Equateur : La Nationalité Panzaleo

Publié le 13 Novembre 2018

 

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PANZALEO, nationalité de la Sierra

 

Peuple autochtone d’Equateur qui fait partie de la nationalité Kichwa des hautes terres équatoriennes et qui vit dans la province de Cotopaxi dans les cantons suivants :

Canton de Latacunga : paroisses Eloy Alfaro, Igancio Flores, Juan Montalvo, Buena Ventura, Alaques, Belisario Quevedo, Gauytacana, José Guango bajo, Mulato, 11 se septiembre, Poaltó, San Juan de Pastocalle, Tanicuchi, Toacazo.

Canton de La Maná : paroisses de La Manú, Huasanga, Pucayacu, Pangua, El Corazón, Moraspungo, Pollopata, Ramón Campaña.

Canton de Pujilií : paroisses de Pujilí, Angamarca, Guangaje, La Victoria, Pilaló, Tingo, Zumbagua, Salcedo, San Migurl, A.José Holguín, Cusubamba, Mulalillo, Milliquindil, Panzaleo.

Canton de Saquisilí : paroisses de Saquisilí, Canchahua, Chantilín, Cochapampa, Sigchos, Chugchilán, Isivilí, Las Pampas, Palo Quemado.

 

sur la carte n° 11

 

Langue : kichwa.

La langue panzaleo, non classifiée, est éteinte depuis le 17e siècle.

Autre nom du peuple : Kichwa Cotopaxi

Population : 8738 personnes regroupées dans 850 communautés.

 

La culture Panzaleo

 

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Cette ancienne culture andine occupa initialement les territoires situés entre Quito et Riobamba et plus tard s’étendit aux régions amazoniennes de Quijos, Archidona et Baeza.

Pedro Cieza de León est le premier chroniqueur à signaler l’existence de ce groupe ethnique en 1553 soulignant qu’il ne se limitait pas à l’allée inter-andine mais que les habitants s’étendaient jusqu’à la côte et l’Amazonie.

Les preuves archéologiques (céramique, bols, figures anthropomorphes présentent des caractéristiques très particulières dans leur qualité et leur décoration, basée sur la peinture positive et utilisant les couleurs rouges et blanches, avec des incisions et des ornementations où se distinguent les représentations humaines et zoomorphes.

Ils ne semblaient pas avoir de connaissances métallurgiques très approfondies, malgré cela il existe des objets en cuivre (haches, tupas, ornements en argent). Les armes étaient les armes habituelles dans les Andes (haches en cuivre et en pierre, casse-têtes, lances, frondes).

Les ancêtres panzaleos se nourrissaient principalement des ressources agricoles et profitaient de la fertilité des terres de la région inter-andine où ils vivaient. Le régime était complété par le gibier et le poisson obtenus dans les échanges commerciaux aves les peuples de la côte et de l’est.

 

Organisation sociopolitique

 

Le noyau organisationnel de la culture Panzaleo est l’ayllu formé par des parents, enfants, grands-parents et arrière-grands-parents respectant l’arbre généalogique. L’autorité formelle appartient au Conseil comprenant le président, le vice-président, le secrétaire, le trésorier, le fiduciaire et des membres nommés par l’Assemblée Générale de la communauté. L’autorité suprême est l’Assemblé Générale où sont prises toutes les décisions cruciales pour la communauté.

 

Economie

 

Les principales ressources proviennent de l’agriculture, de l’élevage, de l’artisanat, de l’éducation.

Les plantes cultivées sont le maïs, l’orge, le blé, les pommes de terre, les oignons, le melloco, l’ail.

Ils élèvent des moutons, des porcs, des bovins pour les marchés provinciaux. Le travail communautaire est réalisé à travers la minga reflétant l’esprit communautaire et solidaire de la population.

 

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Festivités

 

Les Panzaleos célèbrent la fête du Corpus Christi avec des danses et des vêtements traditionnels, des instruments de musique indigènes (churo, flûte, rondador, cor, pingullo, harpe, violon). La transmission des connaissances se fait oralement de génération en génération et cela contribue à préserver l’identité.

 

Corpus Christi

 

Tenue vestimentaire

 

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Les vêtements traditionnels andins reflètent les influences espagnoles. En 1572, les Espagnols ont interdit aux Kichwas de porter des robes et des capes incas afin d’affaiblir leur identité culturelle et politique car les vêtements étaient un symbole important de leur statut et de leur lignée. Les espagnols ont imposé des vêtements faisant partie d’un processus plus large de colonisation et d’assimilation culturelle cherchant à remplacer les traditions andines par les leurs.

Actuellement, le vêtement typique des Panzaleo se caractérise par des textiles colorés et des ponchos en laine traditionnelle, ils sont très populaires et cousus pour un usage locale et pour le commerce touristique.

Les femmes portent des jupes qui ont remplacé l’anaco et le châle brodé et frangé a remplacé la fachalina qui était un petit châle couvrant le dos noué avec un noued au niveau du cou.

Les femmes indigènes de Salcedo portent encore l’anaco, le rebozo et le long jupon.

Les femmes de Zumbahua et Tigua portent la même tenue, c’est-à-dire jupe brodée, châle à franges, chapeau à plumes, les femmes portent aussi des espadrilles.

Le chapeau des femmes panzaleos se distingue par la plume colorée porté sur le côté droit du chapeau. On dit que cela signifie l’autorité, certains disent que le chapeau à plume n’est utilisé que par des femmes célibataires ou bien comme signe d’identité.

Les hommes portent un pantalon, une chemise et un poncho tissé, ainsi que des espadrilles et des chaussures de ville.

 

Musique

 

C’est une combinaison de chants et sons de flûte traditionnelle exprimant la richesse culturelle de la langue quechua.

La religion combine des éléments précolombiens et catholiques avec des croyances dans les forces surnaturelles influençant la vie quotidienne. Ils font des offrandes à la Pachamama.

Alimentation

 

Les ressources de base utilisées dans la cuisine quotidienne comporte des produits cultivés par les Panzaleos, l’orge, le blé, le quinoa, les pommes de terre, les lentilles, les haricots. La viande est celle d’agneau, de cochon d’inde, de lapins sauvages. Les pommes de terre et le quinoa sont des éléments essentiels. Pour les fêtes, le plat typique est la salamanca (cuisson sur des pierres chaudes).

Le mote con fritada est le plat typique de la cuisine panzaleo mais également de tous les Kichwas de la Sierra. L’ingrédient principal est le porc frit. Le mote est un ingrédient incontournable pour la fritada accompagné de plantain mûr, de salade et de pain grillé.

Le mote : ce sont des grains de maïs bouillis, servis pelés en garniture accompagnant le hornado, la fritada, et utilisé dans les bouillons.

Le cochon d’inde rôti accompagné de pommes de terre est également un plat courant.

Le cochon d’inde (cuy en espagnol) est une espèce domestiquée à l’époque inca et utilisée en sacrifice comme offrande aux dieux de la nature. Il est apprécié dans la cuisine car sa chair est très savoureuse, elle a une teneur élevée en omégas 3 et peut-être préparée de différentes manières.

 

Artisanat

 

Le textile issu de la laine de lama et mouton est très important dans la confection des vêtements. Des compétences en tissage sont de plus en plus demandées par le tourisme et l’exportation.

 

Relations

 

La cour et le mariage impliquent des rituels complexes. Les jeunes se rencontrent lors des festivités et les familles négocient les dons pour le mariage. La famille joue un rôle crucial dans la vie quotidienne, la taille souhaitée pour le nombre d’enfants d’un foyer est de 3 ou 4.

Sources : CONAIE.org, ec.viajandox.com, enciclopedia delecuador.com, lahora.com,

Histoire relative à la nationalité Kichwa des hautes terres équatoriennes

 

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Cette nationalité s’est implantée dans tout le haut plateau équatorien y compris dans d’autres régions en raison de mouvements migratoires des différents peuples qui la composent.

Les Kichwa des Hautes terres équatoriennes se sont implantés dans les provinces suivantes :

►Carchi où était installé le peuple Pastos ;

►Imbabura : implantation des nationalités Otavalo, Karanqui, Natabuela et Kayambi ;

►Pichincha : la nationalité Kitucara ;

►Cotopaxi : installation du peuple Panzaleo ;

►Tungurahua : installation des nationalités Chibuleo, Salasaca et Kisapincha ;

►Bolivar : la nationalité Waranka ;

►Chimborazo : les Puruhás ;

►Provinces de Cañar et d’Azuay : installation de la nationalité Kañari ;

►Loja : implantation des nationalités Saraguro et Paltas.

 

Ces peuples sont liés par la langue kichwa, par un territoire qui leur a été confisqué pendant l’époque coloniale espagnole, par une cosmovision commune concernant la terre et l’univers et par des liens commerciaux existant bien avant l’arrivée des Espagnols.

 

Histoire

 

Ce sont des habitants immémoriaux de ces hauts plateaux équatoriens, ils étaient organisés en seigneuries et confédérations ethniques qui ont développé une culture fondée sur la propriété communautaire et le principe de réciprocité. Hélas, leur développement a été bouleversé par l’arrivée des Espagnols en 1492. Une nouvelle forme de production où la propriété qui appartenait à ces peuples est devenue la propriété absolue de la monarchie et des Espagnols. Un nouveau mode de vie arriva également avec les conquérants. Les Kichwas doivent quitter leurs territoires d’origine et partir à travers l’Amérique du sud, procédé qui permettait de contrôler toute forme de rébellion de leur part.

Ils furent soumis au travail forcé dans les mines, les ateliers de construction, la construction de routes et de villes coloniales et d’encomiendas. Ce travail se déroulait dans des conditions inhumaines. Par exemple, pour les hommes autochtones qui travaillaient dans les mines cela signifiait tout simplement la mort.

L’encomienda* était le point d’articulation de la société coloniale, moyen permettant le contrôle du travail indigène, permettant aux espagnols de recevoir des tributs des communautés indigènes, d’organiser la production agricole et artisanale, de contrôler la domination idéologique par le biais de l’évangélisation.

Les obrajes* constituaient le travail obligatoire s’adressant aux femmes qui devaient migrer vers les centres de production textile en tant que mitayos. Ce travail était également réalisé dans des conditions insalubres provoquant souvent le mort de femmes indigènes.

Les travaux des indigènes dans la construction de routes et de bâtiments dans les villes coloniales ont permis aux peuples de transposer leur savoir-faire architectural et de perpétuer leur relation avec la nature dans les églises (décoration intérieure basée sur leur cosmovision). Cette opportunité a néanmoins côuté la vie à nombre d’entre eux.

Entre 1810 et 1830, époque de l’indépendance des colonies de la domination espagnole, on note aucun changement dans les circonstances d’exploitation et de soumission des peuples y compris dans les 70 premières années de la République.

Après la révolution libérale le 5 juillet 1895 à laquelle participèrent beaucoup d’indigènes, d’importants changements auront lieu dans la législation relative à la terre et à la situation des indigènes. La collusion entre partis, l’emprisonnement pour dettes, ‘intervention de l’église dans les affaires de l’état sont éliminés et les grands domaines appartenant à l’église sont expropriés et transférés à la propriété publique.

L’élimination du concertaje* (accord agricole) conduit à la libération de la main d’œuvre indigène dont la plupart migrent vers la côte pour offrir leur force de travail. Ils vont tomber dans une autre forme d’assujettissement avec les propriétaires des plantations.

Le huasipungo* était une autre forme de soumission au travail des peuples indigènes. Cette pratique est née avec la libération des indigènes du concertaje, une pratique consistant à donner un morceau de terre à l’indigène en échange de quelques journées de travail dans la grande hacienda.

Le huasipungo donne naissance à 2 formes de groupement indigène :

►Les huasipunguerons et les roturiers libres.

Les premiers sont situés à l’intérieur du domaine, les seconds dans les centres paroissiaux religieux au marché.

Dans ce nouvel ordre de propriété foncière, il y a eu une augmentation démographique des communautés indigènes donnant lieu à des migrations de la campagne vers les villes, à différente soulèvements exigeant le droit à la terre, des luttes qui, dans les années 60 aboutirent à la première réforme agraire qui va bénéficier à très peu de huasipungueros.

Les années 70/80 sont consacrée par ces personnes à la constitution d’une organisation régionale garantissant et dirigeant leurs luttes, ECUARUNARI.

Le niveau de sensibilisation et d’organisation s’accroit parallèlement aux soulèvements pour la reconnaissance de ces peuples.

 

Au sujet des obrajes :

 

obrajes dans le corregimiento de Quito https://ealincangouce.wixsite.com/historia-del-ecuador/get_involved

Il s'agissait d'usines textiles de laine, de coton et de cabuya (agave), qui produisaient également des espadrilles, des sacs, des mèches, des selles, des chapeaux, de la poudre à canon, etc. et où les indigènes étaient obligés de travailler, jour et nuit, souvent jusqu'à leur mort.

« Chaque Indien travaillait 312 jours par an, et le maximum qu'ils pouvaient gagner pendant cette période était de 40 pesos, chacun pesant 8 réaux... Dans chaque Obraje, il y avait une prison, des fers, des chaînes et des coups de fouet. Les enfants ont été cruellement maltraités. De leur salaire étaient déduits les impôts et la pension synodale du prêtre. L'Indien payait sa nourriture et ses vêtements ; et bien souvent même des médicaments étaient déduits de leurs misérables salaires, qui leur étaient vendus à un prix très élevé, même lorsque l'excès de travail les laissait avec quelque maladie... Les Indiens étaient épuisés en peu de temps : le travail auquel ils n'étaient pas habitués était la cause de la mort de beaucoup d'entre eux" (Roberto Andrade.- Histoire de l'Équateur, volume I p. 109) .

https://www.enciclopediadelecuador.com/obrajes/

 

Au sujet de l’encomienda

 

Système d'« esclavage » que les Espagnols exerçaient sur indigènes d'Amérique. L'encomienda était une ancienne institution espagnole du Moyen Âge, et consistait en un territoire qui fournissait des revenus à un noble. En Amérique, cela a changé d'une manière vraiment dramatique et est devenu simplement « une disposition royale par laquelle le roi d'Espagne donnait des terres et des Indiens à perpétuité, comme prix, en récompense des souffrances endurées par ses soldats qui ont étendu les domaines de l'Espagne aux Antilles. La terre reçue à perpétuité était appelée Encomienda ; le noble espagnol qui la recevait pour avoir tué et exploité des Indiens était l'Encomendero et la mine de richesse et la source d'exploitation dans l'Encomienda, c'est-à-dire l'Indien, était appelé Encomendado » (M. Navas Jiménez.- Histoire, géographie et éducation civique ; n° 2, p. 41) . L'encomienda obligeait les Indiens à payer de lourds tributs aux encomenderos, et ceux-ci, en réciprocité théorique, à christianiser l'Indien ; le défendre des « cannibales » ou des attaques d’autres peuples ; et leur apprendre les travaux agricoles et comment laver l'or.

Ces encomiendas ont finalement laissé les Indiens dans une grande misère. (https://www.enciclopediadelecuador.com/encomienda/)

 

Sur le concertaje et le huasipungo

 

Les ouvriers ou « péons » vivaient dans les haciendas avec leurs familles. Ils « passaient des accords » (des engagements) avec les propriétaires, les « patrons » pour les
travaux. C'est pourquoi on les appelait « conciertos ». Ils avaient un salaire, mais ils ne le recevaient jamais, car ils étaient endettés envers leurs patrons. Les ouvriers demandaient à leur employeur des avances de fonds pour payer les impôts et les obligations religieuses, comme les baptêmes, les mariages, les enterrements et autres.
La relation entre les peones et les patrons n'était libre qu'en théorie. En réalité, il s’agissait d’une forme de travail obligatoire, puisque l’employeur pouvait emprisonner le travailleur pour lui faire payer la dette. Parfois, les péons recevaient une portion de terre du propriétaire, le « huasipungo », qu’ils travaillaient avec leur famille.
C'est pourquoi on les appelait « huasipungueros ». Les dettes ne s'arrêtent pas même avec la mort du travailleur concerté. Elles passèrent à sa veuve et à ses enfants. L'ouvrier était soumis au patron, qui avait le soutien du clergé et des autorités de l'État. Le curé prêchait la soumission et faisait payer des services religieux qui perpétuaient la dette. Le lieutenant politique de la paroisse et d'autres autorités pouvaient envoyer en prison ceux qui ne payaient pas leur dette Le concertaje a eu lieu dans tout le pays, mais il a été plus fort dans la Sierra. (https://themeeveryday.blogspot.com/2011/09/el-concertaje.html)

 

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Sources : CONAIE.org, movimientos.org, wikipedia en espagnol

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Equateur, #Peuples originaires, #Kichwa, #Panzaleo

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