Bolivie : Le peuple Yuracaré
Publié le 3 Mai 2018
Peuple autochtone de l’Amazonie bolivienne vivant dans les départements de Cochabamba et Beni dans le bassin de l’Amazone, le long de la rivière Iteñez et le bassin de la rivière Chapare.
Autres noms : yurujare, yurucare, yurakar
Terres communales d’origine Yuracaré TCO Yuracaré 241.171 hectares
Secure Parc National (TIPNIS)
Territoire autochtone multiethnique I dans le TCO Yuqui
Territoire autochtone Chimán
Population : 3394 personnes
Langue : yuracaré, isolat linguistique qui est une des langues reconnues de la Bolivie depuis le décret présidentiel du 11 septembre 2000.
2500 locuteurs
Selon Nordankiöld 1925 il existait des liens entre les Yurakarés et les peuples de la région du Chaco. Certains éléments de la culture matérielle le démontrent comme l’utilisation d’un panier en fibre végétale, des flûtes sphériques aplaties et sculptées dans du bois, objets répandus dans le Chaco et dans les contreforts nord et les plaines.
Leur territoire est une région boisée bordée de forêts riveraines, aux sols fertiles et préférés pour l’agriculture. Les rivières sont riches en poissons et en tortues et une bonne base de subsistance.
Histoire
Une première mention du peuple Yuracaré est faite en tant qu’alliés des Chiriguaro.
Une première mention historique est documentée à la fin du 15e siècle caractérisée par 2 processus sociaux qui sont l’expansion territoriale de l’empire Inca Tawantinsuyu dans les Andes s’étalant vers les basses terres et les migrations des Guaranis provenant du bassin du Paraná. Ils auraient eu moins de relation avec les Incas que leurs voisons Amo ou Rache (peuple éteint) habitant dans la zone du Chapare ni que les Tamacoci.
Ils maintiennent des contacts directs avec les Guaranis dans les années 1580 mais il n’y a pas de contacts de soumission car les Yurakarés restent assez éloignée pour ne pas être asservis.
L’arrivée des espagnols provoque de profonds changements dans la démographie de la zone andine voisine du territoire Yurakaré et dans la région de Santa Cruz. La politique des espagnols envers les indigènes détruit les liens régionaux existant à l’époque inca.
Les Yuracarés pour résister adoptent une technique basée sur l’isolement et la défense par la guerre.
Durant la première moitié du XVIIe siècle les épisodes de guerre (agressions ponctuelles, cycles de vengeance) se succèdent entre les Yuracarés et les espagnols.
A partir du milieu du XVIIe siècle des expéditions sont organisées à la recherche de la terre légendaire de Paititi (une version régionale de l’Eldorado) dans les vallées de la région actuelle de Chapare.
Leur isolement les rend imperméables à la pénétration religieuse des jésuites qui ont modifié en quelques décennies l’organisation sociale d’une grande partie de l’est de la Bolivie.
A la fin du XVIIIe siècle les Yurakarés abandonnent la position isolée du monde colonial et tentent de s’intégrer mais l’incorporation est un échec.
Les principaux changements pour eux viennent du développement d’un axe commercial unissant les vallées de Cochabamba et les plaines du Beni par le rio Chapare et des affluents à la fin du XVIIIe siècle
Au début du XIXe siècle le flux économique augmente en raison du boom du caoutchouc et des projets de colonisation autour de ces axes : construction de ports, de villes colonisées comme Santa Rosa, Todos Santos, Villa Tunari.
Après la révolution de 1952 et dans les années 1970/1980 le territoire central Yurakaré connait les changements les plus marquants avec l’arrivée de dizaines de milliers de colons et d’ex mineurs paysans andins réinstallés après l’ouverture du réseau toutier de Cochabamba à Santa Cruz. L’augmentation exponentielle de la colonisation est soutenue par les profits de la production de coca et le trafic de drogue, un mouvement constant qui tend à ralentir de nos jours.
Cette situation a moins d’impact dans la zone comprenant le parc national Isiboro-Secure créé en 1965.
Dans cette zone ils ont été par contre témoins de mouvements sociaux au cours du XXe siècle, de l’expansion de l’élevage bovin typique de l’économie du Beni.
Sur le plan religieux la deuxième moitié du XXe siècle est caractérisée par l’arrivée des missionnaires évangéliques nord-américains de la mission des nouvelles tribus s’installant le long du fleuve Chapare, organisant des activités missionnaires depuis le centre de Nueva Vida.
Ils ne peuvent pas étendre leur influence aux communautés Yurakarés et celle-ci restera marginale dans la région d’Isiboro-Secure.
En réaction au processus de saisie de leur territoire, un mouvement social s’organise réclamant la récupération des terres et dirigé par le peuple Mojo. Ce qui conduira à la marche pour le territoire et la dignité de 1991 aboutissant à la reconnaissance par l’état du droit de possession de la terre des Yurakarés.
Le parc national Isiboro-Secure est déclaré comme territoire indigène dans le bassin du Chapare.
Deux territoires communautaires d’origine sont fondés, le TCO Yurakaré et le TCO Yuqui, le processus est motivé par le contrôle du territoire et les ressources qu’il contient, point de départ de la création de conseils représentatifs locaux et régionaux indigènes dans les départements de Cochabamba et de Beni.
Les missionnaires de l’institut d’été de linguistique et plus tard une mission des nouvelles tribus arrivent et exercent encore le contrôle absolu sur les colonies Yuracarés.
Sur la partie de leur territoire située près du Chapare et dans le secteur des avancées de la colonisation ils sont confrontés au trafic de drogue.
Mode de vie
Les petites colonies sont formées de familles consanguines ou d’alliances matrimoniales.
Le groupe fonctionne comme une unité de production et d’entraide avec des liens forts.
Il n’y a pas de chef, le groupe semble assez égalitaire.
Les villages se déplacent à certaines périodes et s’installent près de zones de forêts aux sols encore vierges.
La chasse, la pêche et la cueillette sont les activités économiques de base mais l’agriculture a pris de nos jours la place principale. C’est un système d’agriculture sur brûlis avec les cendres qui servent de fertilisant et ils y cultivent le manioc, le riz, le maïs, la banane plantain et la canne à sucre.
Ils élèvent des animaux domestiques pour l’autoconsommation et vendent l’excédent au marché.
Ils complètent leurs ressources par le travail salarié
La pêche est une activité importante qui a lieu dans les rivières proches et parfois lors d’expédition en canoë dans des endroits où le poisson est abondant.
Ils récoltent des fruits sauvages et du miel sauvage.
Cosmovision
Aucune étude anthropologique a été faite sur leur cosmovision.
Des traces existent sur les dessins des vêtements fabriqués à partir de l’écorce de certains arbres et qui ont été immortalisés dans le passé par d’orbigny. Ces dessins ont été décrit par Heinz Kelm, c’est la seule trace de leur passé culturel. Leur mythe de fondation est assez semblable à ceux rencontrés en Amérique du sud faisant intervenir la saga des jumeaux avec un être nommé Tiri fils d’une femme se perdant dans la selva et qui est élevé par la mère des jaguars.
De nos jours les problèmes rencontrés pour ceux qui vivent près des colons sont la présence de trafiquants de drogue. Les jeunes Yuracarés sont attirés par la possibilité de consommation de drogues.
Sources : pueblos indigenas bvsp.org, dobes.mpi.nl
vidéo en espagnol
BOLIVIA: LOS YURACARE DEL RIO ICHILO
Los Yuracaré, se considera el Pueblo Indígena más representativo del Trópico de Cochabamba: Como los otros 34 Pueblos Indígenas y Originarios, que se reconocen en la Nueva Constitución Polít...
http://cades-fotografias.blogspot.fr/2010/02/bolivia-los-yuracare-del-rio-ichilo.html
images d'un village