Laissez-moi rêver

Publié le 2 Novembre 2016

Laissez-moi rêver
Garder un pied dans la flaque d’eau de l’enfance
Un bras en écharpe autour du cou d’un ours
Ma tête dans le creux d’un tronc d’arbre accueillant
Ma pensée errante tel le mustang des nécessités.

Laissez-moi rejoindre ma muse
Elle s’est enfuie sous le coup de l’émotion
Chaque jour
Trop de choses sont en adéquation avec sa pensée
Sa macule est triste
Ses couleurs fanées
Son air penche telle une tour trop sévèrement touchée.

Laissez-moi rejoindre celle qui saupoudre ma vie
De grains de sel aux arômes de liberté
De grains de sucre aux encens magiques
De poudre de lapin qui a perdu ses carottes
De poudre de pimpin qui songe à en sortir
De songes en robes de nénuphars
De robes en écailles d’œufs d’autruches
De chats qui chantent la révolution
De lunes toujours ravies de conter des rêves au morse
De morses qui ont les dents si longues qu’ils concurrencent
Les politiques
Qui les éliment pourtant
Soigneusement
Sur des planches en marbre polies, trop polies pour être honnêtes.

Laissez-moi retrouver ma prose
Mon cerveau
Ankylosé à besoin d’air pur.

N’y aurait-il pas
Une rose aux pétales-devinettes
Chaque jour tu pioches une lettre
Et s’envole l’imagination sur la licorne des incertitudes ?

C’est qu’il en faut de cet ingrédient
Pour couvrir chaque jour
Chaque page
Chaque ligne
D’un poème petit grand court long bien moche ou sans intérêt
Pour écrire
Parce qu’écrire c’est vivre et vivre c’est vivre
Pour rêver
Parce que rêver c’est rêver et rêver c’est le rêve
Pour habiller le monde
Avec de beaux atours
Des atours confectionnés avec les moyens du bord
Faits de bric et de broc comme la poésie
Des atours artisanaux comme la poésie
Juste collés sur la peau des plus humbles
De ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter l’encyclopédie
D’étudier les analyses des analyses des analyses
Qui voient dans des écrits telle chose et telle autre
Alors que la muse,
Elle,
Sait très bien que ce qui sort de nos plumes
C’est elle qui s’y colle
L’auteur lui, n’est qu’une main agile
Certes aventureuse prêteuse prête-à-tout
Elle sait très bien la muse
Que l’auteur qui signe est un gentil singe
Qui a piqué sa prose à une muse incognito.

Mais ça les élèves
N’en savent rien
Et tant pis pour leurs neurones emberlificotés de X raisons
Là où il faut lire tout simplement
On leur vend des mots savants
On leur trouve des psychologies sublimes
Et des contre-indications
Alors que la muse,
Elle,
Dit :
lisez, prenez votre grain de café votre eau de fleur d’oranger
Sur un oreiller-nuage-bleu outremer
Posez votre cabeza (oups, tête) bien calée
Et laissez-vous vivre.

Laissez- vous tenter par la poésie
Elle ne fait pas de bruit
Et pourtant
Elle ouvre les portes des prisons
Elle ne fait pas de politique
Et pourtant
Elle diffuse son opinion en douceur
Elle ne fait pas de philosophie
Pourtant
Elle n’est pas si démunie d’intentions
Elle ne fait pas dans la psychologie
Car sa pensée est pure et spontanée
C’est en puisant dans le monde qui l’entoure
Qu’elle trouve les puissants ingrédients de sa recette unique.

Carole Radureau (02/11/2016)

Le temps du rêve chez les Aborigènes d'Australie- Par September 1985 — Image téléchargée à l'origine par Shiftchange (discuter) sur 00:53, 9 June 2006., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2444405

Le temps du rêve chez les Aborigènes d'Australie- Par September 1985 — Image téléchargée à l'origine par Shiftchange (discuter) sur 00:53, 9 June 2006., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2444405

Rédigé par caroleone

Publié dans #Mes anar-poèmes

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A
Ni triste ni fanée, ta muse, je la trouve au contraire en grande forme!!! <br /> <br /> Mais il y a des moments, c'est vrai, où elle a besoin de se reposer, de se ressourcer pour repartir encore plus flamboyante qu'avant. <br /> <br /> Très beau poème, Caro!
C
Ce n'est par rapport à la poésie car peu de personnes comme tu le fais suivent ce que j'écris, je ne diffuse pas non plus en dehors du blog mais c'est au sujet d'un projet de livre que nous avons avec Isy depuis la mort de mon petit Foufou et la scène finale dans laquelle la cigogne livre des chatons aux hommes est jugée ringarde ou surannée. C'est un livre pour enfants, je précise.Alors je suis triste pour les gens qui ne savent pas garder leur âme d'enfant et je comprends mieux alors pourquoi le monde en est là où il est. Isy a déjà dû refaire le projet pour arriver à le faire accepter par l'éditeur, mais au bout du compte si un jour il est accepté, il n'aura plus rien à voir avec l'histoire de départ. Mais en fait pour moi, cela n'a pas d'importance, je l'ai fait pour qu'Isy ait un point de chute car il faut quand même des auteurs pour que les illustrateurs illustrent !!
A
N'écoute pas les médisants, n'y aurait-il pas une part de jalousie en eux? Tu as raison de continuer, je crois que tous les artistes ont eu un jour à essuyer la bêtise des autres mais ce n'est pas cela qui les a dissuadés, bien au contraire.
C
J'ai peu de place pour le rêve et la poésie en ce moment dans ma cabeza, trop sollicitée. Je suis complètement embringuée dans mes peuples indigènes et j'essaie de trier les données et de me construire des plans de route. Ensuite il faut la tenir, la route. Aussi, la muse est mise de côté et elle boude.....non en vrai je suis contrariée (mais pas plus que ça) par ce que les gens disent ou font autour de moi. Le rêve , la poésie, les choses "enfantines" semblent passées d'âge pour certaines personnes qui sont je pense bien aigries.Elles sont coincées et timorées et je suis contente de ne pas en faire partie (enfin, je le pense). J'ai eu une chance incroyable quand la muse m'est tombée sur la tête car du coup, j'ai décidé de m'assumer et d'assumer ce qui sortait de sa plume, aussi, ça a fait du bien à ma timidité et à mes complexes. Maintenant j'écris des trucs peut-être complètement idiots ou lourds, mais alors, je m'en fiche complètement car quand ça sort, ça sort, c'est comme la lave du volcan. Elle est décomplexée et ne sait pas si elle a tort ou raison.