Etats-Unis : Kewa Pueblo

Publié le 10 Octobre 2017

kyello - Curtis

 Peuple autochtone des EU faisant partie des Pueblos, anciennement appelés Santo Domingo Pueblo, vivant dans le Comté de Sandoval au nord de Santa Fe, au Nouveau-Mexique.

Kewa Pueblo est une entité tribale reconnue par le gouvernement fédéral.

Le premier nom enregistré avant la colonisation était Gipuy.

Le peuple dit que son nom local en langue keres est Kewa.

Ce nom est adopté officiellement en 2009, Kewa Pueblo, le peuple modifie son sceau, ses signes et en-tête.

Langue : dialecte keres des langues keresanes.

Population : 2500 personnes

Système de parenté patrilinéaire.

La fête annuelle du saint patron est le 4 aout, Santo Domingo.                                                         

Le peuple n'a pas de constitution écrite, il est de nos jours gouverné de façon traditionnelle.

Le village a une station-service, un petit musée, les habitants travaillent surtout dans les villes voisines.

Il y a de nombreux artistes actifs (colliers de turquoise et de coquillages traditionnels, poterie, ceintures tressés, mocassins en cuir, jambières).

La plupart des oeuvres ne sont pas signées conformément à leurs valeurs conservatrices.

C'est un des pueblos les plus conservateurs, la religion, les cérémonies et la structure sociale sont intactes en grande partie.

La société reste fière et vive, la langue est encore parlée, les mariages ont lieu principalement au village.

Ils se méfient de l'éducation non-amérindienne qui ouvre un potentiel de changements indésirables et de grande envergure engageant au bout du compte un processus d'abandon culture.

 

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By Chris English, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=55164032

By Chris English, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=55164032

Histoire et origine

On pense que les Pueblos descendent des cultures Anasazi et peut-être Mogollon ainsi que d'autres peuples historiques.

Ils ont appris d'eux l'architecture, l'agriculture, la poterie et la vannerie.

Dans un contexte de stabilité ils ont eu du temps à consacrer à la religion , aux arts et à l'artisanat.

En 1539 Estevan explore la région avec l'expédition de Coronado et visite les Acomas. L'année suivant ils accueillent Hernando de Alvarado membre de la même expédition.

expéditions coronado et hernando de alarcon 1540/1542- Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=146759

En 1598 Juan de Oñate est chargé de conquérir et installer une colonie au nord du Rio Grande. La découverte de mines d'argent attire l'attention de México qui a des projets de colonisation également. L'Espagne et le Mexique ne sont pas attirés par cette région aride et d'apparente pauvreté et ils s'en prennent aux Pueblos en 1599.

Les guerriers Pueblos et 800 Acomas sont massacrés par Oñate, les prisonniers de sexe masculin de plus de 25 ans sont réduits en esclavage. Ils détruisent le village des Acoma, les survivants reconstruisent et consolident plusieurs sites agricoles.

En 1601 le Nouveau-Mexique est en proie à une sanglante répression sous le joug de l'Espagne.

Santa Fe est construite en 1610 pour devenir la capitale de la colonie naissante.

 

santa fe en 1846 - Par http://arcweb.archives.gov ARC Identifier: 530944, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=865501

La colonisation se fait sur l'exploitation des peuples indigènes et devient légale au Nouveau-Mexique.

Le système de l'encomienda arrive dans les colonies dès le début, permettant aux colons espagnols d'avoir de l'autorité sur un groupe d'indigènes devant travailler pour eux sous une forme d'esclavage. Les colons bénéficient ainsi qu'une main d'œuvre gratuite. Ils devaient en contrepartie éduquer et christianiser les indigènes.

encomienda

Au XVIe siècle les espagnols explorent le Nouveau-Mexique actuel avec de le coloniser au XVIIe siècle.

La région sera faiblement colonisée, l'immigration reste inférieure à celle du Mexique. Une économie d'élevage se met en place sous les incursions et les pillages des Comanches et des Apaches.

Les espagnols amènent avec eux des maladies inconnues par les autochtones qui sont vite décimés par la variole et la population du Nouveau-Mexique chute.

En 1629 les colonies passent dans les mains des franciscains qui instaurent la théocratie pour évangéliser les amérindiens. Les espagnols renomment les villages du nom de leurs saints, commencent à construire des églises, introduisent de nouvelles cultures comme les pêchers, les poivrons dans la région. Le franciscain Juan Ramirez fonde une mission à Acoma et une église.

Une série de catastrophes naturelles, d'épidémies s'abat sur la région en 1636/1640 et les franciscains qui se sont fait passer pour les chamanes puissants auprès des amérindiens semblent impuissants face à cela. De plus ils sont impuissants pour repousser les raids des Apaches. Des abus sexuels semblent fréquents de leur part y compris l'exploitation des travailleurs (forme d'esclavage). D'autant plus que le pâturage du bétail a semé la désolation sur les terres agricoles provoquant sécheresse, érosion et famine.

Les Pueblos reprennent alors foi en leurs rituels mais en cachette car on leur interdit et ils sont soumis à des mesures de répression quand les franciscains s'en aperçoivent.

 

Les révoltes des Pueblos

Une première récolte éclate en 1639 à Taos et à Jemez, franciscains et soldats sont tués.

En 1680 a lieu une seconde révolte des Pueblos qui va être très violente. Le 10 août ils massacrent des franciscains en pleine messe, volent des chevaux et du bétail dans le nord de la colonie.

L'insurrection gagne vite tout le Nouveau-Mexique.

Les Kewa jouent un rôle important dans la révolte des Pueblos de 1680.

Le popé de San Juan Pueblo et Alonzo Catiti de Santo Domingo pueblo ainsi que d'autres planifient la révolte en envoyant des coureurs portant des cordes de fibres de maguey pour marquer le jour de la révolte.

Les Santo Domingo doivent se retirer dans le nord avec d'autres peuples de langues keresanes dans la ville fortifiée de Potrero Viejo. Ils reviennent à leur pueblo en 1683, la rébellion continuera jusqu'en 1696.

En 1693 le peuple reconstruit son pueblo.

Le 13 août Santa Fe est prise d'assaut par les Pueblos qui reçoivent l'aide des Apaches. Les espagnols battent en retraite le 20 août, les colons se réfugient à Ciudad Juarez actuel.

La domination des Pueblos est de courte durée, émiettement de la fédération Pueblo permet la reconquête du Nouveau-Mexique par les espagnols. Les Pueblos seront attaqués en 1692, leur résistance sera anéantie. Plus de 400 d'entre eux seront faits prisonniers et vendus comme esclaves aux Antilles.

En 1696 le Nouveau-Mexique est sous contrôle colonial, les Pueblos ne se révolteront plus.

Début 1700 seuls les villages de Taos, Picuris, Acoma et Isletta n'ont pas changé de place depuis l'arrivée des espagnols.

Au cours du 18e siècle s'abattent des épidémies de varioles, des raids des Apaches et des Comanches, des Utes, ils se battent encore parfois avec les espagnols contre les tribus nomades.

La religion est exercée en secret, les mariages ont lieu ainsi que des échanges réguliers entre villages hispaniques et Pueblos, une nouvelle culture mexicaine ni espagnole ni amérindienne en découle.

Les mexicains continuent d'exploiter la région et les terres, ainsi que l'eau des Pueblos, donnent plus de place aux tribus nomades qui continuent leurs raids.

église mission de Kewa pueblo- By Davidhc9 - Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=28066097

Au cours du 19e siècle le processus d'acculturation s'accélère, les Pueblos s'accrochent de plus en plus à leur identité propre.

En 1880 l'arrivée du chemin de fer met fin à l'isolement géographique traditionnel des Pueblos.

Dans les années 1920 le conseil All Indian Pueblo recommence en réponse à la menace du congrès sur leurs terres, celles-ci seront confirmées en 1924.

Le BIA (bureau des affaires indiennes) amplifie le phénomène d'acculturation en forçant les enfants des Pueblos à se rendre dans des pensionnats ce qui détruit peu à peu les cultures traditionnelles.

Après la seconde guerre mondiale la gestion de l'eau devient le problème le plus important des Pueblos.

L'artisanat et le commerce deviennent des activités économiques primordiales à cette période.

Depuis la fin du 19e siècle ils font face aux attaques et aux sollicitations des anthropologues et des chercheurs sur la spiritualité amérindienne.

Religion

Dans la cosmovision des Pueblos, religion et vie sont inséparables. Etre en harmonie avec la nature est un idéal et un mode de vie. Le soleil est le représentant du créateur, les montagnes sacrées présentes dans chaque direction cardinale, le soleil est au-dessus et en-dessous la terre ce qui domine l'équilibre du monde.

Il y a des cérémonies religieuses autour du temps ou pour favoriser les pluies.

Le pouvoir des kachinas est important, ce sont des êtres sacrés vivant dans les montagnes et dans des lieux saints, auxquelles ont organisent des danses et des chants.

Les hommes appartenaient à des sociétés secrètes kachinas.

Le village avait 2 kivas circulaires et des chambres religieuses symbolisant le lieu d'émergence original dans ce monde et elles avaient des sociétés associées, la courge et la turquoise.

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Les kivas

Ce sont des pièces qui sont en général de plan circulaire et semi-enterrées utilisées par les pueblos pour les rituels religieux.

Sur le sol se trouve au centre un petit trou bouché ( sipaapu) par une pièce de bois ouverte durant les rituels.

Ouvrir le sipaapu, c’est communiquer avec ceux du dessous, ceux qui sont morts ou pas nés. La kiva a un trou dans le plafond qui débouche sur le sol du village. La descente se fait par une échelle. Les murs à l’intérieur sont assimilés aux parois du monde.

Les kivas servaient aux pueblos hopi, zuñi, zia et taos. Ils servent encore à certains d’entre eux entre autre de chambre de cérémonie, de retraite, de lieu de réunion etc….

Organisation sociale

Le chef du village est le chef religieux ou cacique. Sa responsabilité c'est regarder le soleil et déterminer les dates des cérémonies. le capitaine de guerre est choisi à vie tout comme le chef du village. Un groupe de fonctionnaires moins puissant agit également.

Un mécanisme qui maintient la cohérence des sociétés pueblos est l'aversion pour le comportement individualiste.

Les enfants sont élevés avec douceur, et un minimum de discipline.

Les pueblos sont généralement monogames, le divorce est rare.

L'économie du village était basée sur le travail partagé, les produits étant partagés en parts égales.

Le village (pueblo)

By Lewis H. Morgan - Internet Archive, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=33033779

By Carl Everton Moon - , Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=42955084

Les habitations comprenaient 2/3 étages et des maisons individuelles réparties autour de plusieurs places. Le niveau inférieur sert au stockage. Les bâtiments sont construits en adobe (terre et paille) avec des poutres sur le toit couvert de poteaux, d'herbes et de plâtre. Le toit d'un niveau est le plancher d'un autre.

Les niveaux sont interconnectés par des échelles.

Il n'y a pas de porte ni de fenêtre, l'entrée se fait à travers le toit par une échelle.

Des fours de cuisson se trouvent à l'extérieur des bâtiments. L'eau est obtenue par 2 citernes naturelles.

La place du village est le centre spirituel du village (c'est ici que toutes les forces équilibrées du monde se rejoignent.)

Les ressources

Avant la colonisation les Cochiti étaient agriculteurs, leurs cultures étaient le maïs, les haricots, les courges, les citrouilles, et aussi le tournesol et le tabac. Ils chassaient le chevreuil, le lion de montagne, l'antilope, l'ours, les lapins. Les hommes Cochiti allaient parfois chasser le bison dans les plaines, les femmes  récoltaient des graines sauvages, des noix, des baies.

Les espagnols apportent avec d'eux d'autres ressources alimentaires qui seront rapidement intégrées par les pueblos : luzerne, blé, moutons, bétail.

Ils pratiquent l'irrigation avec des barrages et des terrasses.

Ils faisaient partie d'un vaste réseau de communication allant dans toutes les directions, échangeaient avec les hispanophones et les commerçants américains. Ils échangeaient des objets en coquillage et du cuivre, de la turquoise.

By Carl Everton Moon - T, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=42955074

L'artisanat

 

L'artisanat dans le monde Pueblo est inséparable de la vie.

La poterie traditionnelle exprimait des croyances profondes , elle sera très appréciée dès le 20e siècle par un large public extérieur aux Pueblos. Ils élargissent leur design au 20e siècle et s'adaptent au marché international.

Les Kewa pueblo sont des potiers réputés, avec un style très fin et varié qui exprime des croyances profondes liées à leur cosmovision et qui sont très appréciées depuis le début du 20e siècle par un large public.

Les Pueblos en général connaissent une renaissance des arts traditionnels à partir de 1919 avec la poterie de San Ildefonso.

 

source + wikipedia

 

By Wmpearl - Own work, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=39840926

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Nouveau Mexique, #Kewa pueblo

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