Guatemala : La disparition forcée de personnes (6)

Publié le 29 Novembre 2017

Par: Lucrecia Molina Theissen

La procédure utilisée pour la disparition forcée de personnes, violente dès le départ, comprend :

- La capture, de telle sorte que ni la victime ni personne ne peut l'éviter;


- La réduction du prisonnier à un état inférieur à l'être humain, ce qui implique d'accentuer son impuissance avec des menottes, des bâillons et des bandeaux sur les yeux et d'éliminer la dernière barrière entre son ego et le monde, entre sa dignité et les coupables, le forçant à rester nu et surtout les femmes, à les violer sexuellement;

- Le manque de respect de leur identité sociale, de leur être social avec des noms et des prénoms lorsqu'ils le retirent de la vie et le transfèrent dans un monde clandestin où règnent l'arbitraire et le crime et pour lequel les lois de la coexistence sociale et humaine semblent n'avoir jamais existé,


- Leur mort possible, dans des conditions qui garantissent l'impunité des auteurs.

Par conséquent, il est dit que la disparition constitue un concours de délits contre la vie, la liberté, la sécurité et l'intégrité physique et psychologique de la victime à travers laquelle la victime est placée dans une situation d'impuissance absolue par ses ravisseurs.

Un élément de plus qui contribue à comprendre la complexité du délit est que " le traitement juridique de la disparition forcée devrait être fait sous la rubrique de délits contre l'intégrité juridique des personnes, en comprenant que dans l'intégrité précitée ils trouvent place depuis la vie, en passant par le droit à la sécurité juridique et à la liberté, et à que ne se déploient pas des abus fonctionnels d'aucune espèce et moins encore ceux qui dérivent des sévérités, d'humiliations, d'urgences illégales ou de tortures.” [i].

Ceci est renforcé par David Baigún, qui affirme "... il y a aussi une autre caractéristique dans la disparition forcée des personnes qui me semble oui, vraiment sans précédent en la matière, en ce sens qu'elle signifie une blessure contre un bien, peut-être aussi important ou plus important que la vie: c'est l'affectation de la personnalité, l'affectation de l'être humain en tant que tel. Dans la disparition forcée des personnes, il y a un manque de connaissance non seulement de la vie, mais aussi de la mort. L'homme est traité comme une chose et je dirais avec encore moins de considération que la chose, parce qu'il n' y a même pas un droit de recueillir l'identité de qui disparaît et c'est une circonstance (...) fondamentale pour indiquer la construction d'un nouveau type de système pénal dans la mesure où non seulement la liberté, la vie est endommagée du point de vue des crimes dangereux, mais aussi cette nouvelle conception de la personnalité de l'être humain total (...) en tant que catégorie (...) reconnue dans presque toutes les conventions des Droits de l'Homme (...)".[ii]

Lorsque des agents des institutions de l'État (police, militaires) ou des individus agissant en leur nom (groupes paramilitaires) et avec leur consentement, privent des personnes de leur liberté et les font disparaître de force, de multiples transgressions sont commises:

Droit interne. Toutes les constitutions politiques d'Amérique latine consacrent le droit de ne pas être détenu arbitrairement, avec des délais discrétionnaires pour que le prisonnier soit soumis à la juridiction de l'organe judiciaire en cas de détention administrative. Les arrestations peuvent être administratives ou judiciaires, selon les cas, mais non arbitraires.

Le droit international, étant donné que les obligations de l'État en matière de droits de l'homme sont inéluctables. Il peut légalement les éluder en ne ratifiant pas les traités relatifs aux droits de l'homme ou en éludant la juridiction d'organes tels que la Cour interaméricaine. Toutefois, aucun État qui souhaite appartenir à la communauté internationale ne peut ignorer ces engagements, d'où le fait que cela peut être un facteur important pour faire pression sur un régime particulier afin qu'il respecte les préceptes établis par les instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme.

[i] Carlos González Gartland. Desaparición forzada de personas frente al derecho penal argentino, Una propuesta. En: La Desaparición, Crimen contra la Humanidad, p. 85,

[ii] David Baigún, Desaparición forzada de personas, su ubicación en el ámbito penal. En: La Desaparición, Crimen contra la Humanidad, pp. 70 y 71.

Source :   Cartas a Marco Antonio

Première partie

Deuxième partie

Troisième partie

Quatrième partie

Cinquième partie

Sixième partie

traduction carolita d'un article paru dans Prensa comunitaria le 3 novembre 2017 : 

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Guatemala, #Devoir de mémoire, #Los desaparecidos, #Dictature

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