion publique pour que tout ce qui s'est passé le 13 novembre puisse être clarifié. La vérité émergera des eaux ardentes, comme les esprits de ces frères flagorneurs.

 5) Cette indemnisation commence par l'admission de l'acte ethnocidaire, la revendication du nom de Paraute sur le site, l'érection d'un monument aux victimes selon la décision des descendants Añú, un financement spécial répondant aux attentes du peuple Añú pour rendre viable le Plan envisagé au point 3 et des activités productives qui garantissent l'autonomie et la viabilité des générations futures d'Añú.

Une longue lutte a commencé pour nos ancêtres il y a plus de cinq cents ans, minimisée ou niée par les élites dominantes ; il est temps de régler nos comptes avec l'histoire.

Yldefonso Finol

 

Guerrier Añú

traduction carolita d'un article paru sur site en lien ci-dessous le

https://www.alainet.org/es/articulo/169739

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Venezuela, #Peuples originaires, #Añú

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