Equateur : La Nationalité Natabuela

Publié le 7 Novembre 2018

 

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Natabuela, Nationalité de la sierra

 

La nationalité Natabuela est un groupe autochtones équatorien qui fait partie de la nationalité Kichwa des hautes terres équatoriennes.

Ils vivent principalement dans le canton d’Anton Ante de la province d’Imbabura dans les hautes terres :

Paroisses : Andarde Marín, San Francisco Natabuela, San José de Chaltura.

Ils sont également présents dans le canton d’Ibarra, paroisse de San A,tonio.

Langue : kichwa, qui n’est plus parlée de nos jours (ils parlent uniquement l’espagnol).

Population : 6200 personnes dans 17 communautés.

Au sujet de leur origine et de leur nom

Il existe 2 versions pour supposer l’origine des Natabuela en se basant sur l’étymologie :

Ils pourraient provenir d’un groupe Cayapa (Chachi) d’Esmeraldas car dans la langue barbacoane de ce peuple, nata = peuple et buela = unité collective.

Le peuple Natabuela pourrait être le résultat de la fusion indigène Caranqui-Inca car Natabueka signifie « indigène de la forêt » en quechua.

 

 

sur la carte n° 7

 

Histoire

 

 

Avec l’arrivée des Espagnols, les Natabuela, ainsi que les autres peuples de la sierra ont sui le vol de leurs terres, une situation qui a perduré pendant toute la période de la République jusqu’à la réforme agraire. La plupart des Natabuela travaillaient comme ouvriers (péones) dans l’hacienda d’Anafo.

Ce peuple a apporté sa contribution dans la construction d’un tronçon du chemin de fer de la Révolution Libérale et de l’autoroute Ibarra-Quito.

 

 

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Organisation politique

 

Les Natabuela ont décidé de maintenir le Conseil des Maires et le Gouverneur comme autorités pour préserver leurs pratiques ancestrales en matière d’organisation politique.

Depuis d’Antiquité, les autorités sont nommées par héritage. Les maires des différents secteurs et le Gouverneur étaient ceux qui coordonnaient les actions pour le développement communautaire.

Le Gouverneur et le Conseil des Maires sont des catégories mises en place par les Espagnols. Derrière ceux-ci, se reflète ce qu’étaient auparavant le cacique(gouverneur) et le conseil des anciens (conseil des maires).

 

Habitat

 

La communauté est composée de 250 maisons réparties sur une zone de 3 km de long et de large avec des maisons au toit de tuiles , confortables, bien éclairées par la présence de 2 ou 3 portes d’accès et 2 fenêtres dans chaque pièce. La maison est divisée en chambre, cuisine, grange et un couloir comprenant des bancs pour s’assoir. Il y a un four pour la cuisson du pain. Dans le couloir se trouve un endroit spécial pour placer les bassines d’eau et la meule, un outil toujours conservé de nos jours. si la maison dispose d’un peu de terrain, ils plantent des arbres fruitiers, des plantes médicinales et des piments qui sont toujours présents dans la cuisine.

Des porcheries sont proches de la maison afin de faciliter leur surveillance, elles sont relativement propres.

 

Activités productives

 

L’agriculture est l’activité principale des Natabuela, notamment la culture du maïs, de légumes et de céréales (orge) Mais certains cultivent également des avocats, des goyaves, des tomates en arbre, des pamplemousses, des piments, des fruits de la passion, des mûres et des concombres.

Les productions sont utilisées pour l’alimentation familiale et les excédents sont vendus sur les marchés locaux.

Dans certaines zones, ils cultivent des tubercules andins, patates douces et laitue, oignons, betteraves, choux, navets, radis) qui entrent dans la composition des menus.

D’autres ressources proviennent du travail comme ouvriers du bâtiment et comme artisans ou dans l’industrie textile dans les villes voisines d’Ibarra et d’Atuntaqui. De petits commerces sont gérés par des femmes, ces dernières élèvent également de petits animaux.

 

Alimentation

 

 

Le plat typique est le cochon d’Inde frit accompagné de pommes de terre, de mote, d’avocat, de fromage et d’un verre de chicha de jora (maïs mûr).

Le maïs jaune, blac, chullpi, morocho est une partie importante de l’alimentation à différents stades de maturation. Il permet de réaliser plus de 50 plats exquis et boissons typiques comme le mote, la colada, la morada, la chicha, et des pains, arepas, tortillas, humitas, empanadas, crème de maïs, chuchuca, dulce de morocho.

 

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Vie religieuse/cosmovision/pratiques culturelles traditionnelles

 

Il ont des croyances en un être suprême qui est souvent dans la pratique identifié à un dieu de la religion catholique.

Ils célèbrent l’Inti Raymi, la fête du solstice d’hiver dans l’hémisphère sud et d’autres célébrations syncrétiques comme la semaine sainte, le corpus Christi, la fête de la vierge du Carmen.

 

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La minga communautaire

 

Dans le cadre de la minga communautaire, des travaux d’ordre collectif ou de gros chantiers sont organisés : maçonnerie, construction de routes et de maisons, canaux d’irrigation, semailles et récoltes, préparation de mariages.

La médecine traditionnelle ou jambi yachak est de nos jours préservée.

 

Tenue vestimentaire

 

 

C’est l’un des symboles les plus visibles de cette nationalité, remarquable par l’utilisation d’un chapeau de laine pressée à larges bords (semblable en proportion au charro mexicain) qui est aussi bien porté par les hommes que par les femmes. Les hommes sont vêtus d’une chemise et d’un pantalon blancs et de ponchos roses et bleu clair.

Les femmes portent un châle de laine noire, des colliers avec des perles d’or et des bracelets de corail ; un châle blanc de toile solide, le même chapeau que l’homme, une blouse brodée et une jupe.

Histoire relative à la nationalité Kichwa des hautes terres équatoriennes

 

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Cette nationalité s’est implantée dans tout le haut plateau équatorien y compris dans d’autres régions en raison de mouvements migratoires des différents peuples qui la composent.

Les Kichwa des Hautes terres équatoriennes se sont implantés dans les provinces suivantes :

►Carchi où était installé le peuple Pastos ;

►Imbabura : implantation des nationalités Otavalo, Karanqui, Natabuela et Kayambi ;

►Pichincha : la nationalité Kitucara ;

►Cotopaxi : installation du peuple Panzaleo ;

►Tungurahua : installation des nationalités Chibuleo, Salasaca et Kisapincha ;

►Bolivar : la nationalité Waranka ;

►Chimborazo : les Puruhás ;

►Provinces de Cañar et d’Azuay : installation de la nationalité Kañari ;

►Loja : implantation des nationalités Saraguro et Paltas.

 

Ces peuples sont liés par la langue kichwa, par un territoire qui leur a été confisqué pendant l’époque coloniale espagnole, par une cosmovision commune concernant la terre et l’univers et par des liens commerciaux existant bien avant l’arrivée des Espagnols.

 

Histoire

 

Ce sont des habitants immémoriaux de ces hauts plateaux équatoriens, ils étaient organisés en seigneuries et confédérations ethniques qui ont développé une culture fondée sur la propriété communautaire et le principe de réciprocité. Hélas, leur développement a été bouleversé par l’arrivée des Espagnols en 1492. Une nouvelle forme de production où la propriété qui appartenait à ces peuples est devenue la propriété absolue de la monarchie et des Espagnols. Un nouveau mode de vie arriva également avec les conquérants. Les Kichwas doivent quitter leurs territoires d’origine et partir à travers l’Amérique du sud, procédé qui permettait de contrôler toute forme de rébellion de leur part.

Ils furent soumis au travail forcé dans les mines, les ateliers de construction, la construction de routes et de villes coloniales et d’encomiendas. Ce travail se déroulait dans des conditions inhumaines. Par exemple, pour les hommes autochtones qui travaillaient dans les mines cela signifiait tout simplement la mort.

L’encomienda* était le point d’articulation de la société coloniale, moyen permettant le contrôle du travail indigène, permettant aux espagnols de recevoir des tributs des communautés indigènes, d’organiser la production agricole et artisanale, de contrôler la domination idéologique par le biais de l’évangélisation.

Les obrajes* constituaient le travail obligatoire s’adressant aux femmes qui devaient migrer vers les centres de production textile en tant que mitayos. Ce travail était également réalisé dans des conditions insalubres provoquant souvent le mort de femmes indigènes.

Les travaux des indigènes dans la construction de routes et de bâtiments dans les villes coloniales ont permis aux peuples de transposer leur savoir-faire architectural et de perpétuer leur relation avec la nature dans les églises (décoration intérieure basée sur leur cosmovision). Cette opportunité a néanmoins côuté la vie à nombre d’entre eux.

Entre 1810 et 1830, époque de l’indépendance des colonies de la domination espagnole, on note aucun changement dans les circonstances d’exploitation et de soumission des peuples y compris dans les 70 premières années de la République.

Après la révolution libérale le 5 juillet 1895 à laquelle participèrent beaucoup d’indigènes, d’importants changements auront lieu dans la législation relative à la terre et à la situation des indigènes. La collusion entre partis, l’emprisonnement pour dettes, ‘intervention de l’église dans les affaires de l’état sont éliminés et les grands domaines appartenant à l’église sont expropriés et transférés à la propriété publique.

L’élimination du concertaje* (accord agricole) conduit à la libération de la main d’œuvre indigène dont la plupart migrent vers la côte pour offrir leur force de travail. Ils vont tomber dans une autre forme d’assujettissement avec les propriétaires des plantations.

Le huasipungo* était une autre forme de soumission au travail des peuples indigènes. Cette pratique est née avec la libération des indigènes du concertaje, une pratique consistant à donner un morceau de terre à l’indigène en échange de quelques journées de travail dans la grande hacienda.

Le huasipungo donne naissance à 2 formes de groupement indigène :

►Les huasipunguerons et les roturiers libres.

Les premiers sont situés à l’intérieur du domaine, les seconds dans les centres paroissiaux religieux au marché.

Dans ce nouvel ordre de propriété foncière, il y a eu une augmentation démographique des communautés indigènes donnant lieu à des migrations de la campagne vers les villes, à différente soulèvements exigeant le droit à la terre, des luttes qui, dans les années 60 aboutirent à la première réforme agraire qui va bénéficier à très peu de huasipungueros.

Les années 70/80 sont consacrée par ces personnes à la constitution d’une organisation régionale garantissant et dirigeant leurs luttes, ECUARUNARI.

Le niveau de sensibilisation et d’organisation s’accroit parallèlement aux soulèvements pour la reconnaissance de ces peuples.

 

Au sujet des obrajes :

 

obrajes dans le corregimiento de Quito https://ealincangouce.wixsite.com/historia-del-ecuador/get_involved

 

Il s'agissait d'usines textiles de laine, de coton et de cabuya (agave), qui produisaient également des espadrilles, des sacs, des mèches, des selles, des chapeaux, de la poudre à canon, etc. et où les indigènes étaient obligés de travailler, jour et nuit, souvent jusqu'à leur mort.

« Chaque Indien travaillait 312 jours par an, et le maximum qu'ils pouvaient gagner pendant cette période était de 40 pesos, chacun pesant 8 réaux... Dans chaque Obraje, il y avait une prison, des fers, des chaînes et des coups de fouet. Les enfants ont été cruellement maltraités. De leur salaire étaient déduits les impôts et la pension synodale du prêtre. L'Indien payait sa nourriture et ses vêtements ; et bien souvent même des médicaments étaient déduits de leurs misérables salaires, qui leur étaient vendus à un prix très élevé, même lorsque l'excès de travail les laissait avec quelque maladie... Les Indiens étaient épuisés en peu de temps : le travail auquel ils n'étaient pas habitués était la cause de la mort de beaucoup d'entre eux" (Roberto Andrade.- Histoire de l'Équateur, volume I p. 109) .

https://www.enciclopediadelecuador.com/obrajes/

 

Au sujet de l’encomienda

 

Système d'« esclavage » que les Espagnols exerçaient sur indigènes d'Amérique. L'encomienda était une ancienne institution espagnole du Moyen Âge, et consistait en un territoire qui fournissait des revenus à un noble. En Amérique, cela a changé d'une manière vraiment dramatique et est devenu simplement « une disposition royale par laquelle le roi d'Espagne donnait des terres et des Indiens à perpétuité, comme prix, en récompense des souffrances endurées par ses soldats qui ont étendu les domaines de l'Espagne aux Antilles. La terre reçue à perpétuité était appelée Encomienda ; le noble espagnol qui la recevait pour avoir tué et exploité des Indiens était l'Encomendero et la mine de richesse et la source d'exploitation dans l'Encomienda, c'est-à-dire l'Indien, était appelé Encomendado » (M. Navas Jiménez.- Histoire, géographie et éducation civique ; n° 2, p. 41) . L'encomienda obligeait les Indiens à payer de lourds tributs aux encomenderos, et ceux-ci, en réciprocité théorique, à christianiser l'Indien ; le défendre des « cannibales » ou des attaques d’autres peuples ; et leur apprendre les travaux agricoles et comment laver l'or.

Ces encomiendas ont finalement laissé les Indiens dans une grande misère. (https://www.enciclopediadelecuador.com/encomienda/)

 

Sur le concertaje et le huasipungo

 

Les ouvriers ou « péons » vivaient dans les haciendas avec leurs familles. Ils « passaient des accords » (des engagements) avec les propriétaires, les « patrons » pour les
travaux. C'est pourquoi on les appelait « conciertos ». Ils avaient un salaire, mais ils ne le recevaient jamais, car ils étaient endettés envers leurs patrons. Les ouvriers demandaient à leur employeur des avances de fonds pour payer les impôts et les obligations religieuses, comme les baptêmes, les mariages, les enterrements et autres.
La relation entre les peones et les patrons n'était libre qu'en théorie. En réalité, il s’agissait d’une forme de travail obligatoire, puisque l’employeur pouvait emprisonner le travailleur pour lui faire payer la dette. Parfois, les péons recevaient une portion de terre du propriétaire, le « huasipungo », qu’ils travaillaient avec leur famille.
C'est pourquoi on les appelait « huasipungueros ». Les dettes ne s'arrêtent pas même avec la mort du travailleur concerté. Elles passèrent à sa veuve et à ses enfants. L'ouvrier était soumis au patron, qui avait le soutien du clergé et des autorités de l'État. Le curé prêchait la soumission et faisait payer des services religieux qui perpétuaient la dette. Le lieutenant politique de la paroisse et d'autres autorités pouvaient envoyer en prison ceux qui ne payaient pas leur dette Le concertatje a eu lieu dans tout le pays, mais il a été plus fort dans la Sierra. (https://themeeveryday.blogspot.com/2011/09/el-concertaje.html)

 

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Sources : CONAIE.org, wikipédia espagnol, antonio ante gob.

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Natabuela, #Equateur, #Quechua

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