Mexique- La Minière Coeur Mexicana réprime les communautés qui dénoncent les irrégularités dans le Chihuahuahua

Publié le 11 Septembre 2018

Ville de México/Desinformémonos- 

La compagnie minière Coeur Mexicana réprime "et même tue" les habitants des communautés de la Sierra Tarahumara, dans le Chihuahua, qui dénoncent les irrégularités dans l'exécution des contrats et concessions commis par la compagnie, a accusé le Réseau Mexicain des Personnes Affectées par les Activités Minières (REMA).

Le Réseau a illustré le soulèvement forcé d'un sit-in, installé par les ejidatarios de la municipalité de Guazapares qui ont protesté contre la rupture de contrat de la société canadienne, aux mains de 130 éléments du bureau du procureur général du Chihuahua, " qui ont tiré en l'air pour les intimider, sans s'identifier et sans présenter de mandat d'arrêt, et arrêté deux ejidatarios, José Luis Lozano Mosqueda et Ismael Vargas González, qui sont maintenant portés disparus."

En outre, le REMA a dénoncé que la société minière viole les résolutions judiciaires, viole les règlements environnementaux et rend "inexistants" les droits de l'homme des résidents et des travailleurs locaux.

Voici le communiqué de presse complet :

Au Mexique et en Amérique latine, les sociétés minières canadiennes ont déjà l'habitude d'agir illégalement et en violation de contrats ou d'accords, entre autres, parce qu'elles savent qu'elles sont protégées par les structures gouvernementales, à tel point que même dans les communautés qui ont accepté par erreur ou de façon trompeuse l'entrée d'une société minière sur leur territoire, elles sont réprimées quand elles prétendent qu'elles sont illégales.

Coeur Mexicana S.A. de C.V., une société canadienne, a signé un contrat avec les ejidatarios pour l'exploitation d'une mine d'argent dans la municipalité de Guazapares, située dans la Sierra Tarahumara, qui se caractérise comme étant la région la plus importante dans la production d'argent de l'État du Chihuahua au nord. Cependant, la rupture du contrat par l'entreprise canadienne, qui est un dénominateur commun de ces entreprises, a amené les ejidatarios à demander justice.

Le 20 août, les ejidatarios ont commencé leur manifestation et se sont assis sur la route menant à la mine, mais ce sit-in été dissout le 30 août avec l'appui de 130 éléments du bureau du procureur général du Chihuahua, qui ont tiré en l'air pour les intimider, sans s'identifier et sans présenter de mandat d'arrêt. Deux ejidatarios, José Luis Lozano Mosqueda et Ismael Vargas González, sont maintenant portés disparus.

Cette situation se répète de la part des sociétés minières canadiennes, mais pas seulement dans d'autres régions du pays et en Amérique latine, où elles violent bon nombre des clauses des accords signés, notamment en refusant d'embaucher du personnel, en ne payant pas les droits de passage, en ne réalisant pas les travaux sociaux promis aux collectivités et en d'autres circonstances qui, au bout du compte, entraînent l'extraction minière et la destruction du territoire, de la santé et des collectivités.

Ils ne respectent pas non plus les résolutions judiciaires, violent les normes environnementales et rendent pratiquement inexistants les droits humains des résidents et des travailleurs locaux, qu'ils répriment et même tuent lorsqu'ils osent revendiquer leurs droits, comme cela s'est déjà produit dans le Guerrero avec Torex Gold ou au Chiapas avec Blackfire ou en Oaxaca avec Fortuna Silver Mines, tous capitaux canadiens.

L'activité minière est loin de faire partie du progrès et du développement, car elle est devenue la pratique qui génère les plus grandes asymétries ; elle détruit totalement les biens naturels et donc le territoire des peuples qu'elle laisse dévastés avec des dommages irréversibles à la santé et à l'environnement ; capitalisant sur la dépossession le plus tôt possible, elle parvient à effectuer le déplacement coûte que coûte.

Les entreprises et leurs propriétaires ne sont pas intéressés si un peuple s'oppose et résiste ou au contraire signe un accord, car dans les deux cas il y aura des persécutions, des répressions, des criminalisations et/ou des meurtres. Les actions des sociétés minières et du gouvernement lui-même sont si rapaces et si impunies qu'elles violent et violent l'État de droit dans son ensemble. Nous reconnaissons qu'il s'agit d'une bataille dans laquelle l'État agit presque toujours du côté des entreprises et sous les boucliers de la modernité, du progrès et du développement, cherchant ainsi à légitimer ses profits illégitimes générés par le pillage des peuples.

Cette situation dont les ejidatarios de la municipalité de Guazapares souffrent maintenant, doit être un sérieux avertissement et  une alerte, afin que les communautés et les ejidos dans tout le pays, évitent d'être trompés et rejettent toute relation avec cette société minière qui bordent leur territoire.

En d'autres termes, nous vous invitons à vous organiser pour décréter le Territoire libre de mine. Il est possible de lutter et de résister contre ce modèle extractif qui viole les droits de l'homme et dévaste des territoires comme cela se produit et comme cela a été démontré dans plusieurs États du pays.

 REMA est solidaire des ejidatarios de Guazapares qui, malgré ce qui s'est passé, continuent à résister et maintiendront le blocus qu'ils ont annoncé comme total.

Nous tenons la compagnie minière canadienne et le gouvernement du Chihuahua responsables de la sécurité des ejidatarios et du retour en vie de José Luis Lozano Mosqueda et Ismael Vargas González.

POUR LES TERRITOIRES LIBRES DU MODÈLE MINIER EXTRACTIF !

RÉSEAU MEXICAIN DES PERSONNES TOUCHÉES PAR L'EXPLOITATION MINIÈRE (REMA)

traduction carolita d'un article paru sur Desinformémonos le 8 septembre 2018

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