Argentine : Le peuple Huarpe
Publié le 14 Février 2018
Peuple originaire d’Argentine qui est aussi une civilisation précolombienne qui a été considérée comme disparue a un moment de son histoire.
Langue : dialectes huarpeanes (warpe)
Le territoire
Ils habitaient la région actuelle de Cuyo (dans les provinces de San Juan, Mendoza et San Luis)ce depuis le 3e siècle, de la rivière San Juan à la rivière Diamante à Mendoza. Au milieu du XVIe siècle il y avait probablement 100.000 Huarpes.
Population actuelle : 14.633 personnes
Le mot huarpe peut vouloir dire : "homme des sables ou homme du désert"
Il y avait 5 groupes ethniques selon leur répartition géographique :
Huarpes Milcayac : actuelle Mendoza
Huarpes Allentiac : à San Juan
Huarpes Guapees : à San Luis
Huarpes Chiquillanes : ou algarroberos, sud de Mendoza
Huarpes Huanacache ou laguneros (habitants des lagunes de Guanacache, nord-est de Mendoza et nord-ouest de San Luis)
Huarpes Pehuenche , nord du Neuquén jusqu’au XVIIIe siècle, à partir de cette date les Pehuenches du Neuquén ont été assimilés par les Mapuches. On ne connait pas leur autodésignation d’origine.
Ils ont tout d’abord subi l’expansion des Incas arrivés du nord-ouest de la vallée d’Uspallata avant d’être en contact avec les conquistadores espagnols en 1551 avec l’expédition de Francisco de Valdivia. Les indigènes Huarpes sont envoyés au Chili comme main d’œuvre plus docile que celle des Mapuche rebelles. La plupart trouvent refuge âr la suite dans le complexe lagunaire de Guanacoche où ils peuvent se dissimuler dans les réseaux d’îles et survivre grâce aux ressources présentes dans ce milieu.
L’environnement naturel
Avant la colonisation leur territoire, une vaste zone étendue au pied de la cordillère des Andes possédait des forêts de caroubiers abondantes situées dans les zones qui de nos jours sont désertiques. Ce territoire était riche en vallées fertiles qui portaient les noms indigènes de Tuaula ou Carua, ou bien Güentota ou Cuyo, Uco.
Les vallées leur permettaient d’obtenir des ressources économiques et de développement naturel ou artificiel.
Les ressources
canoe huarpe- Dominio público, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1143740
Ils étaient pêcheurs, agriculteurs et chasseurs.
Ils pêchaient avec leurs radeaux de totora (jonc lacustre) sur les rivières et plans d’eau de leur région.
Les animaux présents dans les vallées et les plus importants pour les Huarpes étaient les guanacos vivant dans les zones montagneuses bordant les vallées. D’autres espèces plus petites étaient disponibles, ñandu, lièvre, predrix, canards, oiseaux.
La flore autochtone, surtout arbustive produisait des fruits à haute valeur nutritionnelle comme les caroubes et les chañar.
L’agriculture bénéficiait d’une irrigation artificielle dans les grandes vallées des rivières collectrices. Ils semaient du maïs, du quinoa, des courges, des citrouilles, du maté, du piment également.
gousses de prosopis flexuosa/caroubier
geoffroea decorticans fruits immatures Par Penarc — self-made own work, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3321748
Ils récoltaient les cosses d’algarrobo (caroubes/prosopis flexuosa) et les drupes de chañar (geoffroea decorticans) Les caroubes étaient leur aliment de base, les graines étaient moulues en farine , le patay ou pain indien et pour faire une boisson alcoolisée, hospeda.
Enfin, certains élevaient des lamas, pour les produits dérivés et comme bête de somme.
lagunes de Guanacache http://puntoapartesanluis.com.ar/el-gobierno-celebra-el-dia-del-medio-ambiente-en-las-lagunas-de-guanacache/
Dictionnaire Allentiac (Huarpe) - français - coco Magnanville
La langue Huarpe comprenait plusieurs dialectes. Le Millcayac et l'Allentiac ont été documentés ; à San Luis un codialecte Puntan était parlé. Selon le jésuite Luis de Valdivia, le Millcayac...
http://cocomagnanville.over-blog.com/2018/08/dictionnaire-allentiac-huarpe-francais.html
Peuple considéré comme disparu....
Au milieu du 18e siècle les Huarpes en tant que groupe ethnique ont disparu. Il y a plusieurs raisons à leur déclin : les épidémies de maladies infectieuses apportées par les européens et dont ils n’avaient pas d’anticorps, le système de l’encomienda mis en place et imposé par les espagnols, l’envoi d’un nombre d’entre eux au Chili pour y travailler dans des conditions terribles de mauvais traitements qui vont causer la mort de nombre d’entre eux. Certains arrivent à s’enfuir dans des zones moins difficiles.
Dans les dernières décennies du XXe siècle ils ont commencé à retrouver leur identité ethnique et culturelle dans la région des lagunes de Guanacache, plusieurs communautés Huarpe ont commencé à émerger et à s’organiser.
Un Huarpe du nom de Santos Guyama (l’homme qui est mort 9 fois), un gaucho argentin, était le chef de la rébellion lagunera dans les lagunes de Guanacache et il résista jusqu’à sa capture et sa mort par exécution. Il deviendra un personnage de la culture populaire quasi mythique dans la région. On dit que la lignée Huarpe de cette région lui est attribuée.
......Vers la reconnaissance, la renaissance
L’enquête complémentaire des peuples autochtones de 2004/2005 permet de recenser 10.933 personnes se revendiquant de l’ethnie Huarpe dans tout le pays et de reconnaître l’appartenance au peuple Huarpe : 9616 à Mendoza, San Juan et San luis et 3700 comme descendants de la première génération de Huarpes mais qui ne sont pas considérés comme membres de la ville. Le total est de 14.633 personnes.
Mode de vie
Les villages
Les villages comprenaient quelques habitants qui se déplaçaient d’un endroit à l’autre selon les saisons. Les maisons étaient faites en branchages et boue. Les habitants de la lagune de Guanacache se déplaçaient en radeaux de roseaux ou totora avec des cordages en fibres ou laine de guanaco, radeaux ressemblant à ceux utilisés sur le lac Titicaca. Ils échangeaient des fruits avec d’autres amérindiens par le biais du troc.
Physionomie
Ils avaient selon les observateurs européens, des caractéristiques physiques différentes de celles des autres amérindiens : un visage plus allongé, une stature plus grande et mince (les femmes en moyenne 1.60m et les hommes 1.70m), leur peau était bronzée, leurs cheveux portés longs aussi bien chez les hommes que les femmes et avec des plumes.
La religion
Leur religion était polythéiste, la divinité principale était Humuc Huar, qui vivait dans les montagnes. Ils adoraient aussi le soleil, les étoiles, la lune, les éclairs, les collines et les rivières qui étaient tous des esprits auxquels on faisait des offrandes de plantes médicinales.
L’organisation sociale
Ils vivaient en petits groupes menés par un cacique, propriétaire de la terre. Les chefs étaient polygames, leur poste de chef était héréditaire.
Il y avait 2 coutumes particulières chez les Huarpes :
Le lévirat : à la mort de l’époux la veuve et ses enfants passaient sous la protection du frère puîné du défunt.
Le sororat : un homme qui se marie acquiert le droit de se marier avec les sœurs restantes de son épouse.
Arts
Présence de figures anthropomorphes sur les poteries et les sculptures sur pierre, pictogrammes.
La vannerie est leur art le plus élaboré. L’héritage culturel n’est pas perdu de nos jours. Les Huarpes en effet maîtrisent un savoir ancestral précolombien dans la technique de l’acordelato qui est un procédé de trempage de la fibre qui la fait augmenter de volume ce qui imperméabilise les paniers et peut servir à tisser des récipients culinaires comme des tasses.
Les communautés actuelles
Dans la province de Mendoza
Communauté Huarpe Guaytamari, Communauté Huarpe Güentola, Communauté autochtone Huarpe José Andrés Diaz, Communauté autochtone Huarpe Paula Guaquinchay, Communauté autochtone Huarpe Santos Guayama, Communauté Huarpe Elias Guaquinchay, Communauté Huarpe Josefa Peréz, Communauté Huarpe Juan Bautista Villegas, Communauté Huarpe Juan Manuel Villegas Huarpe, Communauté Lagunas del Rosario Huarpe, Communauté Tarragone Huarpe secundino, Communauté Huarpe José Ramón Guaquinchay, Communauté Pinkanta
Dans la province de San Juan
Communauté Sawa ou Corazón huarpe, communauté du territoire de Cuyum, communauté Esperanza Huarpe, communauté de Salvador Tatuarca
Dans la province de San Luis
Communauté Huarpe de Guanacache
Les décisions sont prises dans chaque communauté par un conseil d’anciens, l’ompa et il existe également un conseil de jeunes le matichen.
Revendications territoriales
En septembre 2009 les représentants de la communauté de Guanacache de San Luis demandent au gouverneur de restaurer les terres du parc national de la Sierra de las Quijadas où vivaient leurs ancêtres.
La demande de restitution est gérée par le gouverneur mais elle n’aboutit pas.
En 2010 la province de San Luis transfère 73.534 hectares de la zone protégés au peuple grâce à l’approbation de la loi provinciale V60721-2010, le ministère du tourisme de la nation s’y oppose et dépose un recours en protection.
Sources : pueblos originarios.com, los huarpes, wikipedia
Articles complémentaires
Ils admettaient l’existence d’un être suprême avec son opposé maléfique. Au-dessus d’eux, ils adoraient Hunuc Huar, qui vivait dans la plus haute montagne (Cerro Mercedario) et on lui offrait du maïs, de la chicha et des plumes d’autruche.
Ils adoraient aussi le soleil, la lune, l’étoile du matin, le vent, les collines, les rivières. De leur part, ils s’attendaient à la santé.
Les sorciers guérissaient les maladies et pratiquaient différentes sortes de magie. Ils croyaient à l’interprétation des rêves et au chant des oiseaux.
Cérémonies
Des cérémonies de nature magico-religieuse étaient pratiquées régulièrement, et des groupes de différents hameaux étaient invités à les partager. L’une d’entre elles avait lieu dans une salle ronde de paille levée à cet effet où, pendant environ quatre jours consécutifs, les hommes dansaient, buvaient et mangeaient. Les femmes étaient exclues et se tenaient à l’extérieur en attendant le moment où elles devaient entrer et fournir plus de boissons à leurs hommes à la condition expresse qu’elles ne les regardent pas sous peine de mort. Ce type de cérémonie était dirigé par un vieil homme qui était peut-être le sorcier et qui invoquait les forces naturelles avec des cris et l’aide d’un instrument de percussion. Il adressait également des exhortations et des discours aux personnes présentes. Au cours de la réunion, les garçons étaient présentés à la communauté masculine, faisant de cette cérémonie une sorte de rite d’initiation.
Une autre histoire très particulière est racontée par Pascuala Carrizo Guakinchay (professeur, descendant de Huarpe) : « Dans ces paiements (San Luis) de la nation Huarpe, une croyance ancienne existait jusqu’à il y a quelque temps : ils disent que lorsqu’il y avait une éclipse de lune, les femmes moulaient du sel toute la nuit, parce qu’elles croyaient que la lune était morte, et c’était la façon de la ressusciter, probablement accompagnée d’une prière ».
Le rite du mariage
Il s’agit du serviñacu, qui est un service mutuel. Le couple est testé pendant un an. Lorsque la date limite est dépassée, il va voir sa famille et fait rapport sur les résultats de l’union. S’ils veulent rester un couple pour toujours, l’aîné de la communauté, qu’il soit ou non un parent, est convoqué et accomplit le rituel du mariage.
Ils vont au point le plus visible d’un lieu, à midi, et là l’aîné de la communauté dit une prière, des rogations pour le couple, qui sont pieds nus sur le sol. L’aînée de la communauté verse la boisson locale pour que puisse boire la Pachamama. Avec ses mains, une sorte de pyramide est faite entre eux tous, et sur cette pyramide, la plus grande de la communauté versait la boisson.
Art funéraire
Les enterrements avaient lieu lors d’une cérémonie sociale, au cours de laquelle le sorcier demandait la protection des morts, jouait du tambour, l’un de ses rares instruments de musique, et buvaitt.
Les défunts étaient placés en position couchée sur le dos, avec leurs têtes face à la Cordillère, où vivait Hunuc Huar, où ils auraient une autre vie, alors ils y plaçaient ses effets personnels, couvertures, vêtements, nourriture et boissons pour le voyage.
Le deuil observé par les membres de la famille consistait à peindre leur visage différemment de la normale et à ne pas se laver pendant un certain temps.
traduction carolita du site Pueblos originarios
Huazihul L’esprit de la montagne