Honduras: Entre ingérence et autonomie populaire
Publié le 14 Décembre 2017
Le concept d'indépendance au Honduras est une propagande qui sert de prétexte pour célébrer le 15 septembre, rien de plus; la réalité montre une autre chose diamétralement opposée.
Nous sommes au beau milieu d'une crise politique et le Honduras, loin d'être un pays avec un pouvoir de décision sur son avenir, réclame une intervention internationale pour nous faire sentir qu'il y a une institutionnalité vers laquelle se tourner, de sorte que la main ferme de la communauté internationale condamne la fraude électorale ou tout autre acte de corruption.Il demande à voix haute de ne pas accepter un président illégitime de l'extérieur, de dire qu'il y a une dictature ici, parce que rien ne se passe à l'intérieur, peu importe combien sont en train de crier.
Le chaos provoqué par la mise en œuvre de ce dicton:"des élections à la Honduras" est toujours latent dans tous les coins du pays. Un extrême dénonce la fraude, l'autre garantit la transparence et la démocratie. Bien qu'il n' y ait pas d'accord public entre les deux parties, le seul point commun entre le Parti national et l'Alliance de l'Opposition contre la Dictature est l'intérêt d'être soutenu par le gouvernement américain, l'Organisation des États américains (OEA) et l'Union européenne, les principaux organes intéressés par les élections honduriennes et qui, au-delà de la décision du peuple dans leur vote, sont ceux qui ont réellement la désignation du prochain président entre les mains.
Les mois qui ont précédé les élections générales nous ont montré ce que pourrait être le résultat d'un processus électoral qui a perdu sa légitimité en permettant la réélection du président, au regard de ce qu'on appelle la "communauté internationale". Le Honduras n'avait pas été dépourvu d'un chef de l'ambassade des États-Unis, et comme présage que cela se produise avant ces élections, et afin de rendre les élections transparentes, le gouvernement a invité un millier d'observateurs internationaux, au cas où nos propres yeux nous auraient trompés.
Avant les élections, des représentants de l'Alliance et du Parti libéral se sont rendus aux États-Unis pour dénoncer une fraude imminente en novembre, et ils se sont également rendus à l'OEA pour déposer une plainte. De l'autre côté de la médaille, le Parti national a également fait de même, garantissant la présence de ces trois organisations internationales pour assurer l'observation électorale.
L'histoire nous a montré qu'au Honduras, les présidents sont placés par des familles dont le pouvoir est garanti par les États-Unis et que, pour personne, c'est un secret dans un pays qui se laisse couler entre les cris de démocratie et les accusations de fraude. Les libéraux et les nationalistes ont imposé cette culture par le biais du bipartisme, une structure qui s'est affaiblie depuis le coup d'État de 2009 et subit aujourd'hui un changement dans la politique nationale. C'est pourquoi tous les partis ont clairement indiqué qu'avant de satisfaire l'électorat, il était nécessaire de demander l'approbation des États-Unis et d'autres entités internationales.
Face à une telle demande, ces instances doivent prendre une décision et la détermination semble avoir déjà été faite et commence à s'inspirer des faits de ces derniers jours. Le premier est le rôle du département d'État américain. Deux jours après l'installation de l'État de siège au Honduras, qui a fait 17 morts de la main des militaires, selon les organisations de défense des droits de l'homme, cette représentation a publiquement félicité le gouvernement de Juan Orlando Hernandez en tant qu'administration qui respecte les droits de l'homme et lutte contre la corruption.
Le deuxième événement a été l'apparition publique de Heide B. Fulton, la représentante des affaires de l'ambassade des États-Unis au Honduras, qui a loué le travail du Tribunal électoral suprême (TSE) dans le dépouillement spécial des dossiers électoraux. Une apparition totalement irrespectueuse et éhontée lorsqu'on se montre aux côtés du président de la TSE, David Matamoros Batson, et le félicite pour l'effort qu'il a fait face à tant de chaos que le tribunal lui-même a provoqué.
Fulton représente ceci, l'affaire entre le Honduras et les Etats-Unis qui peut être reflétée non seulement dans les millions du Plan de l'Alliance pour la Prospérité pour "arrêter" la migration irrégulière, mais aussi dans les concessions minières dans la bande d'or au sud du Honduras, la politique néolibérale matérialisée dans les Zones Spéciales de Développement (Zede), les millions d'impôts de ses citoyens investis dans la militarisation du pays dans sa "lutte contre la drogue. C'est pourquoi Fulton apparaît, car le Honduras peut sembler insignifiant, mais c'est tout près de l'arrière-cour des États-Unis.
Les deux actions clarifient la position du gouvernement américain dans ce jeu d'échecs électoral.
Le troisième acteur le plus important est la Mission d'appui à la lutte contre la corruption et l'impunité (MACCIH), une structure anticorruption de l'OEA, qui participe actuellement au processus électoral au Honduras. La MACCIH est restée muette face au processus, et avec ce silence nous ne faisons pas référence à la tenue des élections parce que ce n'est pas son mandat, mais à son rôle d'omission face aux allégations de corruption au sein de la TSE.
Il y a une semaine, la Coalition contre l'impunité a déposé une pétition auprès de la MACCIH lui demandant d'agir immédiatement pour faire pression sur le ministère public afin qu'il intervienne d'office dans les locaux de la TSE, qu'il saisisse tout le matériel électoral et qu'il effectue un audit complet pour savoir une fois pour toutes s'il y a fraude ou non dans le dépouillement et la numérisation des données dans le système informatique électoral. La pétition a été reçue, mais n'a pas encore reçu de réponse à ce jour.
Après une semaine de dépôt de la plainte, la MACCIH et le procureur du ministère public, Oscar Chinchilla s'adresse à l'opinion publique pour présenter une affaire de corruption contre cinq députés accusés de détournement de fonds publics et d'abus de pouvoir. La présentation de l'affaire a été timorée et superficielle, car le Honduras sait clairement que l'argent que les députés ont reçu est le produit d'un pot-de-vin en échange du vote en faveur des magistrats de la Cour suprême de justice (CSJ) en 2016, cette cour qui a permis au président d'opter pour la réélection.
La MACCIH jouerait un rôle fondamental dans cette crise politique s'i elle déclarait vraiment que dans cet acte de corruption il y a des hauts responsables du Parti National impliqués dans la Maison Présidentielle afin que le Ministère des Finances donne l'argent aux députés.Au final, la présentation de l'affaire sans dénonciation complète dans le réseau de corruption qui entoure le dossier laisse la preuve qu'il s'agit d'un acte visant à détourner l'attention de la crise électorale dans le pays.
Mais au-delà des faits, les principaux acteurs politiques ne font pas la lumière sur cette idée de rechercher à tout prix l'adhésion de la communauté internationale, notamment du gouvernement américain. Le président de l'Alliance, Salvador Nasralla, se rendra aux États-Unis dans les prochains jours pour déposer une plainte pour fraude, tandis que le Parti national promet la continuité des intérêts du gouvernement américain en échange de leur appui au processus en cours.
Les partis politiques au Honduras ne mentionnent que le peuple pour renforcer leurs aspirations au pouvoir, un peuple qui n'a jamais eu entre les mains la décision d'élire un président . Historiquement, tout a toujours été cuit dans les tables de négociation entre les propriétaires des partis politiques et la communauté internationale.
Le Honduras est aujourd'hui au bord d'un moment historique, un moment charnière qui permet aux gens de se demander s'il ont réellement entre les mains le pouvoir de mettre un candidat à la présidence, au-delà de ce que décident les États-Unis, l'OEA, la MACCIH et l'Union européenne, même au-dessus de leurs caudillos partisans.
Le pays éprouve un sentiment d'indignation accumulée qui a explosé avec un processus électoral truqué et leur a montré que la seule encre qui représente réellement la marque sur leurs doigts lors du vote est la représentation de l'utilisation et de la validation des processus non transparents.
Bien que les manifestations à Tegucigalpa culminent avec un sit-in à l'ambassade des États-Unis, les gens réalisent progressivement leur collusion, ainsi que le pouvoir politique national. De plus en plus, l'indignation et la répudiation vont vers ces secteurs.
Cette prise de position des gens dans la rue constitue un appel clair aux organisations internationales, aux pouvoirs derrière le trône national et aux partis politiques: qu'ils respectent la volonté populaire, qu'ils respectent la confiance manifestée par les Honduriens le 26 novembre dans les urnes et que l'ingérence néfaste dans le pays soit rejetée lorsqu'elle va à l'encontre du sentiment populaire.
Les gens ont clairement demandé à l'OEA, à l'Union européenne, à la MACCIH et à l'ambassade des États-Unis que, s'ils sont vraiment au Honduras en tant qu'observateurs électoraux, alors qu'ils dénoncent les irrégularités du processus, mais s'ils ne sont pas disposés à le faire, qu' ils devraient se retirer et laisser les gens être ceux qui, pour la première fois dans l'histoire, mettent un président au pouvoir.
traduction carolita d'un article par dans Contra Corriente le 12 décembre 2017 :
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Honduras: entre la injerencia y la autonomía popular | Contra Corriente
El concepto de independencia en Honduras es propaganda que sirve como motivo para celebrar el 15 de septiembre, nada más; la realidad muestra otra cosa diametralmente opuesta. Estamos en plena ...
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