Equateur : La Nationalité Karanki

Publié le 6 Novembre 2018

 

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Nationalité de la sierra

 

Groupe autochtone qui fait partie de la nationalité Kichwa de la Sierra équatorienne et qui vit dans la Sierra Norte de la province d’Imbabura :

Canton d’Ibarra des paroisses de La Esperanza, Angochahua, Caranqui et San Antonio

Canton d’Antonio Ante des paroisses d’Andrade Marín

Canton d’Otavalo des paroisses de San Juan de Ilumán

Canton de Pimampiro des paroisses de Mariano Acosta et San Francisco de Sigsipampa

Ils sont les descendants de la culture Caranqui dont on trouve aussi les noms de :

Cara ; kara ; imbaya ; caraquez

Les spécialistes pensent que les Caranquis étaient les héritiers des ancines Caraquez qui ont débarqué dans la baie qui porte aujourd’hui leur nom.

Population : environ 15.000 personnes organisées en 49 communautés

Langue : kichwa

A l’origine, ils parlaient une langue de la famille barbacoane qui a été remplacée par le kichwa.

 

Sur la carte n° 6

 

Territoire/Terre – Légalisation

Bien qu'il y ait eu des progrès dans la légalisation des terres, ce ne sont pas toutes les communautés qui les ont légalisées. La propriété familiale prédomine.

 

Histoire

 

La culture Caranqui

 

Temple caranqui sur le Cerro Puntachi De Segismundo3 - Trabajo propio, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=150007355

 

Cette culture s’est étendue dans le sud de la province de Carchi, toute la province d’Imbabura et tout le nord de la province de Pichincha.

C’était un peuple très développé avec une culture basée sur la langue cara.

La cosmogonie de la culture Caranqui les liaient à la mer et à un débarquement ancestral sur les rives de la baie de Caraquez. Ils seraient donc apparentés aux peuples Caraïbes.

Ils étaient des commerçants qualifiés qui se sont installés entre le pays des Pastos au nord, des Quitus au sud et des Yumbos à l’ouest.

Leur étude formelle a commencé avec la publication de Los Aborigenes d’Imbabura de l’archéologue Jacinto Jijón y Cacamaño.

Leur relation avec les Quitus dont on peut trouver un exemple avec l’expression Quitu-Cara (Kitu Kara) est documentée et il existe des preuves d’un commerce entre Caranquis et Quitus et d’une alliance militaire afin d’affronter les Inca. Ils avaient également en commun la principale divinité des Andes du nord, Catequil.

La relation entre Quitus, Caras (Caranquis) et Puruhá serait établie à travers la structure de la société (économie et religion).

La société caranqui était organisée en plusieurs seigneuries dont les plus importantes étaient Caranqui et Cayambe. Un site comme Cochas révèle que les premiers habitants sont arrivés vers l’an 900 puis vers 1250 après JC.

 

Architecture Caranqui

 

Les Caranquis ont développé une architecture monumentale appelée « Tolas » construites en tuf volcanique et en adobe dans lesquelles ils enterraient leurs morts.

Ils construisaient des pyramides en blocs de cangagua ou de tuf volcanique qui avaient des fonctions résidentielles, cérémonielles et à des fins d’observations astronomiques. Certaines pyramides étaient équipées de rampes d’accès énormes et d’autres n’en avaient pas.

Pyramide de Cochasqui De Diego Tirira from Quito, Ecuador - P Cochasqui 0505 029, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=130206243

 

Les sites où se trouvent ces bâtiments sont recouverts de végétation et comme ils ont été construits avec de la boue, ils n’ont pas résisté aux éléments. Leur structure était composée de cangagua* et tapia transformés en blocs ensuite empilés pour former un mur. De nombreux crânes ont été découverts laissant penser qu’il pouvait s’agir de lieux de cérémonies religieuses ou d’activités militaires en temps de guerre avec d’autres seigneuries ethniques. Les sites pyramidaux les plus connus sont Cochasqui, Cayambe, Caranqui à Zulata, Perugachi, Gualimán.

Cangagua/cangahua : roche sédimentaire d’origine volcanique à texture non foliée, poreuse et à faible compaction.

 

Intérieur en cangagua De Diego Tirira from Quito, Ecuador - P Cochasqui 0505 029, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=130206243

Maison en cangagua De Diego Tirira from Quito, Ecuador - P Cochasqui 0505 029, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=130206243

 

Céramique

 

Les céramiques caranqui se caractérisaient par leurs designs simples et leurs objets fonctionnels dont les plus populaires étaient les amphores à peinture rouge connues sous le nom de céramique cochas, mais il y en avait dans tout le pays caranqui.

Parmi les plus remarquables se trouvent les cruches qui pouvaient atteindre 50 cm de hauteur et qui étaient généralement décorées de peinture rouge négative avec des motifs géométriques.

Les autres objets sont des vases, des assiettes hémisphériques, des pots à silhouette composite des pots globulaires à col court, des pots à pieds annulaires.

 

Céramique caranqui dans une cuisine caranqui De Diego Tirira from Quito, Ecuador - P Cochasqui 0505 046, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=130206269

 

Récipient en argile De Diego Tirira from Quito, Ecuador - P Cochasqui 0505 046, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=130206269

 

Calendrier

 

Lune décroissante (griffe du tigre) avant d'être recouverte https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/8d/La_Luna_en_fase_de_Luna_menguante%2C_vista_en_la_madrugada_desde_el_hemisferio_norte.jpg

 

Les Caranquis mesuraient le temps de leurs rituels en fonction des phases de la lune. De la lune décroissante à la lune croissante suivante, une période se forme. Cela se rapporte au rite du catéchisme considéré comme une lune du tigre, car lorsque le rite est exécuté pendant la lune décroissante, la lune prend la forme d’une griffe de tigre. Chaque lunaison équivalait à un mois. Le calendrier a été utilisé pendant une grande partie de l’époque coloniale.

 

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Economie des Caranquis

 

Ils ont connu un développement important autour du commerce où les mindalaes établissaient des connexions importantes entre différentes seigneuries disséminées dans chaque vallée.

Ils ont développé plusieurs métiers comme la fabrication d’objets en céramique, le travail de la pierre et des métaux ainsi que la plumasserie colorée.

Parmi les principaux produits échangés figuraient le sel et la coca.

Le travail reposait sur la division sexuée traditionnelle des taches, les femmes étaient engagées dans les travaux agricoles et les hommes dans les activités militaires, religieuses, la chasse (cerf et dinde) et la défense.

Les principales cultures produites étaient le maïs et le quinoa, les haricots, les courges ainsi que le piment qui servait à assaisonner les aliments.

Ils faisaient du commerce avec les Yumbos pour obtenir des ananas et des fruits des vallées chaudes.

Ils ont domestiqué des animaux : chiens, cochons d’Inde et lamas.

Ils construisaient des barrages, des canaux d’irrigation pour favoriser l’agriculture (ils pouvaient obtenir jusqu’à 3 récoltes par an) et contrôler la fertilité et l’érosion des sols.

Les Caranquis étaient une société stratifiée en castes, angos et quilacos. L’aristocratie guerrière étaient composée des familles des Ango parmi les Caranquis et des Puente parmi les Cayambe.

Un général important était Nazacota Puento.

A la tête de cette société se trouvait le roi obtenant son privilège de manière héréditaire.

L’autre partie de la noblesse était cantonnée dans un rôle secondaire et elle était composée de chefs. La hiérarchie s’exprimait dans les vêtements, les maisons plus grandes, un plus grand nombre d’épouses, plus de terres avec des vassaux ainsi que dans les sépultures.

Comme tous les peuples des hauts plateaux, ils ont été dé-constitués en tant que peuples à l’époque coloniale, leur territoire a été divisé en encomiendas et la population a été confinée à chacune d’entre elles. Le processus d’évangélisation a mis quasiment fin aux pratiques traditionnelles et ludiques. La lutte pour la reconnaissance de leurs terres a signifié la confrontation avec les propriétaires fonciers qui refusèrent de leur céder une partie des terres qu’ils avaient travaillé depuis 15 générations. Ce travail sera reconnu plus tard par la réforme agraire dans les années 1960 faisant d’eux de petits exploitants presque improductifs. La lutte de leaders comme Ñusta Kilazo et Benjamin Ñuca a permis à ce peuple de revendiquer ses droits et de travailler à la reconstruction de sa culture.

 

 

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Organisation politique

 

Les Karankis sont organisés en communautés (communes), la plus haute autorité au sein de chaque communauté est le Conseil de Cabildo. On note la présente d’assemblées communautaires, de directeurs d’associations, de coopératives de toutes sortes.

Les travaux sont planifiés dans les assemblées générales où sont également prises les décisions pour les activités de développement communautaire.

Les communautés sont organisées en corporations ou syndicats paroissiaux à leur tour regroupés en fédérations.

 

Economie

 

Le mode de subsistance du peuple Karanki dépend de l’agriculture dans les collines ou les hauteurs où ils cultivent des espèces adaptées au climat froid (blé, orge, pommes de terre, oca). Sur les terres basses, ils cultivent le maïs. La production sert à l’autoconsommation et la vente sur les marchés.

Une autre activité productive est l’artisanat : céramique, broderie, textiles.

Depuis plusieurs années, ils ont développé des initiatives innovantes destinées au marché comme les micro-entreprises agro-industrielles (miel, fromage, yaourts, escargots).

Le tourisme de montagne, le tourisme d’aventure, l’agrotourisme et le tourisme médical sont des sources importantes de revenus. Ces innovations sont issues d’initiatives familiales et communautaires.

 

Transmission des traditions

 

Les connaissances se transmettent de manière pratique par les coplas (couplets). Les femmes sont les principales émettrices participant en dansant et en chantant des coplas.

 

Récupération de sites sacrés

 

Ils travaillent à la récupération de sites sacrés comme les ruines de Caranqui et les espaces naturels protégés de la lagune de Puruhanta.

 

Tenue vestimentaire

 

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La tenue des hommes : pantalon blanc, chemise blanche, poncho en laine rouge pour les célébrations spéciales et bleu pour le quotidien, espadrilles blanches, chapeau à bords courts.

La tenue des femmes : chemisier blanc brodé de plusieurs couleurs, anaco (jupe) bleu ou noir, ceinture colorée, colliers (wallka) couleur dorée, bracelets de corail rouge, chapeau noir, espadrilles noires, écharpe aux couleurs vives.

 

Cosmogonie

 

Volcan Imbabura  De Segismundo3 - Trabajo propio, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=150007355

 

La mythologie caranqui est basée sur l’eau sacrée. Un culte partagé par les autres seigneuries ethniques du territoire équatorien était basé sur l’eau soit à travers le culte de la mer, des Manteños, soit dans les sources de Catequil des Puruhá, Quitus et Caranquis.

 

 

Catequil  De Segismundo3 - Trabajo propio, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=150007355

 

La relation avec l’eau ne se limitait pas aux lacs mais aussi à leur origine caribéenne. On sait que les premiers habitants caranquis étaient Arucu et Ashimbu arrivés sur les côtes de l’Equateur dans la baie de Caraquez lors d’une éclipse (c’est-à-dire avec l’union de Pajta le soleil et Quepepajta la lune en langue cara).

 

Arucu et Ashimbu les ancêtres originaires  De Segismundo3 - Trabajo propio, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=150007355

L’eau, pour les Caranquis est à l’origine de leur culture, ils croient que le début du monde a eu lieu dans la lagune aux côtés de géants, les montagnes tutélaires (Imbabura et Cotacachi).

Imbabura, dans les croyances caranquis est le mari de Cotacachi et le couple a 5 enfants dont 2 sont des montagnes (Yana Urku, montagne noire et la montane Piñan) et 3 sont des lagunes de la région (Yahuarcocha, Cotacachi et le lac San Pablo).

 

Lagune de Yahuarcocha De Diego Tirira from Quito, Ecuador - P Cochasqui 0505 046, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=130206269

 

D’ailleurs l’étymologie d’Imbabura veut dire « terre des poissons enceints » et Cotacachi veut dire « jardin fleuri des Andes ».

Le culte des montagnes est lié au caractère sacré de l’eau.

On cite la prière :

 

« Vieil Imbabura,

Donne-nous de l’eau ».

 

Volcan Cotacachi  De Segismundo3 - Trabajo propio, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=150007355

 

Le mythe de la cascade de Peguche prend sa source dans le lac San Pablo. Peguche est une divinité caractérisée par ses pouvoirs de guérison. Se baigner dans les eaux de ce lac permet de bénéficier de ses pouvoirs de purification spirituelle.

Le rite d’initiation à Peguche est lié au culte de Catequil dont naît le mythe ancestral connu aujourd’hui sous le nom de Diablo Huma (diable humain) symbolisé par un masque à 2 visages.

Lors des solstices, des rites religieux étaient pratiqués dans les sources à travers des bains spirituels.

 

cascade de Peguche

​​​​​​​ https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Cascada_de_Peguche_Ecuador675.jpg

Histoire relative à la nationalité Kichwa des hautes terres équatoriennes

 

 

Cette nationalité s’est implantée dans tout le haut plateau équatorien y compris dans d’autres régions en raison de mouvements migratoires des différents peuples qui la composent.

Les Kichwa des Hautes terres équatoriennes se sont implantés dans les provinces suivantes :

Carchi où était installé le peuple Pastos ;

Imbabura : implantation des nationalités Otavalo, Karanqui, Natabuela et Kayambi ;

Pichincha : la nationalité Kitucara ;

Coropaxi : installation du peuple Panzaleo ;

Tungurahua : installation des nationalités Chibuleo, Salasaca et Kisapincha ;

Bolivar : la nationalité Waranka ;

Chimborazo : les Puruhás ;

Provinces de Cañar et d’Azuay : installation de la nationalité Kañari ;

Loja : implantation des nationalités Saraguro et Paltas.

Ces peuples sont liés par la langue kichwa, par un territoire qui leur a été confisqué pendant l’époque coloniale espagnole, par une cosmovision commune concernant la terre et l’univers et par des liens commerciaux existant bien avant l’arrivée des Espagnols.

 

Histoire

 

Ce sont des habitants immémoriaux de ces hauts plateaux équatoriens, ils étaient organisés en seigneuries et confédérations ethniques qui ont développé une culture fondée sur la propriété communautaire et le principe de réciprocité. Hélas, leur développement a été bouleversé par l’arrivée des Espagnols en 1492. Une nouvelle forme de production où la propriété qui appartenait à ces peuples est devenue la propriété absolue de la monarchie et des Espagnols. Un nouveau mode de vie arriva également avec les conquérants. Les Kichwas doivent quitter leurs territoires d’origine et partir à travers l’Amérique du sud, procédé qui permettait de contrôler toute forme de rébellion de leur part.

Ils furent soumis au travail forcé dans les mines, les ateliers de construction, la construction de routes et de villes coloniales et d’encomiendas. Ce travail se déroulait dans des conditions inhumaines. Par exemple, pour les hommes autochtones qui travaillaient dans les mines cela signifiait tout simplement la mort.

L’encomienda était le point d’articulation de la société coloniale, moyen permettant le contrôle du travail indigène, permettant aux espagnols de recevoir des tributs des communautés indigènes, d’organiser la production agricole et artisanale, de contrôler la domination idéologique par le biais de l’évangélisation.

Les obrajes constituaient le travail obligatoire s’adressant aux femmes qui devaient migrer vers les centres de production textile en tant que mitayos. Ce travail était également réalisé dans des conditions insalubres provoquant souvent le mort de femmes indigènes.

Les travaux des indigènes dans la construction de routes et de bâtiments dans les villes coloniales ont permis aux peuples de transposer leur savoir-faire architectural et de perpétuer leur relation avec la nature dans les églises (décoration intérieure basée sur leur cosmovision). Cette opportunité a néanmoins côuté la vie à nombre d’entre eux.

Entre 1810 et 1830, époque de l’indépendance des colonies de la domination espagnole, on note aucun changement dans les circonstances d’exploitation et de soumission des peuples y compris dans les 70 premières années de la République.

Après la révolution libérale le 5 juillet 1895 à laquelle participèrent beaucoup d’indigènes, d’importants changements auront lieu dans la législation relative à la terre et à la situation des indigènes. La collusion entre partis, l’emprisonnement pour dettes, ‘intervention de l’église dans les affaires de l’état sont éliminés et les grands domaines appartenant à l’église sont expropriés et transférés à la propriété publique.

L’élimination du concertaje (accord agricole) conduit à la libération de la main d’œuvre indigène dont la plupart migrent vers la côte pour offrir leur force de travail. Ils vont tomber dans une autre forme d’assujettissement avec les propriétaires des plantations.

Le huasipungo était une autre forme de soumission au travail des peuples indigènes. Cette pratique est née avec la libération des indigènes du concertaje, une pratique consistant à donner un morceau de terre à l’indigène en échange de quelques journées de travail dans la grande hacienda.

Le huasipungo donne naissance à 2 formes de groupement indigène :

Les huasipunguerons et les roturiers libres.

Les premiers sont situés à l’intérieur du domaine, les seconds dans les centres paroissiaux religieux au marché.

Dans ce nouvel ordre de propriété foncière, il y a eu une augmentation démographique des communautés indigènes donnant lieu à des migrations de la campagne vers les villes, à différente soulèvements exigeant le droit à la terre, des luttes qui, dans les années 60 aboutirent à la première réforme agraire qui va bénéficier à très peu de huasipungueros.

Les années 70/80 sont consacrée par ces personnes à la constitution d’une organisation régionale garantissant et dirigeant leurs luttes, ECUARUNARI.

Le niveau de sensibilisation et d’organisation s’accroit parallèlement aux soulèvements pour la reconnaissance de ces peuples.

 

Au sujet des obrajes :

 

 

obrajes dans le corregimiento de Quito https://ealincangouce.wixsite.com/historia-del-ecuador/get_involved

Il s'agissait d'usines textiles de laine, de coton et de cabuya, qui produisaient également des espadrilles, des sacs, des mèches, des selles, des chapeaux, de la poudre à canon, etc. et où les indigènes étaient obligés de travailler, jour et nuit, souvent jusqu'à leur mort.

« Chaque Indien travaillait 312 jours par an, et le maximum qu'ils pouvaient gagner pendant cette période était de 40 pesos, chacun pesant 8 réaux... Dans chaque Obraje, il y avait une prison, des fers, des chaînes et des coups de fouet. Les enfants ont été cruellement maltraités. De leur salaire étaient déduits les impôts et la pension synodale du prêtre. L'Indien payait sa nourriture et ses vêtements ; et bien souvent même des médicaments étaient déduits de leurs misérables salaires, qui leur étaient vendus à un prix très élevé, même lorsque l'excès de travail les laissait avec quelque maladie... Les Indiens étaient épuisés en peu de temps : le travail auquel ils n'étaient pas habitués était la cause de la mort de beaucoup d'entre eux" (Roberto Andrade.- Histoire de l'Équateur, volume I p. 109) .

https://www.enciclopediadelecuador.com/obrajes/

 

Au sujet de l’encomienda

 

Système d'« esclavage » que les Espagnols exerçaient sur indigènes d'Amérique.

L'encomienda était une ancienne institution espagnole du Moyen Âge, et consistait en un territoire qui fournissait des revenus à un noble. En Amérique, cela a changé d'une manière vraiment dramatique et est devenu simplement « une disposition royale par laquelle le roi d'Espagne donnait des terres et des Indiens à perpétuité, comme prix, en récompense des souffrances endurées par ses soldats qui ont étendu les domaines de l'Espagne aux Antilles. La terre reçue à perpétuité était appelée Encomienda ; le noble espagnol qui la recevait pour avoir tué et exploité des Indiens était l'Encomendero et la mine de richesse et la source d'exploitation dans l'Encomienda, c'est-à-dire l'Indien, était appelé Encomendado » (M. Navas Jiménez.- Histoire, géographie et éducation civique ; n° 2, p. 41) .

L'encomienda obligeait les Indiens à payer de lourds tributs aux encomenderos, et ceux-ci, en réciprocité théorique, à christianiser l'Indien ; le défendre des « cannibales » ou des attaques d’autres peuples ; et leur apprendre les travaux agricoles et comment laver l'or.

Ces encomiendas ont finalement laissé les Indiens dans une grande misère.

https://www.enciclopediadelecuador.com/encomienda/

 

Sur le concertaje et le huasipungo

 

Les ouvriers ou « péons » vivaient dans les haciendas avec leurs familles. Ils « passaient des accords » (des engagements) avec les propriétaires, les « patrons » pour les
travaux. C'est pourquoi on les appelait « conciertos ». Ils avaient un salaire, mais ils ne le recevaient jamais, car ils étaient endettés envers leurs patrons. Les ouvriers demandaient à leur employeur des avances de fonds pour payer les impôts et les obligations religieuses, comme les baptêmes, les mariages, les enterrements et autres.
La relation entre les peones et les patrons n'était libre qu'en théorie. En réalité, il s’agissait d’une forme de travail obligatoire, puisque l’employeur pouvait emprisonner le travailleur pour lui faire payer la dette. Parfois, les péons recevaient une portion de terre du propriétaire, le « huasipungo », qu’ils travaillaient avec leur famille.
C'est pourquoi on les appelait « huasipungueros ». Les dettes ne s'arrêtent pas même avec la mort du travailleur concerté. Elles passèrent à sa veuve et à ses enfants. L'ouvrier était soumis au patron, qui avait le soutien du clergé et des autorités de l'État. Le curé prêchait la soumission et faisait payer des services religieux qui perpétuaient la dette. Le lieutenant politique de la paroisse et d'autres autorités pouvaient envoyer en prison ceux qui ne payaient pas leur dette Le concertaje a eu lieu dans tout le pays, mais il a été plus fort dans la Sierra.

 

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https://themeeveryday.blogspot.com/2011/09/el-concertaje.html

 

Sources : conaie.org, sisawu.org, goraymi.com, wikipédia en espagnol

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Equateur, #Peuples originaires, #Karankis, #Caranquis, #Kichwa

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