Monde autochtone 2017 : Le Panama

Publié le 10 Octobre 2017

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Claus Kjaerby Surub,Heraclio Lopez Hernandez

Selon le recensement national de population de 2010, les sept peuples autochtones du Panama (Ngäbe, Buglé, Guna ou Dule, Emberá, Wounaan, Bri Bri, Naso Tjërdi) représentent le 12% de la population panaméenne (417,559 habitants)1.

Les peuples autochtones, en reconnaissance des lois indépendantes et en accord avec des droits constitutionnels, ont les suivantes cinq comarcas: Guna Yala (1938) Embera-Wounaan (Cemaco et Sambu) (1983), Guna de Madungandi (1996), Ngäbe-Bugle (1997) et Guna de Wargandi (2000), couvrant un total de près de 1,7 millions d'hectares.

La population afro descendante, très importante au Panama, ne revendique pas leurs droits en tant que sujet collectif. Depuis 2008, il existe une nouvelle façon d'atteindre des titres fonciers collectifs. Loi 72 établit la Procédure spéciale d'attribution de la propriété collective des terres des peuples autochtones qui ne se trouvent pas dans les comarcas (Procedimiento especial para la adjudicación de la propiedad colectiva de tierras de los pueblos indígenas que no están dentro de las comarcas) .

Par cette loi, à ce jour ci, seulement cinq territoires se sont enregistrés. On estime que, une fois les titres de propriété collective octroyés, soit sous forme d'une région ou via la loi 72, les peuples autochtones auront en propriété plus de 2,5 millions d'hectares, ce qui, à son tour, correspond à la majorité du couvert forestier du pays.

Sur ces territoires se sont mis en place plusieurs aires protégées, la plupart sans consultation ni consentement des peuples autochtones. La titularisation des 25 territoires qui manquent est urgente en raison d’être un droit non appliqué et parce qu'il a été prouvé que la propriété est un mécanisme efficace pour préserver les zones forestières du Panama, où le niveau de déforestation au cours des dix dernières années a été d'environ 16 000 hectares par année.

Les peuples autochtones se sont organisés dans des Congrès et des Conseils représentatifs affiliés à la Coordination Nationale des Peuples Autochtones du Panama (COONAPIP). Depuis 2010, le gouvernement du Panama a annoncé à plusieurs occasions que la Convention 169 de l’OIT sur les peuples indigènes et tribaux dans les pays indépendants sera ratifié, mais à ce jour ci reste encore en attente.

L’année 2016 a été très différente de 2015, à cause des nombreux revers en ce qui concerne les droits des autochtones que le Parti du gouvernement panaméen, Panameñista a promus.

L'année a commencé avec une réunion de dialogue très compliquée lorsque le 15 Mars 2016, toutes les autorités des peuples autochtones du Panama, avec la médiation des Nations Unies, ont réussi à être invités par le cabinet du gouvernement national.

Au début la participation des experts autochtones n’avait pas été acceptée, mais l'intervention positive de la Première dame (First Lady) a modifié cela et, à cette occasion, le Président a exprimé son engagement de ratifier la Convention 169 de l’OIT le 30 Septembre de la même année, au plus tard.

En outre, on a crée une Commission interinstitutionnelle de travail qui a mené une consultation juridico judiciaire avec la directrice de l'Office des Normes Internationales de l’OIT (dont le siège est à San Jose) et le directeur du Département PRO 169 de l’Office des Normes Internationales de l’OIT à Genève.

La ratification de la C 169 a également été mise à l'agenda du Conseil de Cabinet. Le Ministre de l’Intérieur a annoncé que la question de la ratification de la C 169 fera l’objet d’une consultation publique ceci entrainant un délais « justifié » par une mauvaise interprétation, de la demande indienne sur la « Consultation, libre, préalable et éclairé».

Enfin, en 2016, le représentant résident de l'ONU, Martin Santiago Herrero, a pris sa retraite en tant que médiateur du processus et aucune mesure n'a été prise à la parole du président Juan Carlos Varela. Dans la même réunion sur l'île de Colón, le ministre du gouvernement, Milton Henríquez a dit, aux chefs de tous les Congrès et des conseils autochtones du pays, que l'État ne reconnaîtra que les autorités traditionnelles des cinq comarcas existantes, laissant ainsi en dehors de futures consultations et négociations l'ensemble des autorités des 30 territoires autochtones.

En conséquence : - le Ministre a été déclaré par les autorités autochtones persona non grata. - Certaines autorités autochtones ont décidé de ne plus participer en tant que bénéficiaires du Plan pour le développement intégral des peuples autochtones (Plan de Desarrollo Integral de los Pueblos Indígena ) - le Congrès Général de Guna Yala, dont les autorités avaient souffert d’autres actes d'intimidation contre leur droit de gérer l'accès à leur territoire et en gérer le tourisme, a décidé d'expulser les services du gouvernement de leur comarca, en particulier l'Autorité maritime du Panama (AMP) et le Service national de l'immigration des sièges de l’île Gaigorgordub et Puerto Obaldia.

Les deux expulsions ont été effectuées. Précisément au cours de ces mois a été révélé le scandale international du cas Mossack Fonseca et l'image publique du Panama a été sérieusement affectée. Pour éviter de nouvelles tensions politiques, le ministre Milton Henríquez n’avait pas d'autre choix que de présenter des excuses exprimant sa gratitude à toutes les autorités des sept peuples autochtones et leurs autonomies, parce qu'il est une priorité pour les gouvernements du Panama de visualiser un climat de paix sociale avec des conditions favorables pour les investissements et les dépôts étrangers, ainsi que l'utilisation sécurisée du canal de Panama. Bien que la participation de la société Mossack Fonseca pour faciliter un système d'évasion fiscale irrégulière à grande échelle - utilisé par des politiciens, hommes d'affaires et des célébrités au niveau international - n'ait pas de lien direct avec le mouvement autochtone, il lui fait mal indirectement. Le dépôt illicite de fonds provenant d’entreprises et personnes des pays riches au Panama implique que le Revenu national brut (RNB) du Panama soit gonflé.

En même temps, la plupart de la coopération internationale ne peut pas aider les autochtones avec de la coopération technique et financière, si ce même RNB/ habitant est au-dessus du limite fixée par la Direction de la Coopération pour le Développement (DAC) de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), fixé à 12,745 USD par habitant

LIRE LE RAPPORT

 

Thèmes qui y sont abordés :

Le plan de développement intégral  des peuples autochtones dans la ligne de mire

L'unité du mouvement autochtone en faveur de la défense territoriale continue à se renforcer

"Les yeux dans le ciel et les pieds sur terre" la technologie dans les mains des autochtones

Le processus de délivrance de titres collectifs se trouve à un point critique

De nouvelles règles sans la consentement préalable, libre et éclairé

Les négociations sur le projet hydroélectrique Barro Blanco continue en risque d'inondation

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Panama

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