Colombie - Communiqué du Resguardo de Huellas au sujet du féminicide de Celmira Chilgueso Hilamo (indigène Nasa)
Publié le 17 Octobre 2018
LE RESGUARDO DE HUELLAS EST ENDEUILLE ET REPUDIE LE VIOL ET L'ASSASSINAT DE LA COMUNERA INDIGENE NASA CELMIRA CHILGUESO HILAMO
COMMUNIQUÉ PUBLIC
Les communautés et leurs autorités indigènes du Resguardo de Huellas Caloto communiquent avec douleur et répudiation à l'opinion publique en général, le féminicide perpétré sur le corps d'une comunera indigène Nasa.
Aujourd'hui, le Resguardo de Huellas est endeuillé et répudie le viol et le meurtre de la comunera Nasa CELMIRA CHILGUESO HILAMO, membre de la communauté indigène, qui a eu lieu le 15 octobre dernier dans le village de el Pílamo Resguardo de López Adentro .
Celmira, 34 ans, vivait dans la communauté du Nilo et elle laisse orphelins ses enfants Katherin Mildrey Mestizo, 5 ans, Carol Michel Ocampo Chilgueso, 8 ans et Juan David Ocampo, 13 ans.
Les événements se déroulent dans un "contexte de paix" selon le gouvernement colombien, mais nous, les peuples indigènes, savons que dans la réalité colombienne, les expressions historiques de la criminalité convergent au service de la défense d'intérêts particuliers de concentration de richesse, de terre, de pouvoir politique et économique, et c'est pourquoi il nous appartient, nous les peuples indigènes, de ne pas vivre dans une guerre étrangère. Ceux qui maintiennent la guerre en vie sont les différentes bandes criminelles, les acteurs armés de droite et de gauche, les dissidents des groupes paramilitaires qui veulent à tout prix se positionner dans les espaces qui étaient autrefois des scénarios de conflit entre les Farc et l'armée, aujourd'hui nous voyons avec répudiation et rejet total comment ils continuent à nous menacer, nous assassinant, laissant les orphelins, les familles brisées, les communautés dans la peur et l'inquiétude.
Aujourd'hui, nous voyons la promesse de paix du gouvernement comme un grand mensonge, une promesse qui est détruite par la haine des élites politiques et économiques qui utilisent leurs médias pour confondre et déformer la réalité vécue par le pays et les peuples indigènes, surtout dans la partie nord du Cauca.
Face à ces événements, et à d'autres qui se sont produits sur le territoire de Huellas et dans le nord du Cauca, nous exigeons que l'État colombien renforce les mécanismes institutionnels visant à protéger la vie des femmes, de la communauté et des dirigeants, en faisant avancer les processus qui mènent à l'identification, aux enquêtes et aux poursuites des responsables des agressions et meurtres, ainsi que les mesures globales et différenciées de protection, et en garantissant la non répétition des violations de la population indigène, des dirigeants et de l'organisation. Il faut aussi reconnaître les problèmes de la Colombie.
"La paix est devenue une lumière d'espoir pour le monde entier, et c'est une tâche de premier ordre que de veiller à sa mise en œuvre et de protéger la vie de ceux qui la défendent et œuvrent pour l'expansion de la démocratie dans leurs communautés. Nous, les femmes, nous ne permettrons pas le retour de la peur et de l'anxiété dans nos corps et nos territoires, nous continuons à construire une paix stable et durable, une paix avec nous."
AUTORITÉS INDIGÈNES DE HUELLAS CALOTO.
Caloto, le 16 octobre 2018.
Traduction carolita d'un communiqué paru sur le site Nasa ACIN le 16 octobre 2018