La petite boîte d'Olinalá (Album Travesura d'Inti Illimani)
Publié le 29 Juillet 2018
La petite boîte d'Olinalá
I
Ma petite boîte
d'Olinalá,
bois de rose,
jacaranda.
Quand je l'ouvre
tout à coup c'est
son parfum de reine
de Saba.
Ay, une bouffée d'air
tropical :
clou de girofle, acajou,
et copal !
Je la pose ici,
Je la laisse là-bas;
par des couloirs
elle va et elle vient.
Herbe des grecs
comme un pays :
nopal, cerf,
cailles,
les volcans
au grand cou
et l'indien aérien
comme le maïs.
C'est ainsi qu'ils la peignent,
doigts d'indien
doigts d'indien
ou colibri ;
et ils la font ainsi
complètement
main aztèque,
main de quetzal.
II
Quand la nuit
va arriver,
pour qu'elle me protège
de son mal,
je la mets
sur mon chevet
où d'autres posent
leur métal.
Beaux songes
qui font rêver ;
qui font rire,
qui font pleurer :
Main dans la main
passe la mer,
sierras jumelles
champs à labourer.
On peut voir à Anahuac
briller encore
la bestia-Ajusco,
qui va sauter,
et dans le bruit
qui mène à la mer,
Quetzalcoalt
va être atteint.
Elle est mon souffle,
moi, sa démarche ;
elle, le savoir ;
moi, le délire.
Et nous faisons une pause
comme le frère
sur le chemin
y est déjà,
d'où il nous crie
un halalá !
la féminité
d'Olinalá.
Gabriela Mistral traduction carolita
I
Cajita mía
de Olinalá,
palo-rosa,
jacarandá.
Cuando la abro
de golpe da
su olor de reina
de Sabá.
¡Ay, bocanada
tropical:
clavo, caoba
y el copal!
La pongo aquí,
la dejo allá;
por corredores
viene y va.
Hierve de grecas
como un país:
nopal, venado,
codorniz,
los volcanes
de gran cerviz
y el indio aéreo
como el maíz.
Así la pintan,
así, así,
dedos de indio
o colibrí;
y así la hace
de cabal
mano azteca,
mano quetzal.
II
Cuando la noche
va a llegar,
porque me guarde
de su mal,
me la pongo
de cabezal
donde otros ponen
su metal.
Lindos sueños
que hace soñar;
hace reír,
hace llorar:
Mano a mano
se pasa el mar,
sierras mellizas
campos de arar.
Se ve al Anáhuac
rebrillar,
la bestia-Ajusco
que va a saltar,
y por el rumbo
que lleva al mar,
a Quetzalcoalt
se va a alcanzar.
Ella es mi hálito,
yo, su andar;
ella, saber;
yo, desvariar.
Y paramos
como el maná
donde el camino
se sobra ya,
donde nos grita
un ¡halalá!
el mujerío
de Olinalá.
GABRIELA MISTRAL