L’arbre qui ne disait pas son nom

Publié le 21 Février 2017



Dans la couverture d’humus tendre et profond
Dans la strate certifiée d’origine de la terre
Dans la certitude
Et dans l’honnêteté
Il avait plongé une à une ses radicelles
Pour en faire de puissantes racines
Développées.

Il s’étirait chaque matin
Voulant décrocher des nuages
Voulant inverser parfois le temps
En retournant son arrosoir concluant
Il était avide de liberté
Ses bras se tordaient pour démontrer sa volonté
En ses nœuds vivaient mille yeux de bois précieux
Qui avaient inscrit dans la matière
Leur horizon de pierre.

Un jour il avait porté des fruits
C’était le plus jour de sa vie
Son cœur de bois rôdé à toute épreuve
Avait fondu
C’était fait flocon
Avoine blé farine
Et un cœur de coquelicot avait fleuri
Sur ses lèvres au sourire éternel.

Comme ses fruits étaient beaux !
Comme ils étaient gais et féconds !
Chacun d’eux était une île à la diversité accomplie
Chacun d’eux était une source
Qui jamais ne se tarissait.

L’arbre qui ne disait pas son nom
Les regardaient
Poussant avec ce regard d’amour vrai et sûr
Grandissant avec la complicité du soleil ami
Et de l’eau nécessaire
Ils devenaient ronds et fiers
Dirigés vers l’avenir
Avant de tomber et d’offrir
Leurs vertus aux nécessiteux
Qui, de la petite vie des bois
Aux hommes rustiques et reconnaissants
Ramassaient ses présents
Comme un don de la terre-mère.

Lui continuait de grandir et d’aimer
Lui continuait de nouer ses artères et de croire
Il était vieux
Il était sage
Il était immortel et dans son message se lisaient
Mille mots alimentés par la sagesse de l’expérience.

C’était mon arbre de vie
Jamais il ne m’avait dit son nom
Par timidité
Je nouais mes bras autour de son tronc puissant
J’embrassais ses veines comme des joues de bois attendries
Je caressais son écorce et sentais sa puissance
Je cachais ma tête et mes soucis dans la cambrure de ses reins
Je lui récitais mes poèmes et il était heureux
Je regardais toujours dans la même direction que lui
Vers le sud
Il m’avait appris tant de leçons de sagesse
Il m’avait appris à conjuguer le verbe aimer au présent
Je lui disais que je l’aime
Et il rougissait
Je lui disais que jamais je ne quitterais mon arbre de vie
Et il me croyait.

Carole Radureau (21/02/2017)

Rédigé par caroleone

Publié dans #Mes anar-poèmes, #Les arbres

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
Très beau poème, très fort sous son air de simplicité, un magnifique arbre de vie!
C
Merci Alma, je me sens très arbre en ce moment, très terre aussi. J'ai une soif de minéralité incroyable.