Monde autochtone 2017 : L'Algérie
Publié le 16 Novembre 2017

femme Kabyle au jardin d'essai du Hamma a Alger https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Robe_khabyel.jpg?uselang=fr
Belkacem Lounes
La langue amazighe reconnue comme langue nationale et officielle
Le parlement algérien a adopté une nouvelle Constitution au mois de mars 2016 qui mentionne dans son article 4 que : "Tamazight est également langue nationale et officielle"1. Cependant, l’article 3 indique que "l’arabe est la langue nationale et officielle. L’arabe demeure la langue officielle de l’État.".
Pour nombre d’observateurs, cette formulation des articles 3 et 4 montre que les deux langues officielles ne sont pas traitées à égalité. La primauté donnée à l’arabe est claire et elle est confirmée par le Préambule de la Constitution qui affirme que « l’Algérie est un pays arabe », en contradiction avec la réalité historique, sociale, culturelle et linguistique du pays. Par ailleurs, l’article 4 ajoute que « les modalités d'application de cet article sont fixées par une loi organique » mais sans préciser aucun échéancier.
Or, considérant que le gouvernement et la grande majorité du Parlement sont d’obédience arabo - nationaliste, les Amazighs d’Algérie sont persuadés que leur langue ne sera jamais effectivement langue officielle. Le mauvais exemple du Maroc qui a accordé le statut de langue officielle à Tamazight en 2011 mais n’a adopté aucune loi organique d’application à ce jour, conforte le scepticisme des Amazighs d’Algérie.
Par ailleurs, les organisations amazighes d’Algérie notent que l’accès de Tamazight au statut de « langue nationale » depuis 2002 ne s’est traduit par aucune avancée concrète en faveur de cette langue et qu’il n’y a dans le nouveau texte constitutionnel, aucune reconnaissance ni réhabilitation du peuple autochtone amazigh et que son identité reste largement discriminée par rapport à l’identité arabo - islamique.
L’article 212 de la nouvelle Constitution renforce la suprématie de la composante arabo - islamique de l’identité algérienne en mentionnant que « toute révision constitutionnelle ne peut porter atteinte à l'Islam, en tant que religion de l'État et à l'arabe, comme langue nationale et officielle ». On observe que la langue amazighe n’est pas mentionnée dans cet article, preuve qu’elle n’est pas protégée au même titre que l’arabe par la Constitution algérienne.
La législation algérienne reste donc gravement discriminatoire du fait qu’il y a une langue privilégiée, l’arabe et une langue secondaire, l’amazighe, et par conséquent, une hiérarchie des citoyens : les Arabes, citoyens à part entière et les Amazighs, citoyens de seconde zone. C’est ce que les organisations amazighes ont dénoncé de manière ferme et unanime.
Thèmes qui y sont abordés :
La langue amazighe reconnue comme langue nationale et officielle
Répression policière au Mzab et en Kabylie

Par Omar-toons — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=49182351
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