ARBRES
Publié le 8 Avril 2017
Qu’ils soient de bois ou de coton
De plume ou bien d’accordéon
Toujours les arbres m’accompagnent
Haussant le ton levant la voix
Pour noter dans toutes les chansons
La haute brise qui s’assoit
Sur le banc de leur chair
Avec le crayon puisé dans leur veine profonde
Ils écrivent le monde en vers en rimes et en canopée :
Tu sais lire !
Alors tu as trouvé !
La forêt est une nursery
Pour les arbres bébés qui veulent pousser
Bien à l’abri des fougères
Et dans leur berceau de terre et de feuillage
Ils élèvent bien haut
Leurs petites mains feuillues
Jusqu’à attraper le nuage des vertus
S’en draper
Délicatement.
L’arbre est aux oiseaux
Le port la table et le couvert
Il est un hôte toujours souriant
Une mère de famille la main offerte
Une femme de chambre dans sa robe de soie
Et une fée du logis qui berce
Le soir au fond du fourré
Les branches douces de sa chair
Pour endormir les petits oiseaux des bois.
Je serais matière précieuse
Je serais acajou ravi
Bois de rose accompli
Merisier des enluminures
Et ébène des guitares folkloriques
Si tu me respectes et prend ce que je te donne
Si tu dis merci
Et si tu entonnes la chanson des arbres
Puisée dans le répertoire de mes fans mes amis.
Arbres de tous bois
Je vous appelle à la révolte !
Il est l’heure la terre à froid
Dépouillée de vos armures tendres et sûres
L’air devient suffocant
Vos lianes tintinnabulent et tremblent de peur
Vos lichens sont figés d’effroi
Et dans vos canopées, les nids s’écroulent sous la masse
Des bulldozers.
Arbres de toutes essences
Les signaux de fumée écrivent vos messages
Qui sont retransmis en direct par la chaîne des nuages
Chacun est au courant
Et pourtant chacun attend
La fin de vos vies si chères
Et la fin de vos matières.
Je veux crier à arbre perdu !
Je veux dire tout haut le YA BASTA ! de bois
Arbres aimés arbres adorés
Vous qui nous donnez tout on vous rend si peu
On ne sait pas entourer vos corps vibrants de nos bras
Embrasser vos veines fertiles
Coucher sous vos ombrages délicats
Et trembler de rage et crier de rage :
Défendez vous avec vos branches fouettez les fous
Faites-en de la chair, de la pâte à papier
Roulez-les dans leurs immondes chimies
Qu’ils goûtent un peu leur ignominie.
Je suis lasse de porter à bout de bras des mots de rage et de colère
Je suis lasse de constater la guerre pour toute réponse
Alors que l’armée des arbres est là stationnée
Prête à en découdre avec les puissants qui puisent épuisent et nous épuisent
Je veux encore avoir deux mots dans la bouche pour dire :
Je suis pour le parti des arbres et vous ?
Carole Radureau (07/04/2017)