Poésie amérindienne : Nadia López Garcia
Publié le 21 Décembre 2018
Etre jeune et indigène, c'est résister doublement : Nadia Lopez
"Je suis une femme, une indigène, une migrante et une jeune personne, toutes les caractéristiques qui n'augurent pas d'un futur limpide ". Nadia López García, poète bilingue (tu´un savi-español), a souligné qu'elle s'efforce d'éradiquer l'histoire du racisme, de la violence et de la discrimination dont elle a été proche, afin que les peuples indigènes ne craignent pas de réaffirmer leurs origines.
"Changer nos histoires de pauvreté, de tristesse et de discrimination en histoires de triomphe, de solidarité et de succès. Etre jeune, c'est résister et être jeune et indigène, c'est résister doublement ", a déclaré la traductrice et pédagogue de l'UNAM, lauréate du Prix national de la jeunesse 2018 dans la catégorie Renforcer la culture indigène.
Elle a grandi avec le stigmate du racisme et de la violence subis par sa mère parce qu'elle parlait sa langue maternelle et parce qu'elle vivait la situation difficile d'être une fille migrante qui n'avait pas son propre foyer. "Je ne comprenais pas grand-chose, mais j'ai réalisé que le Mexique est très diversifié." Elle a vécu avec des enfants de tous les états et a grandi entre la culture de la fraise, de la tomate et du concombre en Basse Californie, et la pizza dans le Sonora et l'Oaxaca.
L'UNAM a toujours été son rêve, rencontrer Rosario Castellanos en cours d'espagnol a été son inspiration, "J'adore écrire, je voyais ça comme quelque chose de difficile et de lointain mais pas impossible", a-t-elle dit.
Son plus grand défi n'était pas d'avoir réussi l'examen d'entrée à l'université, mais de déménager sa vie dans une autre ville et de changer son avenir, "pas même dans mes rêves les plus fous je n'ai imaginé ce que j'ai réalisé aujourd'hui, mais je sais que c'est le résultat d'un dur labeur, de constance et de persévérance", dit-elle.
Surmonter l'adversité et ne jamais abandonner sont les ingrédients principaux pour réaliser ses rêves. Pour la diplômée de la Faculté de Philosophie et des Lettres de la Maison des Etudes, son objectif est de travailler pour avoir un Mexique plus juste non seulement avec les peuples originaires, mais avec la multiethnicité de ce pays.
En ce sens, López García a affirmé qu'elle rêve d'influencer les politiques éducatives des peuples indigènes et d'être un pont entre les communautés et les organismes chargés de le faire.
Elle travaille actuellement sur un recueil de poèmes pour enfants qui traite des types de violence qu'ils subissent et qui passent inaperçus ; en fait, le prix reçu l'aidera à terminer son édition, qui pourrait être publiée au cours du premier trimestre de 2019.
Aussi, du 9 au 29 novembre, la poétesse participera en tant qu'animatrice d'atelier au Salon International du Livre pour l'Enfance et la Jeunesse (FILIJ) 2018, où elle enseignera le vocabulaire aux enfants, " Je veux semer la graine qu'ils peuvent apprendre une autre langue, travailler pour un Mexique plus juste et moins raciste ", a-t-elle déclaré.
Traduction carolita d'un article paru sur Desinformémonos le 1er novembre 2018
/https%3A%2F%2Fdesinformemonos.org%2Fwp-content%2Fuploads%2F2018%2F10%2F7192.jpg)
Ser joven e indígena es resistir doblemente: Nadia López
"Soy una mujer, indígena, migrante y joven, todas las características que presagian un futuro poco alentador". Destacó Nadia López García, poeta bilingüe (tu´un savi-español), quien trabaja...
https://desinformemonos.org/joven-e-indigena-resistir-doblemente-nadia-lopez/

Elle est née à Tlaxiaco, Oaxaca, Mexique en 1992. Poétesse mexicaine bilingue Tu'un-savi/espagnol.
Elle a collaboré avec l'organisation de la Première rencontre mondiale de poésie des peuples indigènes, elle a dirigé des ateliers de création en poésie pour les enfants et les migrants.
Son travail apparait dans ces espaces : Tierra Adentro, Punto de Partida, La Jornada, Circulo de poesía.
Son livre écrit en mixtèque en 2018 ñúu vixo/Tierra mojada a obtenu le prix de la création littéraire en langues originaires Cenzontle en 2017. Ce livre rend hommage aux femmes mixtèques.
Elle a aussi reçu en 2018 le prix de la jeunesse dans la catégorie Renforcer la culture indigène.
Yeux
Ma mère dit que j'ai les yeux de mon arrière-grand-mère.
Je me souviens de ses yeux quand elle nettoyait le maïs.
Plusieurs fois je l'ai vue pleurer,
elle pleurait quand elle cuisinait,
quand elle chantait,
quand elle mettait le café.
C'est vrai, je lui ai demandé
Pourquoi pleures-tu autant ?
Et elle m'a dit, comme ça, sans cesser de pleurer :
parce que nous avons des rivières en nous
et parfois elles sortent, tes rivières ne poussent pas encore,
mais bientôt elles le feront.
Maintenant, je comprends tout,
maintenant j'ai des rivières en moi
et dans mes yeux.
Ojos
Mi madre dice que tengo los ojos de mi bisabuela.
Recuerdo sus ojos mientras limpiaba maíz.
Muchas veces la vi llorar,
llorar cuando cocinaba,
cuando cantaba,
cuando ponía café.
Es cierto, le pregunté
¿por qué lloras tanto má?
Y ella me decía, así, sin dejar de llorar:
porque nosotras tenemos ríos adentro
y a veces se nos salen, tus ríos aún no crecen,
pero pronto lo harán.
Ahora lo comprendo todo,
ahora tengo ríos en mí
y en mis ojos.
YAA II ÑÀ’AN
Ñà’an kù’ù, ñà’an nikanchii,
ñà’an saa;
ntakóó nta’áku ra tsito na´an
ñuu ra ntii.
Ntakuatu yo ora matzanu ra patzanu,
kuun ñu’ú
nuu káka, ntuchinuu
kunchee ra niì
yoo kusu ana.
Ká’an tsi sutsa vixi, ruda ra tuyutsa,
ká’an tsi yaa ii kusu
antivi ra yuku.
Ñà’an tachi, kaki tsá’a káká ta´vi yoo
ra káki kunchee ichi ñu´ú.
Nadia López Garcia
Traduction de l'espagnol carolita
https://circulodepoesia.com/2018/06/xochitlajtoli-nadia-lopez-garcia/