Le procès d'extradition de Facundo Jones Huala débute aujourd'hui
Publié le 1 Mars 2018
Le lonko mapuche est détenu depuis huit mois en réponse à la demande d'arrestation internationale du Chili. Attente tendue à Bariloche, où se tiendra l'audience.
Le procès d'extradition de Facundo Jones Huala, qui doit avoir lieu aujourd'hui (28 février) à 8 heures du matin, est prévu avant que le Chili ne présente en temps voulu sa demande d'extradition pour les délits dont il est accusé dans ce pays. La séance sera conduite par le juge fédéral substitut de Bariloche Gustavo Villanueva.
Il n' y aura pas de témoins à l'audience, la défense et l'accusation présenteront leurs arguments respectifs et le leader mapuche aura l'occasion de s'exprimer, bien que la résolution sera publiée plus tard. A partir de ce moment, il y a une instance d'appel devant la Cour Suprême de Justice de la Nation pour que la sentence soit définitive.
Jones Huala est hébergé depuis le 28 juin à la prison fédérale d'Esquel, à 285 kilomètres de Bariloche. Il avait été arrêté par la Gendarmerie nationale dans un poste de contrôle de véhicules sur la route nationale 40, dans la province de Río Negro, à la suite d'une demande de capture internationale émanant de la justice chilienne, qui prétend que le dirigeant serait poursuivi pour l'incendie d'une maison et pour la fabrication et la possession d'armes artisanales.
Opération de sécurité inhabituelle
Huala a été transféré d'Esquel à Bariloche pour faire face au procès d'extradition aujourd'hui, alors que le gouvernement provincial a organisé une grande opération de sécurité autour du gymnase municipal Nº 3 où l'audience aura lieu.
Le choix de cet endroit a été décidé par le juge. Bien qu'il soit très grand et d'une capacité de près de deux mille personnes, seul un accès public limité sera autorisé en dépit de mesures de sécurité strictes: 23 participants et 7 organes de presse. Cette décision a donné lieu à une présentation formelle du Syndicat de la presse local afin qu'elle puisse être renversée étant donné le nombre de médias qui, ces derniers jours, ont tenté de s'enregistrer devant les tribunaux.
Pour sa part, le gouverneur Alberto Weretilneck a admis qu'il était "inquiet de ce qui pourrait arriver" au procès, dans la crainte d'éventuels abus et incidents en dehors du gymnase situé dans le quartier de San Francisco, à 35 pâtés de maisons du centre civique. Les syndicats de la CTA, les organisations sociales, les groupes politiques et les communautés mapuche ont déjà annoncé leur mobilisation.
Entre-temps, l'avocate Sonia Ivanoff a déclaré que Jones Huala " se rend au procès sans les preuves de base, sans témoins, vidéos, audios ou reportages journalistiques avec des déclarations de représentants du gouvernement national ", soulignant que l'arrestation et le procès du référent mapuche ont été définis " au cours d'une réunion au Chili entre le président Mauricio Macri et son homologue chilien Michelle Bachelet."
Un contexte inquiétant
Hier après-midi a commencé dans les environs du gymnase municipal un campement de représentants Mapuche qui, selon ce qui a été annoncé provenait de différentes communautés et organisations de Neuquén, Viedma, Patagones, Villa la Angostura, Esquel et Cushamen.
"Il va y avoir beaucoup d'enfants et d'anciens, nous devons les protéger, nous avons besoin qu'ils soient en sécurité et très tôt nous commencerons par des cérémonies", a déclaré l'un des référents mapuches locaux qui a annoncé le soutien au Mapuche lonko détenu.
On s'attend également à ce que différentes organisations sociales participent au campement.
L'audition se déroule dans un contexte très difficile qui a mis à rude épreuve les relations entre l'Etat national et les communautés mapuches de Patagonie.
En 2016, Jones Huala a été arrêté à Cushamen, Chubut où il a dirigé l'occupation de terres des domaines de l'entrepreneur Benetton. Quelques mois plus tard, le juge fédéral d'Esquel, Guido Otranto, a ordonné sa libération pour irrégularités dans la procédure. La justice chilienne a de nouveau demandé l'arrestation internationale et, en juin dernier, Huala a de nouveau été arrêté.
A la suite de cette prise de terres, Santiago Maldonado est décédé en août dernier dans le cadre d'une répression de la gendarmerie nationale. L'affaire a ébranlé le pays, qui a de nouveau été secoué en novembre dernier par l'assassinat du jeune Mapuche Rafael Nahuel par la préfecture alors qu'il effectuait une occupation des terres à Villa Mascardi, Rio Negro. Cette occupation se poursuit, tandis qu'une Table de Dialogue a été formée et que le crime de Nahuel n'a pas encore été élucidé.
Les revendications territoriales des peuples indigènes, les pressions exercées par les intérêts privés et les entreprises sur les communautés mapuches, le non-respect par l'État des lois en vigueur protégeant les droits des peuples indigènes, les crimes qui n'ont pas encore été résolus et le fantôme de la violence qui rôde toujours autour de nous, constituent un contexte inquiétant qui vient s'ajouter à ce moment crucial du procès d'extradition de Facundo Jones Huala.
Par Elorejiverde, traduction carolita :
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