Ils nous tuent pour défendre la vie

Publié le 20 Janvier 2017

Communiqué d'Otros Mundos A.C et du  Mouvement mexicain des Affectés par les Entreprises et en Défense des Rivières (MAPDER) - Le 19 janvier 2017

4 défenseurs de la terre et du territoire ont été assassinés en 4 jours en Amérique latine.

Depuis Otros Mundos A.C / Amis de la Terre México et le Mouvement mexicain des Affectés par les Entreprises et en Défense des Rivières (MAPDER), nous alertons sur la situation de danger extrême dans laquelle se trouvent les personnes qui résistent à la spoliation et à la destruction des biens communs naturels dans notre pays comme dans toute l'Amérique Latine.

Isidro Baldenegro López, 50 ans, gagnant du Prix Goldman en 2005, était un défenseur indigène Tarahumara (Rarámuri) de la communauté de Coloradas de las Flores, Chihuahua, Mexique. Membre du Réseau de Défense du Territoire Indigène dans la Sierra Tarahumara,  il protégeait les forêts de sa communauté de la déforestation causée par les talamontes à qui l'État mexicain a octroyé des permis d'abattage en violation du droit des Rarámuris de conduire leur territoire.

Les Tarahumaras de Coloradas de las Flores mènent depuis des années une lutte pour l'annulation de ces permis, en payant leurs efforts avec la mort, le harcèlement et  le déplacement forcé : pendant le premier semestre de 2016 quatre membres de la communauté ont été assassinés par des personnes liées à la délinquance organisée. Cela a consisté dans ce contexte d'impunité favorisé par l'État mexicain, en ce que Isídro soit assassiné le week-end dernier dans sa communauté, comme l'a été son père en 1987 pour défendre la forêt .

Laura Leonor Vázquez Pineda, 47 ans, faisait partie du Comité de Défense de la Vie de San Rafael Las Flores, département Santa Rosa, Guatemala. Elle participait à la résistance pacifique contre la mine d'argent " El Escobal", exploitée par l'entreprise Tahoe Resources Inc. (États Unis-Canada) depuis 2013 contre la volonté du peuple et avec la bénédiction du gouvernement guatémaltèque. Laura a été criminalisée et arrêtée pendant sept mois en 2013 pour son activisme. Elle a été assassinée le lundi 16 dans sa propre maison, étant la quatrième défenseur(e) assassinée de San Rafael.

Sebastián Alonso Juan, 72 ans, a été assassiné le mardi 17 par des agents de la police nationale civile et des agents de sécurité privée tandis qu'il participait à une marche pacifique dans la municipalité de San Mateo Ixtatan, Huehuetenango, Guatemala. Dans cette protestation, les peuples autochtones mayas Chuj et Q’anjob’al exigeaient l'annulation du projet hydroélectrique Pojom I que veut imposer l'entreprise Promotion de Développement Hydrique (PDH SA), la filiale de l'espagnole Hidralia-Ecoener, sur leur territoire et sans leur consentement. Ils s'opposent à la déviation des rivières Negro et Ixquisis, donc ils cherchent à s'entretenir avec le gouvernement dont la réponse unique est la répression.

Emilsen Manyoma était leader afrodescendante du réseau Communautés Construisant la Paix dans les Territoires (CONPAZ) qui défend le territoire à Buenaventura, Colombie, dans un contexte de conflit armé et d'invasion par des entreprises. Elle appuyait la documentation des assassinats et des disparitions pour la Commission de la Vérité et dénonçait le contrôle paramilitaire et le trafic de drogue sur son territoire. Elle et son époux disparus de leur ville ont été retrouvés sans vie le mardi 17 avec des blessures à l'arme blanche et  par armes à feu.

Chacun des assassinats de défenseur(e) de la vie, de la terre et du territoire nous blesse profondément. Il nous indigne pour être une attaque directe au droit de tous /toute à vivre dans un monde libre de spoliation, d'extractivisme et de répression. Surtout, il nous encourage à continuer de travailler pour la défense les biens communs naturels.

Nous dénonçons la responsabilité des gouvernements dans chacun de ces assassinats, pour considérer que les intérêts des entreprises valent plus que la vie des peuples. Nous dénonçons la violence de l'État, la violence corporative et la violence de la criminalité organisée, perversement entrelacées.

Nous n'arrêterons jamais de rendre hommage à nos compañero/as assassiné/es et d'exiger une justice pour eux et elles ,comme nous le faisons pour la coordinatrice du Conseil civique des Peuples et des Organisations Indigènes du Honduras (COPINH) Berta Cáceres à presque un an de son assassinat.

Pour cela nous exigeons :

La justice pour Isidro Baldenegro et tous les défenseurs de la Sierra Tarahumara assassinés, criminalisés, harcelés et déplacés et l'annulation du permis d'abattage octroyé à Coloradas de las Flores;
La justice pour Laura Leonor Vázquez Pineda, la fin de l'appui du gouvernement guatémaltèque aux entreprises extractives qui dépouillent les peuples;
La justice pour Sebastián Alonso Juan, le respect du droit les peuples autochtones du Guatemala à défendre ses rivières et son eau et la sortie immédiate de San Mateo Ixtatan de Hidralia-Ecoener, qui est sorti en décembre 2016 de Santa Cruz Barillas;
La justice pour Emilsen Manyoma et le respect pour le droit des peuples de la Colombie de défendre leurs territoires.

JUSTICE POUR ISIDRO, LAURA, SEBASTIÁN ET EMILSEN!

JUSTICE POUR LES DÉFENSEURS!

 

Traduction carolita du communiqué paru sur Otros Mundos Chiapas le 19 janvier 2016  :

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Répression, #PACHAMAMA, #Mexique, #Guatemala, #Colombie

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