L'art des Kwakwaka'wakw de Colombie britannique
Publié le 30 Novembre 2017

masque de transformation- By Photo: Myrabella / Wikimedia Commons, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=34204360
Le peuple Kwakwaka'wakw ou Kwakiutl produit une belle variété d'artisanat englobant les sculptures sur bois, la peinture, le tissage, la danse, les totems, les masques, les bijoux et les couvertures tissées.
Leur art est semblable à celui des autres peuples de la côte nord-ouest du Pacifique mais il comporte des différences significatives.
Leur art est défini par des coupes profondes dans le bois, l'utilisation minimale de peinture et réservé à des fins d'accentuation.
......matériaux..........
Les matériaux comprennent le bois, l'écorce, la coquille, l'os des animaux et différents pigments.
planche découpée à même l'arbre
Le bois est celui du cèdre rouge de l'ouest, ou thuja plicata.
C'est celui qui a la préférence pour la réalisation des grands projets car il est très fréquent sur la territoire de la côte nord-ouest.

cèdre jaune Par I, BS Thurner Hof, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2370452
Le cèdre jaune ou callitropsis nootkatensis (cyprès de Nootka) est utilisé pour les objets plus petits.
Le bois est parfois huilé pour les petites sculptures.
Il était cuit à la vapeur pour le rendre plus souple.
La corne était utilisée pour créer des outils, des ustensiles de cuisine. Elle était ramollie par ébullition puis pliée et sculptée dans la forme désirée.
La peinture était tirée de l'ocre rouge et de la pâte blanche provenant des coquilles de bivalves brûlées.
....outils....
Les outils étaient fabriqués par des artisans pour leur usage personnel : herminettes, couteaux à sculpter, haches en pierre, marteau en pierre, pinceaux, brosses à partir de piquants de porc-épic.
Plus tard les femmes utiliseront le métier à tisser pour réaliser les couvertures et les rideaux.
Certains outils étaient cérémoniaux , décorés et sculptés.
L'écorce de cèdre était utilisée pour faire des crinières autour des masques tamatsa.
.....art multiple......
L'artisanat comprend de nombreux objets, des masques, des effigies, des hochets, des coffres de rangement, de grands totems, des poteaux de maison.
Le style utilisé est celui du punning ou kenning, des styles remplissant les vides visuels des figures et des motifs.

Les masques

Nuhlimkilika- Koskimo- Curtis
C'est la partie vitale de l'art et de la culture Kawakiutl, les masques sont primordiaux pour les danses afin de représenter le personnage du danseur. Ils représentent une grande variétés d'êtres mythologiques, d'animaux, de forces de la nature, d'humains.
Certains sont décorés de plumes ou de cheveux représentant des fourrures animales, et d'écorces de cèdre.
Hamatsa : ce sont de grandes pièces sculptées sous la forme d'un corbeau avec un bec allongé ou courbé. Il y a aussi des masques multiples avec 2 têtes de corbeau sur le même masque.


By Edward S. Curtis - Library of Congress[1], Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=8043280
Dzunuk'wa : femme sauvage des bois ou géant (e) avec des cheveux sauvages négligés, des lèvres proéminentes, de grands yeux, des poils sur le visage et des joues enfoncées.

Dzunuk'wa By Vancouver Public Library Historical Photographs - http://www.flickr.com/photos/99915476@N04/13937311630/, No restrictions, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=34727246
Masques Komokwa (richesse de l'or ou chef de la mer) représentation de la mer. Les yeux ressemblent à des poissons, fentes branchiales, écailles, parfois une crête d'oiseau de mer orientable.
Bookwus (homme sauvage des bois) sculpté avec des yeux profonds, un nez crochu, des traits semblables à ceux d'un crâne humain. Le bookwus vit près des ruisseaux ou des lisières de forêts et rassemble les âmes des victimes de noyades. Le masque est de couleur verte, brune ou noire.

Noohlmahl ou Nulamal - bouffons violents envoyés par les hamatsa. Ils sont distinctifs à leur nez exagéré coulant avec du mucus, une expression humoristique tordue.
Masques Soleil. masque rond avec une silhouette de faucon au milieu, des morceaux de bois émanent du bord symbolisant des rayons de soleil. Ils sont peints en blanc, orange et rouge.
Masques Lune représentant un jeune homme aux traits de corbeau avec des plumes et un bec. Il existe des masques pour la lune pleine et celle de la lune en croissant. Ils sont parfois ronds, parfois ronds avec un croissant peint ou un masque avec l'emblème de la lune.
Masque Echo symbolisant la parole et la ventriloquie avec des embouchures interchangeables se découpant, des pièces insérées dans la région des lèvres du corps du masque et représentant un être avec une voix différente.

Masques de transformations

Raven/Sisiutl transformation mask, open By The Children's Museum of Indianapolis, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=15094609
Ce sont des masques s'aspect complexe conçus pour représenter la nature double des êtres mythologiques. Cet art a été porté à la plus haute perfection par les Kwatiutl et utilisée pour leurs danses dans lesquelles le danseur peut ouvrir le masque par une série de cordes afin de révéler une seconde figure, un masque plus humain dissimulé à l'intérieur d'un animal. Ils sont construits à partir de plusieurs sections extérieures se réunissant pour former une forme animal ou mythologique qui se divise ensuite sur les côtés pour révéler le masque intérieur.
L'apprentissage de l'artisanat est essentiel à l'éducation des jeunes membres de la tribu. Ils sont encouragés à faire de l'artisanat et sont mis en apprentissage avec des experts confirmés. Certains seront employés par des chefs comme sculpteurs personnels et ensuite chargés de produire des cadeaux en bois gravés de symboles de la maison pour les distribuer ensuite lors des potlatchs. La richesse issue du commerce amène à un âge d'or de l'art du potlatch à la fin du XIXe siècle.
Pour juguler cette "extravagance" le gouvernement canadien interdit le potlatch et les autres cérémonies autochtones avec la loi sur les indiens du Canada de 1884 ce qui va contribuer à la baisse de la production artistique.
Au cours des XIX et XXe siècles plusieurs artistes ont gagné leur vie comme sculpteurs, leur travail était commandé par les villages. Certains sculpteurs ayant une réputation et de la longévité participent à la renaissance de l'art Kwakiutl et dans ceux-ci ont peu citer le sculpteur Dan Cranmer, le chef Willie Seaweeed Charlie James, le chef Mungo Martin, Richard Hunt.
Les femmes dans la tradition étaient des tisserandes, l'une d'elles Ellen Neel deviendra sculpteur renommée.
Les bijoux

A chief's daughter- Nakoaktok- By Edward S. Curtis - The North American Indian Vol. 10, [1] Digital ID cp10036, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1357137
Les bijoux des Kwakiutl comprenaient les boucles d'oreilles, les bracelets, les colliers, les anneaux de nez, les piercings de lèvres. Les matériaux utilisés : coquilles d'ormeau, pierre, ivoire, bois.
Le contact avec les européens leur permet d'y ajouter l'or et l'argent qui sont martelés dans les formes voulues.
Les bijoux en or et en argent étaient gravés de motifs mythologiques.
Les épingles de cheveux étaient en bois.
Du cuivre de différente taille était porté sur les vêtements de personnes de haut rang. Le cuivre était gravé sur un bouclier, des symboles en cuivre en général étaient synonymes de grande richesse, ils pouvaient être brisés en morceaux pour être distribués lors d'un potlatch.
Les arts textiles

femme avec un masque et portant une couverture chilkat- By Vancouver Public Library Historical Photographs - http://www.flickr.com/photos/99915476@N04/13937311630/, No restrictions, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=34727246
Ils sont représentés par les rideaux de cérémonie, les tabliers de danse, les couvertures et les vêtements.
Le tissage était le travail des femmes.
Le rideau de cérémonie ou mawihl est un rideau peint accroché à l'entrée du vestiaire utilisé pendant les cérémonies de danse. Les danseurs peuvent disparaitre derrière le rideau comme la scène l'exige ou pour changer de costimes.
Il était fabriqué en coton et peint avec l'esprit de la maison de danse.
Les couvertures chilkat

By Uyvsdi - Own work, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6333344
Elles ont été adoptées par les Kwakiutl des peuples Tlingit et Tsimshian du nord. Elles sont tissées sur un métier à tisser, composées d'écorce de cèdre déchiquetée et de laine de chèvre de montagne. Elles étaient lourdes et très décorées , demandant un an pour leur fabrication. Ces couvertures étaient très appréciées par les peuples de la côte ord-ouest. Le dessin dans la tradition était fait par un homme puis tissé ensuite par une femme. Les dessins étaient très élaborés montrant une mosaïque d'ancêtres et de figures mythologiques. Les franges de la couverture étaient laissées avec des fils de laine libres. Mary Ebbets Hunt était une tisseuse expérimentée de couvertures chilkat, c'est une femme Tlingit qui a épousé un anglais et c'est elle qui a transmis sont art aux femmes Kwakiutl.

Chilkat blanket attributed to Mary Ebbetts Hunt (Anisalaga), 1823-1919, By Mary Ebbetts Hunt (Anisalaga), 1823-1919 - Christie's, LotFinder: entry 5745787 (sale 3566, lot 4) (apparently didn't reach its reserve?), Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=30089792
Les couvertures de bouton deviennent prédominantes avec l'avènement du commerce de couvertures. Ces couvertures ou ces capes de couleurs vives (avec une base bleu marine appliquée de rouge) sont ornées de boutons d'ormeaux ou de nacre.

Chef en costume constitué d'une couverture à boutons - Curtis - Le principal chef des Kwakiutl est représenté dans une couverture à boutons (une simple couverture de laine ornée de centaines de gros boutons de nacre) avec un collier et un bandeau en écorce de cèdre. Sa main droite porte une une crécelle de chaman et la gauche le bâton sculpté, sorte d'emblème de sa fonction, que l'on tient toujours quand l'on prononce un discours. Les boutons sur le bord de la couverture représentent de la petite monnaie.
Les tabliers de danse et les jambières étaient portés lors des cérémonies. Les tabliers étaient décorés avec des bibelots : becs de macareux, sabots de cerfs produisant des sons agréables en dansant.
Les totems et poteaux de maisons

Kwakiutl house frame- Curtis- Les 2 longues poutres au milieu sont les poutres de faîte. Aux extrémités droite et gauche se trouvent les chevrons du toit. Les cannelures longitudinales et circulaires des piliers ont été patiemment creusées avec une petite herminette de forme primitive.
Le totem est la forme d'art la plus complexe et la plus grandiose de la culture Kwakiutl. Ils sont placés à l'extérieur des maisons familiales et affichent les emblèmes de la famille, l'histoire, la richesse, le rang social, les privilèges, l'héritage.
Les séquences de caractères et symboles sculptés indiquent les évènements familiaux passés avec le chiffre inférieur étant le plus proéminant.
Les totems sont construits avec du cèdre rouge et peuvent mesurer plusieurs dizaines de mètres.
Le style utilise des éléments protubérants (plus que les autres totems des peuples de la côte nord-ouest), des membres qui s'étirent, des becs saillants, des ailes qui se détachent du corps du totem. La peinture est selon l'alternance des couleurs sombres et des couleurs claires pour faire un contraste.
Les poteaux de maisons

A koskimo house-post- Curtis - Les gigantesques colonnes portantes intérieures, grotesquement sculptées, sont le trait le plus saisissant des maisons Kwakiutl. Les figures perpétuent le souvenir d’événements survenus dans l'histoire légendaire de la famille et représentent souvent un esprit tutélaire du fondateur.
Ils soutenaient les maisons des membres tribaux importaient et ils étaient commandés par les futurs propriétaires, construits par des sculpteurs de la tribu. Ces poteaux plus simples et audacieux, plus épais et arrondis dépeignaient les ancêtre, les symboles de la maison, des animaux (otarie, grizzly) et avaient la même symbolique que les totems.
D'autres objets en bois étaient confectionnés par les Kwakiutl dont les bibelots en bois sculptés, des sifflets, des hochets, des boîtes à entailles, des effigies, des bâtons, des ustensiles, des couteaux de cérémonie, des coiffures, des bandeaux, des récipients alimentaires.

Carved posts at Alert bay- Curtis - Ces deux colonnes héraldiques dans le village Nimkish Yllis sur l'île Cormorant représentent les armoiries paternelles du propriétaire, un aigle et les armoiries maternelles, un grizzly écrasant la tête d'un chef rival.
source : encyclopédie canadienne, wikipedia
La peinture
Elle était utilisée pour décorer des sculptures et les srufaces planes. Les brouillons pour les totems, les masques et les matières textiles étaient le premier type de peinture Kwakwaka’wakw. Avec l’introduction du papier les artistes se sont lancés dans l’art graphique et ont produit des peintures remarquables.
Les danses

Masked dancers in canoes- Kwakiutl- Curtis- Les visiteurs qui s'approchent d'un village où a commencé la Danse de l'Hiver se mettent parfois en rangs dans leurs costumes de cérémonie et dansent tandis que les canoës glissent lentement vers la rive. De gauche à droite, les danseurs représentent respectivement Wasp, Thunderbird et Grizzly-bear.
Comme pour les autres sociétés de danse du nord-ouest du pacifique la danse est un élément central dans la vie des Kwakiutl et se retrouve partie prenant de nombreux rites et cérémonies. Elle est toujours préparée avec soin par et des membres spéciaux de la tribu sont désignés pour enquêter afin de voir si les danses sont exécutées avec satisfaction et selon les règles. Des danses mal conduites peuvent mener à une perte du statut social et comme pénalité la personne ou la famille devait organiser un potlatch pour regagner du prestige.

danseurs tsetseka- By Edward S. Curtis - http://www.old-picture.com, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7358744
La danse Tsetseka ou saison surnaturelle ou encore cérémonie d’hiver est le plus important rituel de danse par les Kwakiutl. Toute la saison d’hiver est considérée comme surnaturelle et cela doit se refléter dans les rituels qui se déroulent à cette période cette danse est mise en scène avec un grand soin, des novices sont initiés et formés à l’occasion, des accessoires complexes sont préparés également comme des cordes cachées ou des tunnels souterrains pour les tours de magie ou bien encore des bruitages de martèlement sur le toit pour simuler les oiseaux mythiques
Le rituel hamatsa est la danse la plus importante de la saison tsé-tséka et a pour but d’initier un novice en un danseur de hamatsa du plus haut rang de danseur
La danse exige de nombreux personnages et prend jours avant de se terminer elle est imprégnée de rituels et de drames basés autour de la légende de la hamatsa, de terribles monstres ressemblant à des oiseaux se nourrissant de chair humaine le novice dans la danse est possédé par un esprit hamatsa, il disparaît dans le bois pendant jours pendant qu’il est possédé il doit danser et pleurer comme s’il était en frénésie et interagir avec le public de façon sauvage et brutale après jours le sujet est apprivoisé rituellement jusqu’à ce qu’il redevienne « humain »

Masked dancers- Kwakiutl- Curtis - La photo montre un groupe d'officiants masqués et costumés de la cérémonie de l'hiver. Le chef qui mène la danse se trouve sur la gauche et tient dans sa main un bâton d'orateur. Quelques spectateurs sont visibles à droite. A l'extrême gauche on voit une partie de la mawilh peinte à travers laquelle les danseurs émergent de la salle secrète. Au centre entre les poteaux sculptés se trouve le háms'pek Awaitlala montrant 3 des 5 bouches par lesquelles le hamatsa se faufile du sommet à la base de la colonne.
source : encyclopédie canadienne, wikipedia en anglais