Les gens de Berta
Publié le 7 Décembre 2017
Claudia Korol
Les gens de Berta coupent les rues et les routes du Honduras. Ils coupent les chemins de la fraude, de la corruption, de la reddition et du pillage. Ils ouvrent la voie à la dignité, à la souveraineté et à la liberté.
Les gens de Berta ont une mémoire de résistance, ils ont la volonté de contre-attaquer, ils ont la force et la tendresse que nos ancêtres ont semées dans les profondeurs du continent.
Les gens de Berta savent marcher, ils savent regarder dans les yeux, ils savent se lever encore et encore de tout coup d'état, ils savent célébrer la vie au bord du néant.
Les gens de Berta connaissent l'espérance, parce qu'ils ont commencé leur vie dans l'espérance. Ils connaissent l'utopie parce que c'est ainsi qu'ils appellent leurs territoires libérés.
Les gens de Berta sont en révolte, parce qu'ils se replongent dans la colère du peuple, dans la créativité du peuple, dans la rébellion du peuple.
Les gens de Berta ont le coeur qui bat COPINH COPINH COPINH comme mot de passe. Mais leur coeur bat aussi OFRANEH. Il bat aussi avec les féministes insurgées. Il bat aussi à l'international.
Les gens de Berta sont Lenca, Mapuche, Maya, Kurdes, Honduriens, Salvadoriens, Guatémaltèques, Tica, Argentins, Italiens, Colombiens, Cubains. Les gens de Berta viennent de la terre, du feu, du fleuve et de l'air.
Les gens de Berta prennent le présent d'assaut, pour crier au monde qu'ils ne sont pas vaincus, que le crime avec lequel ils entendaient laisser les peuples sans âme, ne le pouvait pas avec ce corps qui est maintenant collectif, pluriel, et toujours rebelle.
Les gens de Berta se souviennent de cette OEA et des gouvernements qui ont tourné le dos au peuple hondurien, a légitimé par ces médiocres processus électoraux le coup d'État de 2009.... et maintenant.....
Les gens de Berta se dressent devant les corporations transnationales, devant les comploteurs de coup d'Etat, devant les politiciens rampants qui négocient la mémoire d'un plat de lentilles, devant ceux qui tentent de pasteuriser le projet politique collectif de refondation du Honduras.
Les gens de Berta regardent avec méfiance le pouvoir et avec un regard heureux les gens qui sortent de la somnolence pour prendre soin de leur identité rebelle.
Les gens de Berta se souviennent toujours de Lempira, Etempica, Mota, Iselaca et qui font partie de leur lignée guerrière. Vous ne pouvez pas être vaincus par la peur ou acheter avec du bon sens.
Les gens de Berta, le peuple guerrier de notre Honduras, donne tout pour révolutionner le monde.Contrairement aux vents qui soufflent des vents conservateurs et faux, patriarcaux et racistes, malgré les conseils de modération et d'ordre, malgré l'encens fondamentaliste.
Les gens de Berta ont le regard, la peau, le sang, les mains, mais surtout le cœur de Berta, et tout est donné sans calculs mesquins, mais avec une conscience stratégique.
Les gens de Berta continuent de faire des révolutions maintenant, chaque jour, amassant l'histoire avec la volonté du peuple, avec le peuple simple, avec la décision de ne pas se laisser assujettir, de ne pas abandonner les territoires ou les corps au maître. Les gens de Berta répandent leurs révolutions de façon anticapitaliste, antipatriarcale, antiraciste et anticoloniale.
S'il est vrai alors que nous toutes, que nous tous sommes Berta, s'il est vrai que nous sommes les gens de Berta, notre place, dans n'importe quel coin du monde, est de prendre soin de ce cœur qui bat profondément les rebellions, qui bat les révolutions, toujours.
Claudia Korol via fb traduction carolita
(...) Mais les sorciers tuent les métaux
de la résurrection, ils clôturent les portes
et obscurcissent la demeure
des grands oiseaux éblouissants.
Pablo Neruda ( Les sorciers de l'Amérique)
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La gente de Berta sigue haciendo las revoluciones ahora, cotidianamente, amasando la historia con la voluntad del pueblo, con la gente sencilla, con la decisión de no dejarse avasallar, de no ...
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