Ishi, le dernier survivant des Yahi
Publié le 9 Octobre 2016
Par Inconnu — T.T. Waterman: The last wild tribe of California. In: The Popular science monthly, Volume 86, p239. New York, Popular Science Pub. Co., March 1915. Online: archive.org., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=11381425
Ishi est un indien Yahi, un sous-groupe du peuple Yana qui vit dans le centre de la Sierra Nevada, en bordure des rivières Yuba et Feather, près de la vallée de Sacramento.
Victimes des massacres et des exterminations des colons au moment de la ruée vers l’or qui se déroule sur leur territoire, Ishi et quelques membres de sa tribu vont survivre une quarantaine d’années en se cachant dans la Sierra, en toute clandestinité.
En 1908, des arpenteurs d’une compagnie d’électricité trouvent par hasard les traces de 4 survivants, Ishi (qui ne porte pas ce nom à l’époque), un vieil homme, un oncle supposé du survivant gravement blessé au pied par un piège à daim, la mère du survivant, mourante et une jeune femme dont on ne sait pas si elle est la sœur du survivant ou sa femme.
Le survivant se rend le 29 août 1911, les cheveux brûlés par le deuil, âgé d’environ 49 ans, dans un état misérable auprès de la civilisation. On ne sait s’il n’a pas survécu une solitude totale depuis 1908, ses trois compagnons sont morts sans doute de maladie ou d’accident, la jeune fille et l’oncle se sont apparemment noyés.
Il est de suite mis en prison par le shérif afin de le protéger des habitants curieux qui déjà l’appellent le dernier indien sauvage.
Il sera toujours considéré comme une « relique » ou un homme-archive par les gens dits civilisés et une perpétuelle source de curiosité.
Ishi ici avec Kroeber Par Not given — http://www.provincia.venezia.it/levi/ma/index/number1/nettl1/ne1_ishi.jpg (full image), Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=481510
Il vivra sous les bons « auspices » de l’anthropologue Alfred Kroeber que l'on voit sur cette photo, qui était directeur du musée d’anthropologie et qui va l’étudier sous toutes les coutures. C’est lui qui le sort de prison et le fait venir à l’université de Californie à San Francisco pour l’étudier.
Ishi serait né entre 1860 et 1862.
C’est lors du massacre de Three Knolls en 1865 qu’Ishi et sa mère parviennent à s’échapper avec d’autres Yahi et à vivre des années de clandestinité à l’abri des hommes blancs, effaçant toutes leurs traces.
Par Saxton T. Pope — http://content.cdlib.org/ark:/13030/tf400006q1?layout=metadata (alternate copy), Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2150528
Ishi n’est pas son véritable nom
C’est un nom donné par les européens qui l’ont découvert.
Personne n’a jamais su son vrai nom car il est dans la coutume de son peuple de ne jamais révéler son nom à un ennemi.
Ishi veut dire homme dans sa langue.
Il a accepté ce nom et à travaillé comme assistant de recherche au musée d’anthropologie.
Il a enseigné à Saxton Pape, un médecin américain et professeur, amateur de chasse à l’arc, son savoir-faire ancestral pour la construction d’arcs et de flèches.
Saxton Pape était considéré comme le « père » de la chasse à l’arc moderne.
Il fait également un travail sur sa langue jusqu’à sa mort avec le linguiste Edward Sapir.
En 1914, Ishi retourne sur son territoire ancestral avec les anthropologues qui vont prendre des photos de lui chassant, nageant, faisant du feu avec des pierres etc….
Il meurt le 25 mars 1916 de tuberculose soit 5 ans après le contact avec les blancs qui lui sera fatal puisque la tuberculose était apportée par la civilisation et lui n’y était pas préparé.
Controverse
Une controverse existe (évidemment) à propos de sa véritable appartenance. Selon Jarald Johnston son type morphologique serait celui du type Maidu.
Selon Steven Shackley de l’université de Berkeley, la conception des pointes de flèches d’Ishi n’était pas Yahi mais plutôt Wintu ou Nomlaki, ces deux groupes ainsi que celui des Maidu étaient présents près du territoire des Yahi mais ennemis traditionnels.
Selon Shackley, Ishi était métissé et ne serait donc pas le dernier des Yahi.
Par Inconnu — T.T. Waterman: The last wild tribe of California. In: The Popular science monthly, Volume 86, p238. New York, Popular Science Pub. Co., March 1915. Online: archive.org., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=11381422
Même mort, il est sujet d’étude
Quand Ishi est mort, Kroeber étant absent, sa demande de laisser le corps intact est arrivée trop tard.
A son retour, Kroeber a envoyé le cerveau d’Ishi à la Smithsonian institution ce qui provoquera la colère des tribus de la région d’origine d’Ishi.
Ils réussirent à obtenir le rapatriement du cerveau et des cendres d’Ishi au nom du Native american graves protection and repatriation act (NGGPRA).
Une cérémonie multi tribale aura lieu en 2000 pour rendre les restes d’Ishi à sa terre d’origine.
Cette loi fédérale sur la protection et le rapatriement des tombes des natifs américains a été votée en 1990.
Elle exige que les biens culturels amérindiens soient rendus aux peuples natifs quand ils ont été déterrés, autorise les chercheurs et archéologues à analyser les découvertes mais sur un temps restreint (ce qui les contrarie).
Les biens culturels concernent les restes humains, les objets funéraires et sacrés, tout objet ou artefact du patrimoine amérindien. Cette loi a pour vocation de mettre un terme aux pillages des sites historiques.
Mais elle restreint la recherche scientifique sur les origines des premiers habitants des Etats-Unis.
Un autre article sur ce blog à ce sujet : L'homme de Kennewick.
Une biographie a été écrite par la femme de Kroeber, Theodora Kroeber et s’intitule Ishi, in two worlds.
Une lecture en français au sujet d'Ishi :

Ishi le dernier indien sauvage de l'Amérique du nord témoigne de Théodora Kroeber
Un de mes poèmes pour Ishi :
Poème pour Ishi le dernier des Yahi
Sources : wikipedia, Être le dernier : Ishi, l’homme-archive de Carine Trevisan.