Fragments de la mémoire : Femmes détenues et disparues avec un enfant dans le ventre pendant la dictature de pinochet
Publié le 13 Septembre 2017
Un hommage aux femmes détenues disparues de la dictature d'Augusto Pinochet, et qui avaient un enfant dans leurs ventres. Réalisation : journaliste Felipe Henríquez Ordenes.

- Gloria Ester Lagos Nilsson
C.I.Nº : 4332.602 de Santiago. Elle avait 28 ans , secrétaire de profession. Elle a été arrêtée le 26 août 1974 par des agents de la DYNE à son domicile, en présence de ses trois enfants : Marcela alors 8 ans, Patricio 6 ans et Héctor 10 ans. Gloria Lago, se trouvait enceinte de 3 mois au moment de son arrestation.
Gloria Ester Lagos Nilsson a travaillé comme secrétaire du Bureau de Presse de la Moneda, dans le Gouvernement du Président Constitutionnel Salvador Allende Gossens. Après le Coup d'État, elle a souffert de quelques effractions de son foyer de la communauté de Lo Espejo. Gloria était militante du Mouvement Révolutionnaire de Gauche (MIR). Des témoignages d'autres prisonniers politiques indiquent qu'elle a été emmenée au centre de torture et d'extermination de Cuatro Álamos, où sa trace est perdue, définitivement.
L'histoire de cette belle femme, c'était ce qui a inspiré à l'artiste “Vilú“ une chanson dans son hommage intitulée; “Gloria“, l'un des sujets gagnants du concours national de chansons la Mala Memoria, instance qui a cherché à payer un tribut aux victimes de la dictature.
/https%3A%2F%2Fi.ytimg.com%2Fvi%2F2SoUPswreHs%2Fhqdefault.jpg)
Vilú ft. Camila Moreno - GLORIA (Oficial)
DescargaLibre "Humedal" de Vilú desde www.remolinodiscos.cl , Portaldisc http://bit.ly/humedal2015 o Bandcamp https://remolinodiscos.bandcamp.com/album/humedal "Gloria", en honor a la detenida ...

2. - Cecilia Miguelina Bojanic Abad
C.I.Nº : 6360.887 de Santiago. Elle avait 28 ans, elle était mariée avec Flavio Oyarzun Soto qui, comme elle, a disparu. Ils avaient un fils, Leonardo, d'un an et demi. Ils ont été séquestrés le 2 octobre 1974.
Secrétaire de profession, Cecilia travaillait dans le Laboratoire Sandoz. Cecilia, ainsi que Flavio étaient militants du Mouvement Révolutionnaire de Gauche (MIR).
Au moment d'être séquestrée à côté de son époux, Cecilia était enceinte de 5 mois. Selon des témoins ils l'ont vue pour la dernière fois vivante aux Cuatro Alamos, où sa trace est perdue comme celle de son époux et de l'enfant qui était dans son ventre.

3. - Jacqueline Drouilly Yurich
C.I.Nº:6.853.430-5 de Santiago. Elle avait 24 ans. Elle a été arrêtée le 30 octobre 1974. Elle était mariée avec Marcelo Salinas Eytel, militant du Mouvement Révolutionnaire de Gauche (MIR), ainsi qu'elle même.
Jacqueline étudiait au service social de l'Université du Chili. Au moment de son arrestation elle se trouvait en processus de gestation de 3 mois de grossesse.
Le jour de sa séquestration, des agents de la DYNE sont arrivés dans son foyer à la recherche de son mari, qui ne se trouvait pas au domicile, cependant, ils ont emmené Jacqueline en assurant qu'ils reviendraient chercher Marcelo et l'un d'eux resterai au foyer. Jacqueline Drouilly a été déplacée, dans un premier moment à José Domingo Cañas et ensuite à Cuatro Álamos puis encore à Villa Grimaldi. Les deux se trouvent jusqu'à aujourd'hui en qualité de disparus.

4. - Nalvia Rosa Mena Alvarado.
C.I.Nº : 7.688548 de Santiago. Elle avait 20 ans au moment de sa séquestration le 29 avril 1976 à côté de son époux Luis Emilio Recabarren González, son beau-frère Manuel et son fils de 2 ans et demi. Nalvia était militante des jeunesses communistes. Elle n'avait pas de profession au moment de son arrestation et elle était enceinte de trois mois.
Le 29 avril, autour de 21h30, Nalvia Rosa Mena a été arrêtée en compagnie de son époux Luis Emilio Recabarren González, du fils des deux, de Luis Emilio Recabarren Mena, deux ans et demi et de son beau-frère Manuel Guillermo Recabarren González, par des agents de la DYNE au cours d'une opération montée au secteur de Sébastopol avec Santa Rosa. Nalvia, son époux et son beau-frère se trouvent disparus.

5. - Elizabeth De Las Mercedes Rekas Urra
C.I.Nº : 96310 de San Fernando. Elle a été séquestrée le 26 mai 1976 à côté de son époux. Elle avait 27 ans au moment de son arrestation. Assistante sociale de profession, elle travaillait dans l'Entreprise del Metro.
On méconnait d'elle son militantisme politique et on sait qu'elle était enceinte de 4 mois au moment d'être détenue.
Elizabeth était néeà Santiago le 28 Mars 1949. Elle était mariée avec Antonio Eliozondo Ormanechea qui était militant du Mouvement d'Action Populaire Unitaire (MAPU). Les deux se trouvent en qualité de Détenus Disparus.

6. - Reinalda Del Carmen Pereira Plaza.
C.I.Nº : 5.319.316-1 de Santiago. Elle avait 29 ans quand elle a été séquestrée et se trouvait presque dans son sixième mois de grossesse. De profession Médecin technologue, elle était mariée avec Max Santelices Tello. Les deux avaient travaillé à l'Hôpital Sótero del Río jusqu'en 1973. Reinalda était militante du Parti Communiste.
Reinalda del Carmen Pereira Plaza, est sortie de son domicile le soir du 15 décembre 1976, pour voir quelques possibilités de travail et pour quelques examens médicaux étant réalisés pour le suivi de sa grossesse.
Le même jour, le 15 décembre, autour de 21h30 , quand Reinalda del Carmen attendait une mobilisation collective dans la rue Exequiel Fernández au coin de Rodrigo de Araya, de la communauté de Ñuñoa, une automobile de marque Peugeot s'est étonnement arrêtée, d'elle est descendu un homme d'environ 35 ans, qui l'a violemment prise par le dos, elle s'est accrochée à un poteau, criant au secours
Jusqu'à aujourd'hui le sort de Reinalda est ignoré et rien n'est connu de l'enfant qu'elle attendait.

7. - Gloria Ximena Delard Cabezas
C.I.Nº : 379.101 de Concepción. Elle avait 23 ans au moment où elle est arrêtée, elle était étudiante en économie. Mariée avec Roberto Cristi Melero, ils avaient 2 enfants : Roberto 3 ans et Paula 2 ans. Elle a été séquestrée à Buenos Aires, en Argentine à côté de Roberto quand Gloria Delard était enceinte de 3 mois.
Les deux petits enfants de Gloria, Roberto et Paula, ont été témoins de l'arrestation dans leur propre maison et ils ont été témoins des tortures de leurs parents. Ce sont les voisins qui avaient été antérieurement interrogés en montrant des photos pour les reconnaître. Selon ces voisins, ils ont appliqué l'électricité à Roberto et ils l'ont brûlé avec un fer à repasser. Au bout d'une heure et demie de cris et de pleurs, Gloria et Roberto ont été sortis presque inconscients en dehors du foyer. Les deux enfants ont été délivrés par les voisins.
Les deux parents étaient militants du Mouvement Révolutionnaire de Gauche (MIR) et ils se trouvent jusqu'à ce jour en qualité de disparus.

8. - Diane Frida Arón Svigilisky
Née à Santiago du Chili, elle a été arrêtée le 18 novembre 1974 et elle vue pour la dernière fois à Villa Grimaldi.
Journaliste chilienne, militante du Mouvement de Gauche Révolutionnaire (MIR) détenue disparue pendant la dictature militaire d'Augusto Pinochet. Diane Aron, avait une grossesse avancée d'environ 7 mois au moment de son arrestation et elle a été grièvement blessée et emmenée au Cuartel Terranova , aussi connu comme Villa Grimaldi, où elle a été cruellement torturée par Miguel Krassnoff.
Dans des déclarations, le tortionnaire Osvaldo Romo a signalé : “Diane a été finie par le capitaine Krassnoff quand il ne pouvait plus en sortir aucune déclaration. Krassnoff l'a agressée avec une telle brutalité qu'elle a eu une hémorragie, que tout le sol est resté avec une flaque de sang, cela doit avoir été une partie du foetus qui s'est perdu par la faute des urgences. Ce qui m'a le plus marqué c'est que Krassnoff est sorti de la salle de torture avec les mains ensanglantées en criant : En plus d'une marxiste, la conchesumadre est juive, il faut la tuer. Nous l'assassinons”.Paroles textuelles de Romo. Après ce fait, la trace de Diane Arón est complètement perdue.

9. - Michelle Marguerite Peña Herreros.
Etudiante en ingénierie de l'Université Technique de l'État, militante socialiste, femme enceinte de huit mois, a été arrêtée le 20 juin 1975, dans la commune de Las rejas, par des agents de la Direction d'Intelligence Nationale (DYNE). Bien qu'il n'y ait pas de témoignages directs de son appréhension, il existent des précédents qui permettent de déduire que l'arrestation de Peña Herreros s'est produite à son domicile et, certainement, à côté de Ricardo Lagos Salinas, avec qui elle partageait la maison et le militantisme socialiste.
Au moment de son arrestation, la victime se trouvait enceinte de 8 mois. La victime et Ricardo Lagos se trouvent disparus. En ce qui concerne l'enfant qu'elle attendait, sa destinée est ignorée.

10. - Maria Cecilia Labrin Sazo.
Maria Cecilia Labrín Sazo avait 25 ans et trois mois de grossesse quand elle a été arrêtée par des agents de la DYNE, dans la nuit du 12 août 1974 dans sa maison.
Après sa séquestration elle a été emmenée à Londres 38, en plein centre de Santiago, où fonctionnait la soi-disant “”Cuartel Yucatán, sous le commandement de la DYNE.
C.I.No : 16.885 de Providence. Maria Cecilia Labrín Sazo avait 25 ans, elle était Assistante sociale et avait obtenu son diplôme de l'Université du Chili, elle travaillait dans l'usine de galettes Hucke. De Maria Cecilia, rien n'est connu de sa disparition, ni non plus de ce qui est arrivé par la suite à l'enfant qu'elle attendait.
GRAVIDAS MARIPOSAS (PAPILLONS ABONDANTS) DU CHILI :
Une vidéo hommage réalisée par le journaliste Felipe Henríquez Ordenes en Août 2010 dans le cadre de la commémoration du jour National et International du Prisonnier Disparu.
Notre génération ne se sera pas lamentée sur les crimes des pervers, et sur le silence violent de ces abus. Entre les reportages et les programmes spéciaux qui se sont développés pendant ces 42 années écoulées depuis le coup d'état militaire de 1973, l'un a été regretté : celui qui rendait compte des enfants qui ont été assassinés et disparus pendant 17 ans de dictature.
Aucune raison politique, ni militaire n'existe ou de l'État qui explique ou justifie la mort d'un enfant. Et que dire sur les 10 cas de ces bébés encore dans le ventre maternel qui ont disparu à côté de leurs parents.
Ceux qui s'obstinent à continuer de justifier encore tous ses 'excès' avec le Plan Z préfabriqué et l'armée fantomatique guerrière, devaient nous dire - parce qu'ils ont sûrement une réponse - si ces femmes étaient un danger pour la sécurité nationale ou étaient agents du communisme international et si c'est pourquoi elles ont été assassinées et faites disparaître.
La vérité consiste en ce qu'il ne semble pas possible de trouver une seule raison qui justifie le pire des crimes qui est de tuer une mère et un être sans défense, avec toute la vie par devant. Ces faits, un peu laissés de côté dans ce décompte journalistique de 42 ans, sont une tache honteuse dans l'histoire et la conscience collective du Chili.
Quand ces faits sont abordés il est possible de comprendre d'une meilleure manière la culture de respect et la valorisation de la mémoire de la mort d'un enfant sans défense, où la douleur est distribuée entre tous les membres d'un peuple, parce qu'il n'est pas possible que seuls les parents des victimes se chargent d'une souffrance. C'est pourquoi, la douleur de la mort de toutes ces mères et enfants morts par la dictature, c'est une charge que nous devons apprendre à porter, nous tous les Chiliens.
Si l'aide et le salut doivent arriver cela ne peut- être qu' à travers des enfants. Parce que les enfants sont les créateurs de l'humanité. Les enfants sont l'espoir du monde, et ils se chargeront que les enfants de leurs enfants, ne répètent pas ces histoires d'horreur et de terreur qui tachent de boue et salit de sang l'histoire du Chili.
Felipe Henríquez Ordenes
Traduction d'un article paru sur Mapuexpress :