Mexique - La dignité rebelle 1ère partie

Publié le 18 Juillet 2018

Par : Valeria Arendar

Pour expliquer comment les femmes indigènes ont franchi des étapes importantes dans l'histoire du pays, il est nécessaire de souligner certaines des réalisations imminentes de l'Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN). L'une d'entre elles est l'autonomie. C'est ce que reconnaît l'article 2 de la Constitution Politique des États-Unis Mexicains. De même, l'un des principaux avantages du zapatisme est de promouvoir des scénarios capables de générer des chemins entre les communautés dans le but de transformer leurs conditions de vie. L'une de ces voies, selon Rovira (2002), est l'apprentissage de l'espagnol. C'est-à-dire, s'approprier le langage "pour se défendre du pouvoir" :

Caracol Morelia. Foto: Valeria Arendar

Caracol Morelia. Foto: Valeria Arendar

Padierna Jiménez (2014) soutient que la variable ethnique est indispensable pour l'analyse des réalités zapatistes. Les ethnies qui composent le zapatisme n'englobent pas seulement l'univers tzotzil, mais aussi les groupes ethniques Tojolabal, Tzeltales, Choles, Mames et Zoques. Les femmes, faisant partie de l'armée insurgée, reconnaissent comme légitimes les causes qui leur sont exposées ainsi que le fait de trouver quelque chose qui leur est propre dans la douleur des autres ; c'est-à-dire de se voir reflétée dans les autres et d'encadrer les actions en commun, est un processus que Padierna nomme " voix-demande à la grammaire communautaire ".

Selon Sylvia Marcos (2013), les mouvements de femmes indigènes, ou ce qu'elle appelle les féminismes "d'en bas et à gauche", nécessitent une étude détaillée pour connaître leurs caractéristiques, c'est-à-dire une épistémologie féministe décolonisatrice. Pour l'auteur, les féminismes décoloniaux sont un "processus d'échange mais surtout d'appropriation philosophique multidimensionnelle".

Caracol “Torbellino de nuestras palabras”. Foto: Valeria Arendar

Caracol “Torbellino de nuestras palabras”. Foto: Valeria Arendar

Selon Marcos (2013), la principale contribution de l'insurrection épistémique féministe est la conception du corps ou la théorie incarnée. Il s'agit de l'absence d'une "barrière hermétique de la peau" entre l'extérieur et l'intérieur. C'est-à-dire que l'action de savoir par la raison - la connaissance - est directement liée à la peau, et donc, aux mains, au toucher et, par conséquent, aux actions que le corps accomplit.

En ce sens, c'est dans le discours que les expressions incarnées prennent le rôle principal parce qu'elles n'ont pas d'opposition corps-esprit. En d'autres termes, la théorie n'est pas conçue sans corps parce que l'esprit et le corps " existent en tant que partie d'un continuum d'idées et d'actions fluides " (Mora 2013) qui sont exercées par des femmes en position d'autorité dans leurs communautés, au même titre que les hommes. Contrairement à la philosophie classique de l'Occident, et donc à la logique de l'État néolibéral qui appelle à l'intériorisation absolue du pouvoir.

Mujeres zapatistas. Foto: Valeria Arendar

Mujeres zapatistas. Foto: Valeria Arendar

Il est également important de présenter les deux autres contributions proposées par Silvia Marcos : 1) la dualité comme dispositif perceptuel et 2) le "nous" communautaire". La première renvoie à une ligne directrice pour discerner que les réponses et les solutions dans la pratique des droits - individuels et collectifs - qui proviennent de références aux multiples cosmovisions qui structurent la pensée méso-américaine. La seconde explique que "les droits des femmes et les droits collectifs de leurs peuples vont de pair avec ceux des hommes" ; en d'autres termes, il existe une union de droits collectifs et de droits individuels qui ne font qu'un : le collectif.

Cependant, cela ne signifie pas la disparition des relations disparates entre les hommes et les femmes, puisque la lutte zapatiste des femmes est inhérente aux hommes. C'est pourquoi, dans la vie quotidienne des zones de base zapatistes, comme le souligne Marcos, la lutte des femmes n'est pas inscrite en arrière-plan ; au contraire, elle est considérée comme un axe intégral de la lutte révolutionnaire.

La dignidad rebelde. Foto: Valeria Arendar

La dignidad rebelde. Foto: Valeria Arendar

Les photographies exposées ici font partie du projet La Dignidad Rebelde (Dignité rebelle), réalisé pendant plus de neuf mois par la photographe indépendante Valeria Arendar.

traduction carolita d'un article paru sur le site Marichuy la otra politica le 3 juillet 2018

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