Des femmes Mapuche exigent la liberté de la machi Francisca Linconao
Publié le 15 Décembre 2016
Buenos Aires, Argentine- Des Femmes Mapuche ont réalisé à Buenos Aires des actions pour réclamer qu'une référente de ce peuple soit remise en liberté au Chili. Accusée “de terrorisme“, sa détention dans un prison pénale est une collision raciste, un châtiment cruel et dégradant et qui brise la présomption d'innocence.
Depuis hier midi des femmes Mapuche, accompagnées de personnes distinguées pour leur lutte pour les Droits de l'homme comme l'historien Osvaldo Bayer, et des organisations de femmes, politiques et syndicales, exigent à Buenos Aires la libération immédiate de la Machi Francisca Linconao Huircapán, accusée “de terrorisme“ au Chili.
Les actions de revendication et de visibilité se sont réalisées en face de l'Ambassade du Chili en Argentine, où a été présentée une pétition et se sont déplacées par la suite sur la Plaza de Mayo où les femmes originaires ont, en soirée,occupé pacifiquement la Cathédrale métropolitaine, espérant être reçue par des représentants de l'Église Catholique et que se prononce Jorge Bergoglio dans son rôle de chef de l'État du Vatican.
“Le cas de la Machi Francisca est très grave parce qu'elle représente notre culture. Elle est une femme mapuche d'une communauté ancestrale, c'est une gardienne du territoire et elle nous défend toutes”, ont-elles affirmé grâce à une vidéo diffusée sur le réseau social Twitter. “Il y a un racisme très important de la part du pouvoir judiciaire”, ont-elles ajouté, “tout cela c'est fait à travers un montage”.
Francisca Linconao Huircapán est arrêtée au Centre de détention féminin de Temuco, dans le sud du Chili, depuis mars de cette année. Elle a 59 ans et sa santé se trouve détériorée, sans mentionner le risque structurel que courent toutes les personnes qui se trouvent dans les conditions irrégulières de l'incarcération. De plus, en août dernier elle a souffert d'un accident pour lequel ils ont dû l'hospitaliser. Elle se trouve en réclusion préventive et peut être condamnée à une peine perpétuelle.
L'histoire d'une Machi combative
A l'aube du 4 janvier 2013, Werner Luchsinger et Vivianne Mackay, un couple suisse d'agriculteurs - Chiliens sont décédés après l'attaque et l'incendie de leur maison. Des actions de protestation étaient simultanément réalisées pour le cinquième anniversaire de l'assassinat de Matías Catrileo, un étudiant de l'université chilienne de l'ethnie Mapuche assassiné par coups de feu tandis qu'il participait à une action pacifique.
Pour ce fait, le Machi Celestino Córdova a été condamné et il exécute une peine de prison de 18 ans dans le pénitencier de Temuco. A la même période, Francisca Linconao a été également arrêtée et accusée par les carabiniers qui ont dit avoir trouvé dans sa propriété les éléments qui la liaient à l'incendie. Cependant, le pouvoir judiciaire a récusé les charges et elle a été acquittée après un jugement oral.
Mais la criminalisation et la poursuite envers les femmes combattantes et les peuples en résistance n'a pas de temps puisqu'en mars de cette année, après de nouvelles accusations dans la cause s'est produit l'arrestation de 11 personnes, entre elles, la Machi Linconao, qui cette fois a été accusée d'être l'auteure du délit "d'incendie résultant à la mort et de caractère terroriste”. Et c'est ainsi que s'est mis en place le lien de solidarité dans Notre Amérique.
“L'emprisonnement pendant tout ce temps n'a pas seulement abîmé sa santé physique, mais cela rend malade aussi son esprit”, a affirmé depuis le Chili et dans ses déclarations à El Desconcierto, Alicia Alonso, directrice de ONG Leasur. “La réclusion préventive devrait être une mesure à caractère exceptionnel, puisque existent d'autres formes moins lourdes pour obtenir les fins de la procédure pénale avant que la culpabilité d'une personne ne soit prouvée”, a-t-elle ajouté.
Et elle a affirmé, “son délit c'est de lever la voix, de veiller à ses droits et de les réclamer à l'État. Mais aussi le fait qu'une femme ose revendiquer les droits de son peuple c'est un transgression non seulement des intérêts économiques et de l'ordonnance politique et sociale, mais aussi au rôle de soumission que le patriarcat continue d'imposer aux femmes et à dont la désobéissance ne doute pas d'être punie”.
La lettre à Bachelet : “je suis innocente”
En avril 2016 Francisca Linconao Huircapán, Machi du Lof Rahue, de la communauté de Padre Las Casas a écrit une lettre depuis le Centre de détention féminin de Temuco. Pour la seconde fois elle s'est adressé à la Présidente du Chili, Michelle Bachelet, avec l'objectif de faire connaître son histoire et en faisant appel à celle qu'elle considère comme “une femme de force et de solidarité”.
“Pourquoi l'Etat m'accuse-t-il à nouveau de quelque chose que je n'ai pas commis ? Je n'ai jamais imaginé vivre une seconde effraction, de nuit, transgressant mon espace sacré et cassant à nouveau mon équilibre”, a-t-elle raconté. “Nous sommes des femmes qui nous en sommes sorties désormais grâce au travail,à l'effort et aussi à la dignité de notre Peuple Mapuche”, a ajouté Linconao, “je ne mérite pas d'être condamnée comme cela publiquement sans une investigation sérieuse et un jugement juste, en réalité je ne dois pas passer pour ce soit-disant procès, puisque je suis innocente”.
Au moyen de ces mots, la référente Mapuche a raconté qu'elle a espéré avec angoisse l'arrivée du gouvernement de Bachelet et qu'elle a commencé à demander des réunions avec des membres de son cabinet responsables des problèmes et de la zone, et spécialement avec ceux qui se trouvent à la tête de la Corporation Nationale de Développement Indigène (CONADI). : “Est-ce qu'une terroriste dialogue au plus haut niveau en cherchant la dignité ?”, a-t-elle affirmé, “ce que je cherche d'urgence c'est de vivre dans la dignité sur mon territoire, de rétablir mon équilibre, de continuer d'occuper mon rôle de Machi”.
“Pourquoi veut-on abîmer l'image d'une Machi ? (…), c'est un travail au service des autres dans le but de rendre la santé physique, spirituelle et dans le but de guider dans le processus d'être une personne dans le monde mapuche”. Et elle a ajouté, en dénonçant : “Aucune institution de l'État ne s'est préoccupée de satisfaire ma requête, de réparer les dommages puisque la majorité ne les connaît pas, ne les comprend pas et ne veut pas s'ouvrir à d'autres façons de comprendre la vie".
En 2013, son acquittement a motivé Linconao pour entreprendre une demande contre l'État chilien en obtenant une indemnisation de 30 millions de pesos au titre de dommage moral et perte de revenus, une action qui recommencera aussi devant cette arrestation et cet emprisonnement. De plus elle a obtenu un recours de protection pour éviter l'abattage illégal d'arbres dans lequel l'État chilien doit respecter l'importance spéciale de ceux-ci pour les cultures et les valeurs spirituelles des peuples autochtones revêtant leur relation avec les terres ou les territoires. “Nous sommes différents, ils doivent nous connaître et nous respecter”, a-t-elle dit.
Un texte publié originellement sur Marcha.org.ar
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