Jinwar, village de femmes du Rojava

Publié le 14 Mars 2018

LE VILLAGE DES FEMMES LIBRES DE JINWAR À L'HONNEUR DANS UN JOURNAL AGRICOLE FRANÇAIS

Le modèle démocratique instauré en Syrie du nord, c'est aussi un modèle écologique et féministe qui dérange tant les puissances mondiales.

Un long article concernant le "Jinwar", village des femmes libres, dans la Syrie du nord a été publié dans le journal agricole "Terre de Touraine"

Jinwar, village de femmes du Rojava

Au Kurdistan, les femmes et les hommes ont donné corps à un lieu de vie alternatif, celui de la communauté du Rojava où chacun(e) expérimente des nouveaux modes de fonctionnement communautaire. Parmi les idées devenues projet, un village pensé par les femmes pour les femmes.

TERRE DE TOURAINE - VENDREDI 9 MARS 2018

Au Rojava, dans le canton kurde de Cizîrê, le village de Jinwar se présente comme un lieu de vie alternatif pour les femmes. La communauté de Jinwar a inventé le concept de jinéologie ; de “Jin”, la femme en kurde et de “logos” la parole, la raison, en grec. La jinéologie est un concept lancé par les femmes kurdes, pour toutes les femmes… Elles proposent une nouvelle vision de 
la vie en société, par la mobilisation au quotidien, mais aussi par la réflexion. Elles pensent qu’une science au féminin est indispensable à la libération des femmes.

Une académie de jinéologie a vu le jour

Ces femmes revendiquent d’être à l’origine des civilisations démocratiques. Elles sont entrées en résistance, non seulement en contribuant à chasser les djihadistes, mais elles se dressent aussi face aux forces qu’elles jugent incapables d’améliorer leur condition.

Egalitaire, protecteur et écologique

Précédée par les premières plantations, la construction du village a débuté fin 2016 avec des travaux d’infrastructure, suivie par des constructions écologiques de pierres, de pisé, de paille et d’eau. La construction du village Jinwar est réalisée collectivement sur la base du bénévolat ; un bourg avec sa zone de troc et de dons, son agriculture, ses troupeaux.

« L’idée que les femmes organisent elles-mêmes leur propre espace et leur propre vie a éveillé beaucoup d’enthousiasme »,reconnaît Heval Rumet, membre de l’académie de Jinéologie. Et de questions aussi : « C’est une initiative importante, mais comment sera-t-elle réalisée ? » ;

« Les femmes arriveront-elles à se protéger ? ». « Nous n’avons pas commencé nos travaux avec des “peut-être”, poursuit Heval Rumet. Notre thèse et nos plans sont clairs, car nous réalisons ce projet au Rojava, une région où se déroule une révolution de femmes. »

Du passé au présent…

Le besoin de passer par la construction d’un village dédié, exprime cette étape radicale.

« Notre but est de réveiller cette autre façon de vivre, basée sur la femme, de nouveau sur ses racines. En vérité les femmes du Rojava ne construisent pas seulement un village pour elles, mais donnent vie à un lieu de renaissance des espaces de vie de femmes, selon les besoins quotidiens, vitaux et sociaux. »

Heval Rumet explique que les femmes visent l’arrêt des persécutions, et toutes sortes de discriminations basées sur le genre, les classes et les ethnies. Pour ce faire, les femmes ont besoin d’endroits où elles peuvent s’exprimer, s’organiser, apporter des preuves concrètes pour montrer qu’une autre vie économique, sociale et culturelle est possible. Certaines craintes, - surtout de la part des hommes -, existent, même si elles ne sont pas exprimées ouvertement. Par exemple, lors d’une discussion cette question a été posée : « Si les femmes se disputent, que se passera-t-il ? » ou encore « Comment les femmes vont subvenir à leurs besoins, comment elles seront formées ? ».

« Les femmes, elles, n’ont pas ces craintes », sourit Heval Rumet. A la racine des problèmes sociaux existants, se trouve la mentalité patriarcale. Aujourd’hui, dans la société traditionnelle, les femmes qui vivent avec les hommes n’ont aucune sécurité et garantie de vie. La femme est soit battue, soit insultée, soit virée, soit tuée… même s’il y a des hommes acquis à leur cause. »

Le décret nº22

Le projet du Rojava inquiète tous les pays abritant des minorités kurdes (Iran, Turquie, Irak, Syrie). Des Etats craignant qu’il prélude à la formation d’un Kurdistan unifié. Pourtant, la guerre de libération du Rojava (kurdistan syrien) menée en 2014 conjointement à la libération de Kobané des djihadistes, a apporté d’énormes progrès pour les femmes. Des avancées inégalées dans le Proche et Moyen-Orient. Le 5 novembre 2014, le gouvernement du Canton Autonome de Cizîrê a émis le décret nº22 stipulant l’égalité des hommes et des femmes vis-à-vis des salaires, des statuts professionnels, des lois d’héritage et du droit de comparaître en tant que témoin au tribunal. Le décret interdit la polygamie ainsi que le mariage des jeunes femmes sans leur propre consentement. Sans la participation active de milliers de femmes
dans les forces d’auto-défense féminines YPJ, sans la formation de conseils des femmes et leur représentation à tous les niveaux de la vie politique et dans tous les domaines de la vie publique, ces développements n’auraient pas pu voir le jour.

source : kurdistan au féminin via fb

Rédigé par caroleone

Publié dans #Rojava, #Kurdistan, #Guérilla kurde, #Droits des femmes, #Jinéologie

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article