Mexique : Le peuple Mazateco ou Mazatèque
Publié le 27 Septembre 2016
De Evan Paunde - Trabajo propio, Dominio público, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=9527230
Peuple autochtone du Mexique qui vit dans la sierra Mazateca dans l'état d'Oaxaca ainsi que dans les états de Puebla et de Veracruz. A Puebla la population est très marginalisée en tant que migrants, ils vivent dans les municipalités de Tlacotepec de Porfirio Diaz et Coyomeapa Mazatec qui veut dire : gens du cerf (du mot nahuatl melatl.
Autodésignation : Xi̱taꞌén , Xitainíma ou ha shuta enima = ceux qui travaillent la montagne, humbles, peuple de coutume.
Langue : mazatèque de la famille des langues popolocanes, groupe de familles otomangues.
Quelques mots :
Ka’a : maison
Tsa’i : eau
Nií : feu
Chjaa : mère
Ndi : père
Ku’u : manger
Njaa : soleil
Tsi’i : fleur
Sa’á : chien
Ndée : enfant
Kia : marcher
Cho : rivière
Population : 176.933 personnes
Municipalités de la Mazateca de Oaxaca Teotitlán de Flores Magón, Mazatlán Villa de Flores, Santa Cruz Acatepa, Santa Ana Aleixtlahuaca, San Bartolomé Coatzaspam, Santa Maria Magdalena Chicholtla, San Lorenzo Cuahnecuiltitla, San Mateo, Eloxchitlán de Flores magón, San Francisco Huehuetlán, San Cristobal Mazatlán, San Pedro Ocopetatillo, San Jerónimo Tecoatl, San José Tenango, Santiago Texcatzingo, San Lucas Zoquiapam, Huautla de Jiménez, San Pedro Ixcatlán, San Felipe Jalapa de Diaz, San Miguel Soyaltepec.
Ils ont acquis une certaine renommée internationale, notamment en raison de leurs cultes religieux traditionnels à base de champignons hallucinogènes comme le teonanácatl popularisé dans les années 60 par la mazatèque María Sabina.
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Localisation
Le peuple Mazatèque vit dans la partie nord-ouest de l’état d’Oaxaca et dans certaines municipalités des états de Veracruz et Puebla.
Leur territoire fait partie du bassin de Papaloapan dans la Sierra Madre Orientale ou Sierra Mazateca. C’est un terrain accidenté composé de différents microclimats de 40 à 3200 mètres d’altitude.
Il y a 3 zones écologiques identifiées dans cette région :
►La terre froide (Haute Mazateca) : 1800 à 3200 mètres d’altitude, au climat froid, humide où la montagne prédomine ainsi que des forêts de pins et de chênes.
►La terre tempérée (Haute Mazateca) : zone de transition entre les zones haute et basse, l’altitude est de 800 à 1800 mètres, le climat est tempéré-humide, la végétation se compose d’une forêt de montagne humide avec des espèces de pins, de liquidambars, de chênes et la présence de grandes rivières.
►La terre chaude (Basse Mazateca) : 40 à 800 mètres d’altitude, le climat est chaud-humide, la végétation typique est la forêt tropicale humide.
Sierra madre de Oaxaca
De Prsjl - Trabajo propio, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7455055
Langue et dialectes
Leur langue est une langue tonale à 4 tons, dont il existe 19 variantes ou dialectes dans la région (dont 14 dans la partie haute de la montagne).
Il existe une version sifflée de leur langue qui est très vivante à Huautla de Jimenez en raison de la préservation des coutumes traditionnelles très forte dans cette région.
Dans la langue sifflée ce sont les tons qui se sifflent à la différence de l'espagnol des Canaries du Silbo qui siffle la hauteur des voyelles.
La musique traditionnelle mazatèque est jouée le jour des morts par des musiciens, les huehuetones qui portent des masques représentant les morts et qui jouent du violon, de la guitare et du tambour à 2 tons.
Les dialectes
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- Chilchotla, Tenango, Huautla, Huatepec.
- San Francisco Huehuetlán, San Jerónimo, San Mateo, San Lucas, Santa Cruz Acatepec, San Pedro Ocopetatillo, Eloxochitlán.
- San Lorenzo, Santa Ana Ateixtlahuaca.
- San Martín Toxpalan, Mazatlán, San Juan de Los Cues, Tecomavaca.
- Santa Maria la Asunción.
- San Pedro Teutila, San Juan Coatzospam, San Juan Ojitlán, Chiquihuitlán.
- San José Independencia.
- San Pedro Ixcatlán.
- Santa Maria Jacatepec, Cosolapa, Nuevo Soyaltepec, Acatlán de Pérez Figueroa, Tuxtepec.
- Jalapa de Diaz, San Bartolomé Ayantla.
Histoire
9500/1400 avant JC : présence de chasseurs/cueilleurs/agriculteurs naissants cultivant des courges, des teocintes, des haricots.
Après 1400 avant JC : début du processus de sédentarisation et innovation technologique
500 avant JC à 750 après JC : des villages de paysans et des villes concentrent le pouvoir politique et les activités cérémonielles.
Après 750 après JC : établissement de seigneuries qui seront, à partir de 1455, dominées par les Mexicas.
Epoque coloniale : introduction de la religion catholique, adoption du système fiscal au nouveau régime, introduction de l’encomienda, maintien des routes commerciales, la population est réduite à cause des épidémies d’où une transformation de l’organisation sociale, économique et culturelle.
Les Mazatèques ont participé à différents mouvements armés comme la lutte pour l’indépendance ou en faveur des intérêts créoles libéraux ; pendant l’intervention française, ils combattirent avec l’armée juariste.
Pendant la phase révolutionnaire, leur principale motivation est la récupération des terres qui sont dans les mains des grands propriétaires terriens.
En 1947 : un autre évènement historique influence la vie du peuple Mazatèque avec le projet d’aménagement du territoire, développé par le gouvernement mexicain dans le bassin de Papaloapan dont la construction du barrage Miguel Alemán qui inonde les terres de différentes municipalités habitées par les Mazatèques et provoquant le déplacement de 22.000 personnes vers différents endroits d’Oaxaca et Veracruz désorganisant leur culture, leur cosmovision et leur économie.
De Yavidaxiu - Trabajo propio, GFDL, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3635878
Ressources
Peuple principalement agriculteur, la viande et les œufs sont considérés comme des produits de luxe.
La culture se fait avec un bâton à fouir et à la houe.
Dans les hautes terres, ils plantent du maïs, des haricots, du piment, des chayottes avec le procédé de la culture sur brûlis. Cette culture est complétée par la plantation d’arbres fruitiers et par la pêche et la chasse. Ils exploitent également des forêts de pins.
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sapotilles Par Ivar Leidus — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=162609324
Dans la zone tempérée, ils cultivent les mêmes plantes et dans certaines régions, ils y ajoutent le café et le tabac. Ils ont des vergers familiaux avec des fruits comme le mamey, le chicozapote, la mangue, la banane, l’avocat, le cacao, les fraises. Ils récoltent des quelites, du guaxmole (leucaena leucocephala ou faux acacia), le tepejilote (chamaedorea tepejilote, palmier pacaya).
La chasse concerne les lapins et tatous, la pêche est surtout celle aux crevettes.
Dans la zone basse, en plus de la culture du maïs, des haricots, ils cultivent en alternance le sésame, le riz, l’ananas, la canne à sucre, le caoutchouc.
Ils pêchent la mojarra (gerreidae sp.) et élèvent des bovins.
La migration a été durant plusieurs années, une stratégie importante pour obtenir des revenus supplémentaires.
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mojarra
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guaxmole Par Ivar Leidus — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=162609324
Habitat
Les maisons sont rectangulaires avec des toits de chaume, ils vivent regroupés dans des villages et des villes.
Gastronomie
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Elle dépend des produits cultivés qui entrent dans la base alimentaire du peuple comme le maïs, les haricots, la tomate créole, le piment, la hierba mora, le quelite blanc, le tepejilote, l’epazote, la coriandre, l’acuyo (hoja santa), le manioc, le potiron.
Les viandes consommées sont la chèvre, le poulet, le porc, le bœuf et des espèces sauvages en plus de la pêche.
Parmi les plats régionaux on trouve le ragout de tepejilotes à l’œuf, le tesmole de poulet ou de porc, le pilte de poulet ou de mojarra, le pilte de comecatl, le bouillon d’escargots de rivière, le bouillon de mojarra, la sauce au sésame épicée, la sauce tomate créole, le ragout de manioc.
Les boissons que l’on retrouve le plus souvent sont le popo (avec du cacao, du sucre et une plante sauvage nommée comecatl), l’eau fraîche d’amarante ou la pinola consommée pendant la semaine sainte, le menyuul, une liqueur à base de jus de fruits qui peut contenir de la menthe, le pozol avec ou sans sucre qui se consomme chaque jour, dans les champs.
Organisation sociale
L’unité domestique est composée de familles nucléaires ou élargies patrilocales dont certaines forment des lignées et qui sont unies dans des actions comme la culture du café qui demande une forme d’entraide. Les familles sont rattachées à une commune rurale.
La propriété individuelle et la propriété collective sont associées. La commune sont sous l’autorité coutumière d’un conseil des anciens plus respecté que les charges communales officielles. La corvée rassemble les hommes du village pour l’exécution des travaux publics
Autorités
Le système des autorités municipales et basé sur la structure prévue dans le régime constitutionnel incluant les autorités civiles formelles au niveau des municipalités et des agences mais il existe un système d’autorités religieuses, les mayordomías de plus en plus déconnecté du système des autorités civiles.
On peut participer dans ce système dès l’âge de 15 ans dans les charges de niveau inférieur, le travail est obligatoire et non rémunéré en échange de la création de droits et de prestige dans la communauté.
Les mayordomías ont perdu du terrain dans certaines municipalités en raison de problèmes économiques et l’augmentation de groupes religieux non catholiques et est remplacé parfois par des comités chargés de l’organisation des festivités.
Religion
Les Mazatèques sont aujourd’hui catholiques romains avec des éléments syncrétiques.
Un mayordomo est élu ou nommé dans chaque village pour prendre soin du saint patron et organiser et financer sa fête annuelle.
Les esprits présents dans les grottes, les collines, les sources sont vénérées.
Il y a une croyance en la sorcellerie, les chamans mazatèques utilisent la sauge des devins, une plante hallucinogène de la famille de la menthe. Ils ingèrent des feuilles fraîches ou une préparation à base de feuilles pour les rituels spirituels et les cérémonies de guérison ainsi que comme plante médicinale.
Cosmovision
La religion et la cosmovision s’expriment dans une combinaison d’idées : mythe judéo-chrétien de la création, dualité bien-mal, référence aux esprits possédant les lieux et aux esprits ancestraux qui régulent les phénomènes du monde (fertilité de la terre, phénomènes naturels, santé, maladie).
La vie religieuse se déroule d’une part en suivant les festivités du calendrier religieux catholique (mariages, baptêmes, fêtes des saints) et les offrandes faites dans les ravins, grottes, collines, sources et arbres sacrés) adressées aux propriétaires des terres pour leur demander des actions bénéfiques à la terre cultivée et aux personnes ainsi que les remercier pour ce qu’ils ont reçu.
Une partie importante de leur cosmovision est racontée dans les mythes par des hommes de savoir, anciens ou guérisseurs. Dans ces mythes sont reproduits leurs idées en relation avec le monde.
Les fêtes
Le peuple Mazatèque possède un système complexe de festivités liées aux saints catholiques, à la semaine sainte, au carnaval, à la célébration de la toussaint ainsi qu’au calendrier agricole (phases de défrichement, nettoyage, préparation de la terre pour les semailles, nettoyage de la milpa, demandes pour la pluie, semis, autres produits agricoles, cérémonie pour la récolte. Ceci, bien entendu, varie selon les régions.
Basse Mazateca : le 1er janvier, cérémonie de winchaa avec des prévisions de la météo à venir.
►le 2 mars et le 1er mai, cérémonie de xixhua dans le champ de maïs.
►le 8 septembre à Jalapa de Diaz, fête de la nativité et xixhua pour le café.
Dans les hautes terres
►le 10 février semence de la vierge
►le 10 juin, cérémonie pour demander la pluie si besoin et premières récoltes des champignons sacrés.
►9 août cérémonie de remerciement à la terre mère pour la récolte de maïs.
Autres fêtes : le jour des morts et la naissance de Jésus.
Les huehuetones
Les huehuetones sont les esprits des morts qui reviennent chaque année à la fin de la récolte du maïs qui est une plante sacrée pour les peuples mexicains.
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Tenue vestimentaire
Elle est encore très traditionnelle et colorée.
Les femmes portent le huipil mazatèque avec des broderies au point de croix en rose et bleu, une ceinture, un châle et des tresses.
L’habit traditionnel des femmes exprime l’appartenance à chacune des régions de leur zone géographique. Le huipil de Huantla de Jiménez est réalisé avec des broderies d’oiseaux et de fleurs représentant les symboles de la région
Les hommes portent une tenue plus sobre composée d'un pantalon en drap blanc, d'une chemise blanche à manches longues, d'une écharpe rouge et d'un chapeau en palme.
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Activité artistique
L’activité réduite de ce peuple est relativement réduite ; il existe quelques fabriques de céramique et des produits en palme (paniers, nattes), des pots et des casseroles. L’artisanat textile se distingue par des dessins noir, bleu clair ou rouge et des figures d’oiseaux et de fleurs ainsi que des arbres. Les femmes confectionnent des chemisiers, des nappes, des huipiles brodés de différentes couleurs. La plupart sont vendus dans les villes (Oaxaca, Mexico et à l’étranger) par des intermédiaires.
MAZATECOS
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Musique et danse
La musique mazateca est très variée, jouée au violon, à la jarana (une sorte de guitare), et à la harpe, des instruments qui ont peut-être été introduits dans la région au XVIIe siècles et dont l’élaboration a été adaptée à la zone.
Le genre musical de la région de Sotavento est le son jaroco auquel chaque peuple indigène incorpore une conception différente. Les Mazatèques y incluent des moments du cycle de la vie, de la mort et du sacré.
La danse chamaa (hommes noirs) connus aussi sous le nom de huehuetones (vieux hommes) est exécutée au rythme du violon, de la guitare, du güiro et des tambours lors de la célébration de Todos Santos.
Il existe aussi des chants et des berceuses représentant une transmission du savoir en langue mazatèque et des chants chamaniques destinés à la guérison qui consistent en des prières d’un riche lyrisme.
Médecine traditionnelle
Le peuple Mazatèque possède de nombreux spécialistes de la médecine traditionnelle dont les divinadores, les chupadores (ceux qui aspirent ou sucent le mal), les limpiadores, les hueseros, les hierberos, les rezadores, les sobadores (guérisseur), les parteras (sage-femmes).
Les affections soignées sont la peur, le mauvais œil, le mal de l’air, la diarrhée, les vomissements, les douleurs osseuses, la fièvre, l’anémie, les coliques, les rhumatismes, l’élévation de l’âme.
Les méthodes employées sont variées : allumage de bougies ou de copal, administration de champignons et d’herbes et utilisation du maïs pour la divination, chants, prières.
Sources : INPI.org, wikipédia en espagnol, pueblosindigeans.es, britannica.com
Articles complémentaires
Contes animés en langue indigène (et traduits) – Les Mazatecos- Sur l’origine de l’arc-en-ciel
Les 13 graines zapatistes. Pêche
Mexique : Environnement ennemi. Les Mazatecos et leurs surnaturels – coco Magnanville
2019 : Appel à des actions de solidarité pour la liberté de Miguel Peralta
2022 : Huit ans – Huit prisonniers politiques dans la communauté Mazateca d’Oaxaca
2023 : Les Mazatèques créent un Comité des femmes d’autodéfense pour la liberté à Eloxochitlán