Mercedes Sosa, la voix des sans voix

Publié le 15 Septembre 2016

Mercedes Sosa, la voix des sans voix

Mercedes Sosa peinte par l'artiste Oswaldo Gguyasamin

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L'Argentine nous a offert de belles et puissantes voix, de bonnes et humaines personnes.

Mercedes Sosa c'est la mère des peuples opprimés, c'est une grande dame. Son chant puissant et profond d'apparence sereine est forgé de passion et s'inspire parfois de la plume des poètes comme Pablo Neruda ainsi que des poèmes de Félix Luna mis en musique par le compositeur Ariel Ramirez.

Elle est née Aydée Mercedes Sosa le 9 juillet 1935 à San Miguel de Tucuman en Argentine, une ville proche de la vallée des Calchaquies.

Comme un clin d'œil du destin, le 9 juillet (1816) est la date du jour de l'indépendance en Argentine et San Miguel de Tucuman est la ville où fut déclarée cette indépendance.

Elle est issue d''une famille modeste qui descend de l'ethnie des Diaguitas, un peuple autochtone d'Argentine et du Chili vivant dans les contreforts des Andes.

Mercedes Sosa, la voix des sans voix

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Elle est très tôt marquée pat l'injustice subie par les peuples originaires d'Argentine ce qui sera à la base de son orientation progressiste qui va très vite déboucher sur le mouvement du nuevo cancionero porteur de ses valeurs.

Son surnom de La negra (la noire) qui est surtout un surnom affectueux vient en référence à ses origines indiennes.

En 2008 elle est nommée ambassadrice de bonne volonté par l'Unesco.

Mercedes Sosa, la voix des sans voix

Foto pintura de Ricardo Celma.

Avec les communistes

En 1960 elle rejoint le parti communiste d'Argentine.

En 1965 elle revendique publiquement ses revendications politiques lors du festival folklorique de Cosquín.

Elle deviendra ainsi que d’autres chanteurs folks du pays dont Atahualpa Yupanqui et Jorge Cafrune une des grandes icônes de la lutte contre injustices sociales et la discrimination des peuples indigènes.

Ses combats s'orientent donc tout naturellement pour les droits de l'homme, pour la justice mais aussi plus tard en défense de l'environnement.

Mercedes Sosa, la voix des sans voix

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Œuvre musicale

On la surnomme La voix de l'Amérique latine ce qu'elle est encore assurément. Sa carrière durera quatre décennies.

Voix du petit peuple métis, des paysans et des travailleurs de l'ombre puis ensuite des intellectuels et des militants malmenés par la dictature militaire.

Elle a chanté avec de très nombreux chanteurs qu'elle prenait souvent sous son aile ou qu'elle mettait à l'honneur comme Violeta Parra, Victor Jara, Silvio Rodriguez, Victor Heredia.

Un tambour rond, le bimbo quittait rarement ses bras.

Ses chansons étaient aussi bien des canciones, des lamentos, des milongas, des zambas.

Elle reprenait des chansons populaires devenues classiques comme Duerme negrito, gracias a la vida, Alfonsina y el mar.

Elle s'est produite à la chapelle sixtine au Vatican en 1994, au Carnegie Hall en 2002, au Colisée de Rome en 2002.

En 1950 à l'âge de 15 ans elle gagne un concours à la radio de San Miguel de Tucuman sous le nom de Gladys Osorio et elle obtient un contrat pour se représenter pendant deux mois.

Son premier album s'intitule La voz de la Zafra (la voix de la récolte) en 1959 mais il ne sort qu'en 1962. Il est composé de chansons populaires d'Argentine. Cet album est considéré comme précurseur du mouvement du nuevo cancionero (mouvement de la nouvelle chanson) qui se répandra dans toute l'Amérique latine.

Le mouvement de la nouvelle chanson met l'accent sur le quotidien des argentins, leurs joies et leurs peines.

Les artistes fondateurs et les promoteurs sont Armando Tejada Gómez, Manuel Oscar Matus et Tito Francia.

Manuel Oscar Matus est le mari de Mercedes Sosa, ils faisaient des concerts à l'université.

Le 11 février 1963 elle publie avec le cercle des journalistes de Mendoza le Manifeste du Movimiento del Nuevo Cancionero.

Mercedes sera reconnue lors du festival national de Cosquito en 1965 grâce au chanteur Jorge Cafrune qui lui permet de se faire connaître au pays et au monde entier.

De 1970 à 1973 les albums qui sortent sont les plus représentatifs de l'idéal révolutionnaire de la chanteuse :

Yo no canto por cantar (je ne chante pas pour chanter), el grito de la tierra (le cri de la terre), hasta la victoria (jusqu'à la victoire), traigo un pueblo en mi voz (je porte un peuple dans ma voix).

Dans les années 70 elle fait également du cinéma et tourne dans deux films, El santo de la espada et Güemes de Leopoldo Torre Nilsson.

En 1977 sort un album hommage à Atahualpa Yupanqui, l’un des plus grands compositeurs et chanteurs populaires argentin.

Pour les brésiliens elle sera « la voix de la liberté ». Ils sont sous le joug de la dictature depuis 1964 et ses duos avec Milton Nascimento leur ont fait connaître ( Volver a los 17 en espagnole, Maria, Maria en brésilien).

Elle travaillera avec les chanteurs brésiliens jusque dans les années 80.

Avec la dictature militaire anticommuniste, c'est l'heure de la censure, du non respect des droits de l'homme et des crimes contre l'humanité.

Les chansons de Mercedes comme celles d'autres artistes du même registre sont interdites à cette période et certains artistes doivent partir en exil. En 1979 elle est arrêtée ainsi que son public lors d'un concert à Mar del Plata. Elle aussi devra quitter son pays quelque temps pour l'Europe (Paris et Madrid entre 1979 et 1982).

En 1983 à la fin de la dictature elle retourne chez elle à Buenos Aires où elle est reçue en triomphe et de retour avec un répertoire qu'elle a enrichi des influences du tango, du jazz et du rock.

Album inédit angel

A son retour elle chante avec de nombreux chanteurs proches tel Charly Garcia l’argentin, Konstantin Wecker, l’allemand, Maria Farantouri, la grecque

Son dernier album, Cantora : un viaje intimo (le voyage intime d'une chanteuse) est un double album composé de 34 chansons qu'elle interprète avec des artistes latino-américains : Joan Manuel Serrat, Luis Alberto Spinetta, Caetano Veloso, Shakira, Joan Baez, Chico Buarque.

Mercedes Sosa, la voix des sans voix

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Le guitariste argentin Nicolás « Colacho » Brizuela l’accompagnera presque toute sa carrière.

En 1992 elle est faite citoyenne d’honneur de Buenos Aires .

Elle meurt le 4 octobre 2009 à Buenos Aires des suites d'une maladie nommé chagas mazza qui est une maladie répandue parmi les peuples ruraux d'Argentine (maladie de chagas, une maladie parasitaire tropicale chronique causée par le protozoaire flagellé). Elle était âgée de 74 ans.

Discographie

· La voz de la zafra (1962)

· Canciones con fundamento (1965)

· Yo no canto por cantar (1966)

· Hermano (1966)

· Para cantarle a mi gente (1967)

· Con sabor a Mercedes Sosa (1968)

· Mujeres argentinas (1969) (avec Ariel Ramírez et Félix Luna)

· Navidad con Mercedes Sosa (1970) (avec Ariel Ramirez et Félix Luna)

· El grito de la tierra (1970)

· Homenaje a Violeta Parra (1971)

· Hasta la victoria (1972)

· Cantata sudamericana (1972) (avec Ariel Ramírez et Félix Luna)

· Traigo un pueblo en mi voz (1973)

· Niño de mañana (1975)

· A que florezca mi pueblo (1975)

· En dirección del viento (1976)

· Mercedes Sosa 1976, La mamancy (1976)

· O cio da terra (1977)

· Mercedes Sosa interpreta a Atahualpa Yupanqui (1977)

· Si se calla el cantor (1977) - Recopilacion

· Serenata para la tierra de uno (1979)

· A quién doy (1981)

· Gravado ao vivo no Brasil (enregistré en concert au Brésil) (1980).

· Mercedes Sosa en Argentina (1982) - Enregistré en concert.

· Como un pájaro libre (1983)

· Recital (1983)

· ¿Será posible el sur? (1984)

· Vengo a ofrecer mi corazón (1985)

· Corazón americano (1985, avec Milton Nascimento et León Gieco - Enregistré en concert

· Mercedes Sosa ’86 (1986)

· Mercedes Sosa ’87 (1987)

· Gracias a la vida (1987) - Compilation

· Amigos míos (1988)

· La Negra (1988)

· En vivo en Europa (1990) - Enregistré en concert.

· De mí (1991)

· 30 años (1993) - Compilation.

· Sino (1993)

· Gestos de amor (1994)

· Oro (1995) - Compilation

· Escondido en mi país (1996)

· Alta fidelidad (1997, avec Charly Garcia)

· Al despertar (1998)

· Misa criolla (2000)

· Acústico (2002) - Enregistré en concert.

· Argentina quiere cantar (2003, avec Víctor Heredia et León Gieco )

· Corazón libre (2005)

· Cantora (2009)

sources : voyage argentine.com, le monde, argentina excepcion, wikipedia

Mercedes Sosa, la voix des sans voix

Mercedes en 1967

Par Kroon, Ron / Anefo — Nationaal Archief, CC BY-SA 3.0 nl, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=38719268

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