Andes que lo que andes - Amaury Pérez
Publié le 27 Octobre 2017
Andes lo que andes
Si quieres sentir la pena,
vete, súbete a la loma,
la pena es un ave rara
que al ojo pobre se asoma.
La pena de veinte siglos
que allí enclavó su corona,
para poner velo oscuro
donde hace nido la aurora.
La pena que, más que pena,
es rabia cruda indigente;
la pena que, más que pena,
es viejo canto de muerte.
Andes lo que andes,
ándate por los Andes.
Andes lo que andes,
ándate por los Andes.
Si quieres sentir el odio
que alza dolido su cola,
súbete a los altos montes
donde el frío hace maromas.
Un odio de perro viejo
que no vence al fin el hueso.
El odio a la lluvia herida
que pudre un poncho en los cerros.
El odio que, más que odio,
es animal bien despierto;
el odio que, más que odio,
es inmenso desconsuelo.
Si quieres ver la miseria
de polvo sucio empapada,
miseria de sol y cielo,
miseria de todo y nada.
Recorre la cordillera,
ponle canción en las alas,
que el monte entero agoniza
pues sufre herida de lanza.
Miseria que no es miseria,
sino pasión enjaulada.
Miseria que no es miseria,
sino una pronta batalla.
¡Caminante!
(1973)
Amaury Peréz
Andes là où marches
Si tu veux ressentir la douleur,
Allez, montez sur la colline,
la peine est un oiseau rare
qui apparaît à l’œil pauvre.
La douleur de vingt siècles
qui ont enclavé là-bas sa couronne,
pour mettre un voile sombre
où l'aube se lève.
La douleur, plus que douleur,
est rage crue des indigents ;
la douleur, plus que douleur,
est un vieux chant de mort.
Andes là où tu marches,
va dans les Andes.
Andes là où tu marches
Va dans les Andes.
Si tu veux ressentir la haine
qu'il lève la queue dans la douleur,
escalade les hautes montagnes
où le froid fait des pirouettes.
La haine d'un vieux chien
qui ne vient pas à bout de l'os.
La haine de la pluie blessée
qui pourrit un poncho dans les collines.
La haine, plus que la haine,
est un animal très éveillé ;
la haine, plus que la haine,
est un immense chagrin.
Si tu veux voir la misère
de poussière sale et détrempée,
la misère du soleil et du ciel,
la misère de tout et de rien.
Parcourt la cordillère,
mets-lui la chanson dans les ailes,
la montagne entière agonise
car elle souffre d'une blessure à la lance.
Misère qui n'est pas misère,
mais une passion emprisonnée.
Misère qui n'est pas misère,
mais une bataille précoce.
Voyageur !
Amaury Pérez traduction carolita