Uluru, le nombril du monde

Publié le 15 Juin 2018

Traduction d'un article de décembre 2017

A partir de 2019, le fameux mont australien ne pourra plus être escaladé par les touristes. Il est considéré par les aborigènes Anangu comme un site sacré et un territoire des rêves.

Fin octobre, l'Assemblée Administrative du Parc National Uuluru-Kata tjuta qui est en charge de ce site, également connu sous le nom d'Ayers Rock, dans le centre nord de l'Australie, a annoncé qu'il cessera de demander poliment aux alpinistes de ne pas escalader la montagne. La demande deviendra obligatoire à partir de 2019, car Uluru est considéré comme sacré par les indigènes Anangu, habitants de la région.

Uluru est, avec les Kata Tjuta, l'une des plus grandes attractions australiennes dans le Territoire du Nord, et est considéré comme un site du Patrimoine Mondial de l'Humanité depuis 1987, avec plus de 348 mètres de haut, 9 kilomètres de contour et 2,5 kilomètres sous terre. Il s'agit d'une formation de grès rouge qui s'élève au milieu du désert dans une forme semblable à celle d'un cœur gigantesque.

Une partie de son magnétisme est due au fait que sa surface change de couleur en fonction de l'inclinaison des rayons du soleil, aussi bien pendant la journée que pendant les différentes saisons. Particulièrement célèbre est l'image d'Uluṟu au coucher du soleil, quand il devient rouge vif. Pendant les quelques périodes humides de la région, la roche acquiert une teinte gris argenté, avec des rayures noires dues aux algues qui poussent dans les cours d'eau.

Le site sacré des Anangu

Uluṟu est un lieu sacré pour les Anangu, qui le considère comme le nombril du monde. Ce peuple est l'un des nombreux groupes aborigènes identifiés principalement par des critères géographiques, bien que les groupes vivent encore en grande partie nomades, voyageant à travers leurs territoires avec des lances et des boomerangs à la recherche de chasse ou de pêche en canoës et ramassant des fruits et des plantes. Jusqu'à tout récemment, ils n'avaient pas de langue écrite et ils transmettaient leurs connaissances par le biais d'histoires et de chansons. Certains de ces groupes sont les koori (ou koorie) en Nouvelle-Galles du Sud et à Victoria ; murri dans le Queensland ; noongar dans le sud de l'Australie occidentale ; yamatji dans le centre de l'Australie occidentale ; etc.

Lorsque les Anglais sont arrivés sur ce continent du Pacifique Sud à la fin du XVIIIe siècle, on estime qu'il y avait plus de 300 000 aborigènes, mais après des massacres répétés, au milieu du XIXe siècle, ce nombre était tombé à 45 000. Il dépasse aujourd'hui les 250 000 individus et, à partir de 1960, le gouvernement australien a commencé à reconnaître leurs revendications territoriales.

Ainsi, en octobre 1985, les autorités fédérales ont restitué la propriété d'Uluru au peuple Anangu qui, à son tour, l'a louée au gouvernement lui-même et a partagé son administration en tant que centre de villégiature touristique. Un centre à succès où les locaux ont joué le rôle de guides mais où peu de touristes ont respecté la pancarte "Interdition d'escalader".

Au temps des rêves


"Uluru n'est pas un parc d'attractions comme Disneyland ", dit Sammy Wilson, l'un des représentants aborigènes au conseil d'administration. Le fait est que le peuple australien a encore l'expérience d'un "temps de rêverie" dans lequel les esprits ancestraux parcouraient le monde en créant tous les êtres. Ces êtres, retirés aux entrailles de la terre, dorment encore dans le rêve qui donne la réalité au monde, et l'un de ces endroits est Uluru.

Aujourd'hui, Uluru symbolise la lutte pour les droits indigènes, puisque, malgré sa valeur économique comme le soulignent les Blancs, les Anangu exigent le respect de leurs croyances et soulignent que " ce n'est pas la loi (du peuple blanc) qui régit ces terres ". Ils sont convaincus que s'ils sont capables de dialoguer avec les touristes, ils seront en mesure de leur transmettre la compréhension de la terre qui est vécue en marchant autour de la montagne d'une manière amicale. 
"C'est un moment important pour tous les Australiens ", déclare Sally Barnes, directrice nationale des parcs nationaux. Et elle ajoute : "C'est un nouveau chapitre de notre histoire".

Par Maria Ester Nostro

traduction carolita d'un article paru sur Elorejiverde le 2/12/2017

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