Colombie- 5 septembre - Journée Internationale des Femmes Indigènes

Publié le 5 Septembre 2018

Et ce beau message de lutte des soeurs du peuple Nasa paez.


LA JOURNÉE INTERNATIONALE DES FEMMES INDIGENES
POUR NOS DROITS

Aujourd'hui, comme chaque 5 septembre, nous exprimons notre solidarité et rejetons, avec d'autres organisations de femmes indigènes du pays et du monde entier, tous les événements qui se déroulent sur nos territoires dans le cadre des différentes formes de violence causées par le conflit politique et social armé, il est clair qu'ils affectent nos vies en tant que femmes et que peuples.

Les femmes indigènes organisées et représentées par Çxhab Wala Kiwe -ACIN et le Conseil Régional Indigène du Cauca - CRIC, réunies dans différents espaces de vie des territoires indigènes du nord du Cauca, nous avons analysé les situations difficiles que vivent actuellement les compagnes dans leurs lieux de résidence, travail et environnement social qu'elles rencontrent et exposent quotidiennement. Nous reconnaissons la permanence des situations qui nous empêchent de surmonter les conditions et les réalités historiques de la discrimination, et le manque de crédibilité aux yeux des femmes elles-mêmes, obstacles qui les empêchent de participer à la vie politique.

Aujourd'hui, nous réitérons que nous savons et estimons que, bien que nous ayons des droits, il reste encore beaucoup de luttes à mener pour que ces accords, qui ont commencé en septembre 1983 avec la commémoration de la Journée Internationale de la Femme Indigène, se concrétisent réellement, et se poursuivent encore aujourd'hui.

Rappelons que la Journée Internationale de la Femmes Indigènes a été instituée par la Deuxième Rencontre des Organisations et Mouvements d'Amérique à Tihuanacu (Bolivie), qui, après avoir appris la véritable histoire de la résistance, a décidé de déclarer cette date comme Journée Internationale des Femmes Indigènes, en mémoire de Bartolina Sisa, une combattante Aymara qui s'est opposée à la domination et l'oppression des conquistadors et qui fut sauvagement assassinée le 5 octobre 1782 à La Paz, Bolivie par des forces royalistes espagnoles.

Nous nous souvenons et racontons aussi dans nos histoires que dès son plus jeune âge, elle a voyagé avec ses parents à travers différents villages pour le commerce de la feuille de coca. Bien sûr, de ces visites, elle a pu voir les atrocités commises contre les populations indigènes. Peu de temps après elle a épousé Tupac Katari, un jeune Aymara avec qui elle a partagé sa vie et avec lequel elle avait la même conviction. Tous deux rejoignirent Túpac Amaru II et son épouse Micaela Bastidas, puis l'insurrection Aymara-Quechua éclata et Bartolina assuma un rôle de leader.

En tant que chef de bataillons indigènes où elle a fait preuve d'une grande capacité d'organisation, elle a réussi à armer un bataillon d'indigènes et aussi des groupes de femmes collaboratrices de la résistance aux Espagnols dans les différentes villes du Haut Pérou, peu après, Bartolina Sisa a été capturée, torturée et cruellement assassinée.

Cependant, nous voyons avec beaucoup d'inquiétude, comme aux niveaux national et international, parler de la question des femmes est difficile, voire pire, c'est une question de peu d'importance, car il est préférable pour beaucoup, de garder secret toutes les formes de discrimination et de violence que nous vivons aujourd'hui, les femmes.

NOUS REPRENONS

- Les droits spécifiques des femmes indigènes que Bartolina Sisa a positionnés.

- Le partage avec des semblables de toutes les sociétés et cultures.


- Les conditions particulières dérivées des peuples indigènes.


- Avoir leurs propres organisations qui les identifient et les accompagnent dans leurs luttes.

NOUS DEMANDONS :

- Aux organismes institutionnels gouvernementaux le respect de nos autorités indigènes, la non-discrimination pour le fait d'être indigènes.


- Des politiques nationales authentiques, différenciées et axées sur l'égalité entre les sexes, à l'issue d'un processus de consultation avec les femmes et nos peuples.


- L'accès à une justice qui garantit l'impartialité de l'enquête, où la femme ne sera pas mise à l'écart, jugée ou blâmée pour son cas.


- Il est essentiel que les droits naturels, sociaux et culturels des peuples indigènes et de l'humanité soient protégés et garantis par des structures gouvernementales qui représentent d'une manière ou d'une autre les peuples ethniques.


- Protéger et garantir les droits des femmes et les mandats communautaires des différents peuples.


- Nous demandons aux organismes de défenseurs des droits humains et aux protecteurs des Droits Humains de les accompagner afin de garantir et de renforcer les stratégies de prévention aux niveaux local, national et international.


Santander de Quilichao 05 septembre 2018


Tejido Mujer Cxhab Wala Kiwe ACIN

traduction carolita d'un communiqué paru sur le site de Nasa acin le 5 septembre 2018

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