Fédération de Russie : Les peuples de l’Altaï

Publié le 11 Avril 2018

Les peuples de l’Altaï sont des peuples turcs de Sibérie vivant dans la république de l’Altaï et le kraï de l’Altaï ainsi que dans les régions voisines de Touva et de Mongolie. Je dois préciser que chaque peuple cité dans cet article est un peuple reconnu à part entière et même s’ils sont regroupés au sein du groupe des peuples de l’Altaï ils n’en constituent pas moins des ethnies avec leurs propres cultures. Certains de ces peuples feront d’ailleurs l’objet d’articles plus détaillés.

Population : 74.238 personnes

Langues : Ces peuples sont locuteurs de langues turques sibériennes (voir ci-dessous le détail)

Il y a de très grandes différences dialectales entre les deux groupes ce qui entraîne l’incompréhension mutuelle.

 

république de l'Altaï -By Stasyan117 - Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=39697398

Il y a 2 groupes ethnographiques :

Les altaïques du nord :

 

tofalar Alexander Khimushin

Les Tubalars /Tofalars (tuba-kizhi, plat-kizhi) – affluents de la rivière Katun et Biya. 760 personnes- langue turque sibérienne du sud

Les Chelkhans/Tchalkanes (chalkandu-kizhi, kuu-kizhi) – bassin de la rivière Lebed – 1181 personnes – langue turque sibérienne dialecte altaï du nord.

 

kumandin

Les Koumandines (kumandy-kizhi) rivière Biya et ailleurs – 2892 personnes – langue turque sibérienne dialecte du nord.

 

shors 

Les Shors  (shor-kizhi) cours supérieur du fleuve Tom et sur ses affluents le Kondoma et le Mrasu.12.888 personnes- langue turque sibérienne, turc de l’Iénissei.

 

Les Altaïques du sud :

 

 

altaï

Les Altaïques ou Altaïens (altaï-kizhi) cours moyen du Katun et sur ses affluents (aussi connus comme Montagne Altaïques ou White Kalmyks frontier) – langue turque sibérienne, turc altaïen.

Les Maimalars (maima-kizhi) vallée de la rivière Maima.

 

 

teleut

Les Teleuts  région actuelle de kemerovo – 2643 personnes – langue turque sibérienne, turc de l’altaï dialecte du sud.

Les Telesses ou Telosses (tölös) et ulan-kizhi - langue turque sibérienne, turc de l’altaï dialecte du sud.

 

 

telengit

Les Telengit (chu-kizhi) vallée de la rivière Chu. 3712 personnes- langue turque sibérienne, turc de l’altaï dialecte du sud.

La partie principale des Altaïques est composée des Altaï-kizhi.

Ce qui distingue les Altaïques du nord et du sud est leur économie, leur culture et leurs conditions de vie, leur langue et leur type anthopologique.

By Евгений01, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=53699726

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peuple shors

Ils se sont formés dans la région de l’Altaï sur la base des tribus de Kimak-Kipchaks.

Plusieurs noms ont été utilisés dans les sources aux 17e et 18e siècles ainsi que plus tard au 19e siècle dans les livres de voyage pour désigner les peuples de l’Altaï du sud : Kalmyks de montagne, Kalmyks blancs (pour désigner les Teleoutes), Altaïques ou Kalmyks.

Le nom Kalmyk a été donné en raison des similitudes de l’apparence des deux peuples.

Le nom peuple de l’Altaï, ou Altaï-kizhi se répand dans les années 1840.

Une première mention est faite d’eux par P.Chikhachev.

Un autre nom prend naissance pour les désigner : Oirot et jusqu’en 1947 les Altaïques sont officiellement désignés sous le nom d’Oirot et leur territoire est la région autonome d’Oirot.

En 1947 Oirot est officiellement remplacé par le terme altaïque et le territoire rebaptisé la région autonome de montagne Altaï (Gorno-Altaï).

De nos jours ils vivent dans les hautes terres de Sayan dans le district de l’Altaï, dans la région autonome de la montagne Altaï.

Selon le recensement de 1979 les Altaïques étaient au nombre de 60.000 personnes dont 50.203 vivant dans la région autonome.

Le taux de naissance est relativement faible certainement en raison du nombre élevé de personnes en dessous de l’âge de procréer (de 1 à 19 ans), selon les savants ceci serait le résultat de la dernière guerre.

Actuellement de nombreuses personnes différentes sont unies comme Altaïques. Ils ont des occupations, des modes de vie et des origines ethniques différentes.

Histoire

 

Au cours du siècle dernier on pensait que l’Altaï était la patrie de toutes les tribus turques.

Les lointains ancêtres des Altaïques actuels sont descendus des anciennes tribus turques Tele et Tüküi et de tribus turques caractérisées par le substratum Yenisey, Ostyok ou Ket, les Samoyèdes du sud et les Ougriens.

Un certain nombre de Mongols sont absorbés par les Altaïques (ceux du sud)pendant le règne de Gengis Khan au moyen-âge. Ils en assimilent d’aures du XVe au XVIIIe siècle quand l’Altaï est gouverné par des mongols occidentaux (Dzunghars).

Les Altaïques se consolident en tant que nation durant l’ère soviétique. Avec la révolution d’octobre, ils n’étaient pas un groupe ethnique homogène et n’avaient pas d’autodésignation.

Jusqu’au 18e siècle les tribus altaïques appartiennent au khanat de Dzungharia.

De 1635 à 1758 une partie du sud-ouest et du centre de la montagne Altaï tombe sous la domination russe. Dzungharia et Russie se battent pour la suprématie sur les Altaïques.

Ils sont annexés par le four oirat (alliance des tribus Oirat) au 19e siècle.

Les mongols les appellent Telenguid à l’époque de la dynastie des Yuan du nord.

Après la désintégration de la Dzungharia au milieu du XVIIIe siècle les Altaïques du sud entrent dans la sphère d’influence russe. 

Au 18e siècle ils entrent en contact avec les russes et seront connus à l’époque tsariste sous le nom d’oirot ou Oyrot.

En 1822 des réformes radicales commencent, mises en œuvre par les russes.

A la fin du XXe siècle les Altaïques étaient pour la grande majorité, des nomades.

 

kumandin

En 1922 la région autonome d’Oirot est fondée rebaptisée en 1947 région autonome de la montagne Altaï.

Leur soutien aux Mencheviks pendant la guerre civile les conduit à l’abandon ce cette initiative après la victoire des Bolcheviks et l’arrivée au pouvoir de Staline.

Celui-ci dans les années 1940 et au cours de la seconde guerre mondiale déclare l’Altaï comme région pro-japonaise.

Le mot Oyot est considéré comme contre-révolutionnaire.

En 1950 la région est soumise à l’industrialisation soviétique et le développement ce qui conduit à une migration massive de russes vers la république de l’Altaï, réduisant la proportion des Altaïens de 50 à 20%.

Avec l’arrivée de la collectivisation, tous les Altaïques sont forcés d’avoir un lieu de résidence fixe.

Depuis les années 1950 un certain nombre de petits villages se forment dans la montagne Altaï dans le cadre du processus d’unification des fermes collectives.

En 1959 il y avait 328 villages dans la région autonome, en 1980 seuls 240 demeurent.

Au début du 21e siècle les altaïens ethniques représentent 31% de la population de la république de l’Altaï.

A présent les colonies ont plus de 1000 habitants, cela a provoqué la formation de villages à population mixte (Altaï-Kazakh, Altaï-Russe)

Mode de vie

 

By Sergei Ivanovich Borisov - [1]. Originally uploaded to ru.wiki, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=14138075

Ils ont pu conserver au fil du temps des éléments de la culture turque ancienne et le mode de vie qui va avec.

Avant la collectivisation les Altaïques du sud vivaient de l’élevage nomade.

Les Altaïques du nord étaient des chasseurs dans la taïga de montagne où ils vivaient, riche en gibier.

Une petite agriculture existait ainsi que la cueillette de fruits et plantes sauvages.

A partir du XIXe siècle la cueillette des noix de cèdre devient une activité importante pour les Koumandines, les Chelkhanes et les Tubalars.

Il y a une grande différence entre les deux groupes au niveau vestimentaire.

Les Altaïques étaient connus pour leurs compétences dans le travail des métaux. Les Altaïques du nord sont réputés d’habiles fondeurs de fer et ils fabriquaient des harnais, des casques, des lances, des engins de chasse et des sabres.

Les coutumes funéraires de l’ancienne Turquie sont conservées dans l’Altaï jusqu’au début du 20e siècle comme le fait de mettre dans un tumulus un cheval harnaché avec le défunt.

La société avait une stricte exogamie tribale qui était la principale caractéristique des Altaïques qui n’épousaient jamais un membre de leur propre clan (seoki).

By П. Филатов - https://www.flickr.com/photos/127412734@N02/14951997917, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=35149534

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Religion

De tradition chamaniste ils se convertissent en partie à la religion orthodoxe russe.

Vers 1847 se développe une mission Altaï sous st Makarii Gloukhariov (apôtre Altaï).

En 1904 un mouvement religieux vient en opposition à la colonisation russe, nommé Ak Jang ou bourkhanisme.

Le burhanisme est une religion qui s’est répandue comme une traînée de poudre au début du 20e siècle et qui a servi de moyen d’intégration de la nation. La figure centrale du burhanisme est un mystique Oirot khan. Les exigences du burhanisme monothéiste était que les Altaïques disent des prières 3 fois par jour, qu’ils ne fassent pas de sorcellerie ni de sacrifices de sang à leur dieu Burhan. Les Altaïques du nord et les Telngits n’ont pas adopté cette nouvelle religion.

Elle comprend des éléments chamaniques archaïques et des principes du lamaïsme djunguen. Le mouvement a été fondé en 1904 par Chet Chelpanov. Le mouvement est interdit en 1990 en raison de la politique athée du régime soviétique, il finit par se dissoudre dans les religions altaïques préexistantes. Dans les années 2010 le mouvement a repris de l’ampleur.

La Russie tsariste était suspicieuse du potentiel des pratiquants de provoquer des révoltes autonomistes et de trouver de l’aide à l’extérieur dans les courants nationalistes turcs sibériens.

 

source 1 + wikipedia

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