Poésie amérindienne : Carlos Martínez Gamba

Publié le 9 Novembre 2018

 

en photo avec Tadeo Zarratea (à droite)

Poète et narrateur paraguayen né en 1939 et décédé en 2010.

Il a commencé à cultiver la poésie en langue guarani inspirée par les histoires et récits oraux de la culture populaire paraguayenne.

Son premier recueil de poèmes Pychäichi sort en 1970, avec le thème de l'enfant impuissant qui traverse l'histoire sociale du pays.

En 1971 sort un autre recueil Pláta Yvyguy et en 1974 il édite un recueil  de chants de noeël Níño árape guarä purahéi.

Il est l'un des premiers à écrire des narrations de fiction artistique produites en guarani : Hógape ojevýva karréta nandi rehevéma (Buenos Aires, 1972) et Ikakuaaharépe ojevýva rembihasakue, ipy'atarovaränte (Buenos Aires, 1973)

Il a reçu le prix national de littérature 2003, pour son œuvre Ñorairo Ñemonbeú Guérra Guasúro Guasúro Guaré (Chroniques rimées des batailles de la Grande Guerre). C'était la première fois qu'une œuvre écrite entièrement en guarani recevait un prix de cette nature.

Il a également participé à des recherches linguistiques et culturelles. Il a pris contact avec les indigènes Mbya-guaraní de Misiones, en Argentine, et a demandé et compilé une bonne partie de leurs chants sacrés.  À la suite de cette recherche, il a publié Ayvu Rendy Vera (Le chant resplendissant) en 1991.

BERCEUSE POUR LE TEMPS DE L'HIVER

Le soleil enrhumé
dans son lit douillet,
Messire hiver
s'en va par les chemins.

Ypaka'a, crie la perdrix ;
les aiguilles du froid
me piquent les jambes
pendant que mon enfant dort.

Son grand poncho d'ombre
au-dessus des toits,
goutte à goutte la bruine
détrempe la terre.

Aguapeaso, flamant rose
qui pleures sur le fleuve,
ramasse donc du bois
pour que mon enfant n'ait pas froid.

Les arbres retroussent
leurs branches dénudées,
car voici venir
Messire l'Hiver.

Kurahy mimby, flutiau solaire
dont le chant lamente
la course brève du jour,
sèche les larmes de mon enfant.

Messire l'Hiver
a poudré les fougères
de farine blanche.
Les voilà toutes flétries....

Korochiré, korochiré ,
allons, dis-nous donc :
Où te caches-tu ?
Mon enfant près du feu se réchauffe.

Le vieux sire Hiver
aux yeux larmoyants
souffle sur la terre
son haleine de givre.

Corbeau, noir corbeau
au plumage de nuit,
mon enfant portera
des souliers tout neufs.

Carlos Martínez Gamba


Mitâ rupa purahei
Araro'y rehegua

Kuarahy ikangy,
hupápe opyta.
Karai ro'y
oséma oguata.

-Ypaka'a, Ypaka'
ro'y rypy'a oikytîmba
che retyma,
che memby oke aja.

Iponcho hûngy
távare oipyso,
ha amarayyi
yvy omohe'ô.

- Aguapeaso, aguapeaso,
ykueré ne rasê soro,
jepe'a remono'ô,
che membykena ani ojahe'o.

Péina oguahêma
Karai ro'y,
ovéña ohupi
hakâ rogue'y.

-Kuarahy mimby, kuarahy
mimby
ndépa rembyasy
kuarahy mbyky,
che menbyke ani hesay syry.

Karai ro'y,
amba'y rogue
hu'itî mimbípe
ojukapaite.....

- Korochire, korochire,
néina oréve ere
mamôpa reime,
che memby tataypype tojepe'e.

Karai ro'y,
tuja resayku,
ypytu te'ô
oikóvo oipeju.

-Yryru, Yryru,
guyra rague hû,
Cche memby omondéta
sapatu pyahu.

Carlos Martínez Gamba

Ypaka'a : espèce de perdrix
Aguapeaso : oiseau échassier
Ovenia : arbre originaire du Népal bien acclimaté au Paraguay
Kuarahy mymby : espèce de héron au vol haut et au chant doux
Amba'y : variété de fougère
Korochire : oiseau de la famille des grives au chant mélodieux

Poésie Guarani édition Patino

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