Poésie amérindienne : Elicura Chihuailaf

Publié le 3 Août 2018

Elicura Chihuailaf, de Quechurewe, communauté de Cunco, est un poète, un chroniqueur et un traducteur mapuche qui connaît une grande trajectoire et une énorme reconnaissance au niveau local et international, avec quelques poèmes mis en musique par des groupes et des solistes comme Illapu, Francisca Valenzuela, Manuel García, Nano Stern, Joe Vasconcellos, entre autres, c'est de la même manière un fervent défenseur de la Ñuke Mapu (terre mère) et à présent il continue de lever la voix.

Il est né dans la province de Cautín en Araucanie en 1952. Son travail est essentiellement bilingue en mapudungun et en espagnol.

Il a traduit de la poésie de Pablo neruda en mapudungun (Todos los cantos /TI kom vi, Pehuén 1997) ainsi qu'un album de Victor Jara, Canto libre/ Llliz vikantun, LOM 2007.

Il a dirigé le magazine bilingue d'art Mapuche Kallfpv.

Le groupe chilien Illapu a mis en musique son poème Bío-Bío sueño azul, qui est l'un de ses poèmes les plus importants.

Le compositeur chilien Eduardo Cáceres a mis en musique certains de ses poèmes dont des œuvres comme Epigramas, Chants cérémoniels pour l'apprenti machi, Suite Pehuenche.

Il a obtenu différents prix pour son oeuvre dont le prix du Conseil National du Livre et de la Lecture pour Sueños azules y contrasueños, catégorie poésie inédite et le Prix Municipal de Littérature de Santiago.

La clef que personne n'a perdue


La poésie ne sert à rien, me dit-on.
Et dans le bois les arbres se caressent
avec leurs racines bleues et agitent leurs branches
dans l'air, saluant avec les oiseaux la Croix du Sud.
La poésie est le profond murmure des assassinés,
la rumeur des feuilles en automne, la tristesse
envers le garçon qui conserve la langue
mais qui a perdu l'âme
La poésie, la poésie est un geste, le paysage,
tes yeux et mes yeux, jeune fille, les oreilles, le coeur
la musique elle-même. Et je n'en dis pas plus, car
personne ne trouvera la clef que personne n'a perdue.
Et la poésie est le chant de mes ancêtres
le jour d'hiver qui brûle et éteint cette mélancolie si personnelle.

Ini rume ñamvm noel chillafe

Feyti vlkantun che mu rume kvmelay, pigeken
Ka fey ti mawizantu ayiwigvn .ti pu aliwen
ñi kallfv folil mu egvn
ka ñi chagvll negvmi ti kvrvf
chalilerpuy vñvm egu ti Pvnon Choyke
Feyti vlkantun alvkonchi wirarvn
feyti pu lalu
kiñe pin ti tapvl rimv mew
feyti weñagkvn feyti wecheche
ñi petu zugu ñi kewvn
welu ñami ñi pvllv
Feyti vlkantun, ti vlkantun fey
kiñe pewma feyti afvl chi mapu
tami ge ka iñche ñi ge, vlcha
allkvfe piwke, ka feychi vl zugulvn
Ka zoy pilayan, ini rume penolu
ti llafe ini rume ñamvn nolu
Kas vlkantun fey ñi vl tañi pu Kuyfikeche
pukem antv mu vy lu ka chonglu
feyta chi kisu zwam weñagkvn

La llave que nadie ha perdido

La poesía no sirve para nada, me dicen
Y en el bosque los arboles se acarician
con sus raíces azules y agitan sus ramas
al aire, saludando con pájaros la Cruz del Sur
La poesía es el hondo susurro de los asesinados
el rumor de hojas en el otoño, la tristeza
por el muchacho que conserva la lengua
pero ha perdido el alma
La poesía, la poesía, es un gesto, el paisaje
tus ojos y mis ojos muchacha, oídos corazón
la misma música. Y no digo más, porque
nadie encontrará la llave que nadie ha perdido.
Y poesía es el canto de mis antepasados
el día de invierno que arde y apaga esta melancolía tan personal.

ELICURA CHIHUAILAF

http://prepaenterremapuche.blogspot.com/2012/04/une-voix-mapuche-elicura-chihuailaf.html

Rédigé par caroleone

Publié dans #La poésie que j'aime, #Mapuche, #Poésie amérindienne

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